Vous souvenez-vous de cette période où trouver un test Covid relevait du parcours du combattant ? Les pharmacies dévalisées, les drives bondés, les prix qui flambaient… Et si, pendant ce temps, certains profitaient de la panique générale pour écouler des millions de tests complètement bidon ? C’est exactement ce qui vient d’éclater en Croatie, et franchement, ça laisse pantois.
Imaginez : plus d’un million de tests antigéniques fabriqués à la va-vite dans une usine turque, importés en douce, puis revendus à des entreprises et même à des institutions publiques dans une demi-douzaine de pays européens. Le tout orchestré, selon les enquêteurs, par un ancien député et son fils de vingt-six ans. Quand la réalité dépasse la fiction.
Une fraude qui sent le gros coup monté
L’affaire a officiellement éclaté il y a quelques jours, même si les premières arrestations remontent déjà à janvier. Deux hommes sont mis en examen pour contrefaçon de dispositifs médicaux et, pour le plus jeune, pour blanchiment d’argent. Le préjudice ? Près de 450 000 euros empochés, peut-être bien plus si l’on compte toute la chaîne de revente.
Le schéma est d’une simplicité presque enfantine, mais redoutablement efficace. Direction Istanbul, où une usine accepte de produire à bas coût 1,3 million de tests antigéniques. Qualité ? On repassera. Ces tests n’auraient jamais dû passer le moindre contrôle sérieux. Mais en pleine vague Omicron, quand tout le monde courait après le précieux sésame, qui vérifiait vraiment ?
De la Croatie à l’Espagne en passant par l’Autriche
Une fois les palettes arrivées en Croatie, les deux hommes auraient écoulé la marchandise à tour de bras :
- Entreprises privées pressées de tester leurs salariés
- Établissements publics débordés
- Revendeurs en Grèce, en Roumanie, en Allemagne, en Autriche et même en Espagne
Autant dire que ces petits bâtonnets douteux ont probablement voyagé dans les narines de milliers de personnes à travers le continent. L’idée donne la chair de poule.
En pleine crise sanitaire, profiter de la peur collective pour faire du business sur du matériel potentiellement dangereux, c’est d’une immoralité rare.
Je ne vous cache pas que, personnellement, cette histoire me met particulièrement mal à l’aise. On parle quand même de santé publique. Un test faussement négatif et c’est la porte ouverte à des contaminations en chaîne.
Le « Corona Kid », ce surnom qui colle à la peau
Dans les médias croates, le fils est désormais affublé du sobriquet Corona Kid. Vingt-six ans, déjà une réputation sulfureuse et une inculpation pour blanchiment en prime. On a connu plus glorieux comme carte de visite.
Son père ? Un ancien parlementaire qui a siégé plusieurs années avant la pandémie. Rien à voir avec la crise sanitaire à l’époque, mais le carnet d’adresses politique a dû sacrément aider pour ouvrir certaines portes, non ? Les enquêteurs, eux, se gardent bien de commenter ce point. Pour l’instant.
Ce qui frappe, c’est la rapidité avec laquelle le duo aurait monté l’opération. Quelques mois à peine après le début de la vague Omicron, les premiers conteneurs débarquaient déjà. Une logistique bien rodée, des contacts solides en Turquie, et surtout une demande européenne complètement hystérique. Tous les ingrédients étaient réunis.
Des tests qui ne valaient pas un clou
Alors, ces tests, qu’avaient-ils de si faux ? Difficile d’avoir tous les détails techniques tant que l’enquête n’est pas bouclée, mais plusieurs éléments reviennent :
- Absence de certification européenne CE valide
- Composants de qualité médiocre, parfois réutilisés
- Résultats aléatoires, voire systématiquement négatifs même en cas de contamination
Bref, du matériel qui donnait bonne conscience à peu de frais. Et pendant ce temps, des écoles, des entreprises, des Ehpad peut-être, faisaient confiance à ces résultats bidons.
L’aspect le plus révoltant ? Certains acheteurs étaient des structures publiques. De l’argent des contribuables utilisé pour acheter de la pacotille dangereuse. Difficile de faire pire comme détournement.
Et maintenant, que risque le duo ?
En Croatie, la contrefaçon de dispositifs médicaux n’est pas prise à la légère, surtout quand elle touche à la santé publique en pleine pandémie. Les peines peuvent grimper haut, surtout avec l’accusation de blanchiment en bonus.
Mais l’histoire ne s’arrêtera probablement pas aux frontières croates. Plusieurs pays touchés par ces tests contrefaits pourraient ouvrir leurs propres enquêtes. Et là, ça risque de devenir très compliqué pour les deux hommes.
Ce que cette affaire dit de notre gestion de crise
Au-delà du scandale pur, cette histoire met en lumière quelque chose de plus profond. Pendant deux ans, nous avons vécu sous pression permanente. Les décisions se prenaient dans l’urgence, les contrôles étaient parfois relâchés, et certains en ont profité sans le moindre scrupule.
On se souvient des masques hors de prix au début de la pandémie, des gels hydroalcooliques douteux, des respirateurs fantômes… Cette affaire de tests n’est malheureusement qu’un épisode de plus dans la longue liste des profiteurs de crise.
Et pourtant, à l’époque, on applaudissait à 20h. On se serrait les coudes. On faisait confiance. Voir aujourd’hui que certains ont gagné des centaines de milliers d’euros sur notre peur collective, ça laisse un goût amer.
Vers une prise de conscience européenne ?
Peut-être que ce scandale servira au moins à quelque chose. Renforcer les contrôles sur les importations de matériel médical, harmoniser les certifications, traquer plus sévèrement les réseaux de contrefaçon… Il y a du boulot.
Parce qu’une pandémie, c’est déjà assez compliqué comme ça. Si en plus il faut se méfier des tests censés nous protéger… on n’est pas sortis de l’auberge.
En attendant, l’enquête suit son cours. Les deux hommes, eux, doivent sentir la pression monter. Et quelque part, c’est déjà une forme de justice.
Comme quoi, même des années après, la Covid continue de nous réserver des surprises. Pas toujours les plus agréables.
(Article mis à jour le 3 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
