Imaginez un peu la scène : vous êtes un club de National 2, vous venez de sortir un gros poisson de Ligue 1 au tirage, et là… votre stade fait à peine 750 places assises. Impossible d’accueillir le mastodonte. C’est exactement ce qui est arrivé aux Lusitanos Saint-Maur cette semaine. Entre joie immense et stress monumental, l’histoire de ce 32e de finale contre Lille résume tout ce qu’on aime dans la Coupe de France.
La magie de la Coupe sauvée de justesse à Créteil
Mercredi soir, après des heures de négociations tendues, les dirigeants des Lusitanos ont enfin pu souffler. Le maire de Créteil a donné son accord : le match se jouera bien au stade Dominique-Duvauchelle le samedi 20 décembre à 15h30 (l’article initial indiquait 20h, mais la FFF a confirmé 15h30 depuis). Dix mille spectateurs pourront pousser derrière l’équipe locale. Un soulagement énorme.
Parce que, soyons honnêtes, on a frôlé la catastrophe. Le règlement est implacable : si aucun stade homologué n’est trouvé dans le département avant jeudi midi, c’est l’inversion pure et simple. Lille avait déjà tendu la main pour jouer à Pierre-Mauroy. On imagine la déception des supporters val-de-marnais de devoir faire 300 km aller-retour un samedi de décembre…
« On remercie le maire de Créteil qui nous permet de recevoir Lille dans notre département. Ce sera un bel événement pour notre club et notre public ! »
Mapril Baptista, président des Lusitanos Saint-Maur
Pourquoi le stade Chéron n’était pas possible ?
–>Le stade Adrien-Chéron, maison historique des Lusitanos, est un bijou pour le football amateur. Ambiance familiale, pelouse impeccable, club-house chaleureux… mais seulement 750 places assises et une homologation qui s’arrête bien en dessous du niveau requis pour un 32e de finale face à un club de l’élite.
La Fédération exige des critères strictes : nombre de places, éclairage, vestiaires, sécurité, accès PMR, zone presse… Tout ça, le petit stade de Saint-Maur-des-Fossés ne peut pas l’offrir. C’est dur à avaler quand on connaît l’attachement des supporters au terrain, mais c’est un peu comme demander à un groupe de copains de déménager leur barbecue annuel dans un stade olympique.
Et pourtant, personne n’a envie de revivre le scénario d’il y a quelques années où certains clubs amateurs ont dû jouer à 200 km de chez eux. Les Lusitanos ont donc activé tous les réseaux possibles.
Duvauchelle, le plan B devenu plan A
Le stade Dominique-Duvauchelle, c’est l’enceinte du US Créteil-Lusitanos (l’autre club du département, en National actuellement). 10 000 places, pelouse hybride, éclairage puissant, tribunes couvertes… tout y est. Cerise sur le gâteau : il est à peine à 15 minutes en voiture de Saint-Maur.
Le maire de Créteil, Laurent Cathala, a joué le jeu de la solidarité val-de-marnaise. En pleine période de fêtes, avec les budgets tendus et les calendriers chargés, accepter d’ouvrir le stade un samedi après-midi, c’est un vrai coup de pouce. D’ailleurs, les deux clubs entretiennent de bonnes relations malgré la rivalité historique – le football amateur sait se serrer les coudes quand il s’agit de faire briller le 94 face à la Ligue 1.
- Capacité : 10 000 places (dont 6 000 assises)
- Distance Saint-Maur ↔ Créteil : environ 12 km
- Horaires confirmés : samedi 20 décembre 15h30
- Diffusion probable : beIN Sports ou France 3 régions
Lille, un adversaire redoutable mais fair-play
De leur côté, les Dogues n’ont pas joué les divas. Quand ils ont vu que les Lusitanos galéraient, ils ont immédiatement proposé d’inverser la rencontre. Geste classe. Bruno Genesio, l’entraîneur lillois, a même déclaré en conférence de presse qu’il « respectait énormément le parcours des amateurs » et que son équipe viendrait « avec humilité ».
Sur le papier, l’écart est abyssal. Lille est 4e de Ligue 1, joue la Ligue Europa Conférence, possède des internationaux dans toutes les lignes. Les Lusitanos, eux, luttent pour la montée en National. Mais c’est précisément là qu’est belle la Coupe : tout peut arriver en 90 minutes.
Je me souviens encore du match épique entre Les Herbiers et Lens en finale 2018, ou plus récemment Quevilly-Rouen qui avait fait trembler Monaco. Les supporters des Lusitanos y croient dur comme fer. Et franchement, qui ne rêverait pas de revivre un nouvel exploit à la Chambly contre Strasbourg ?
Un événement qui va rapporter gros
Au-delà du rêve sportif, ce match est une aubaine financière pour le club de Saint-Maur. Avec 10 000 spectateurs attendus (les places partiront en quelques heures, c’est certain), les recettes de billetterie vont exploser. Ajoutez à cela la dotation FFF pour les 32es, la prime TV, les partenariats activés en urgence… on parle facilement de plusieurs centaines de milliers d’euros qui tombent dans les caisses.
Pour un club de N2, c’est l’équivalent de plusieurs saisons de budget. Ça permet de payer les salaires, d’investir dans la formation, de rénover les installations. Bref, un vrai bol d’air qui peut changer la vie d’un club amateur.
Et maintenant, place au rêve !
Dans moins de trois semaines, le stade Duvauchelle va vivre une soirée qu’il n’oubliera jamais. Les joueurs des Lusitanos vont fouler la pelouse face à Jonathan David, Angel Gomes ou Edon Zhegrova. Les supporters vont chanter à s’en casser la voix. Et qui sait, peut-être qu’au bout de la nuit, on parlera d’un nouvel exploit.
Parce que oui, dans le football, surtout en Coupe de France, les miracles existent. Et cette année, c’est au tour du Val-de-Marne d’y croire.
Alors rendez-vous le 20 décembre à Créteil. Prenez vos écharpes, vos drapeaux, votre voix… et croisons les doigts pour que la magie opère une fois de plus.
P.S. : Si les Lusitanos passent, on se retrouve ici pour parler des 16es. Et là, ça deviendra vraiment sérieux…
