Vous savez cette petite voix dans la tête qui vous dit « cette fois, c’est la bonne » ? Eh bien hier matin, à Sydney, elle a dû hurler chez tous les supporters du XV de France.
Le tirage au sort de la Coupe du monde 2027 est tombé et, franchement, on a du mal à y croire. Une poule aussi clémente, ça relève presque du miracle dans une compétition qui passe pour la première fois à 24 équipes. Les Bleus vont pouvoir dérouler tranquillement avant que les choses sérieuses ne commencent vraiment. Très très tard.
Un tirage qui sent bon l’été australien
On va être honnête deux minutes : quand on a vu le Japon, les États-Unis et les Samoa sortir du chapeau pour accompagner la France dans la poule E, on a presque eu envie de vérifier qu’il n’y avait pas d’erreur. Parce que, soyons sérieux, c’est du velours.
Le Japon ? On les a promenés l’an dernier en tournée d’automne. Les États-Unis ? Ils viennent de prendre 85 pions contre l’Écosse, sans en rendre un seul. Les Samoa ? Ils ont validé leur ticket grâce à un bonus offensif arraché face à la Belgique… Oui, la Belgique.
« C’est une poule abordable »
Fabien Galthié, en mode understatement du siècle
Dans un format où les deux premiers de chaque poule et les quatre meilleurs troisièmes passent en huitièmes, la France a 99,9 % de chances de finir première et d’éviter les pièges des repêchages. Autrement dit : récupération maximale, gestion d’effectif, confiance au beau fixe.
Le parcours théorique : une autoroute jusqu’au dernier carré
Imaginons le scénario le plus probable (et le plus doux pour nos nerfs).
- Huitièmes de finale : France – Écosse (ou Italie selon les résultats). On a battu les Écossais six fois sur les sept derniers matchs. Ça passe.
- Quarts de finale : France – Fidji (ou Argentine si gros upset). On vient de les dominer cet automne, même en jouant à l’envers. Ça passe aussi.
- Demi-finale : France – vainqueur de Afrique du Sud / Nouvelle-Zélande / Australie. Là… ça se complique sévère.
Vous avez bien lu. Pour la première fois de son histoire, le XV de France pourrait n’avoir besoin que de deux très gros matchs pour devenir champion du monde. Les deux derniers. Contre des monstres qui, certes, mais des monstres qui auront déjà disputé un quart de finale d’anthologie entre eux.
À ce stade, l’adversaire aura déjà laissé des litres de sueur et probablement quelques cadres sur le carreau. Pendant ce temps, les Bleus arriveront frais comme des gardons. C’est presque trop beau.
L’histoire peut-elle enfin basculer ?
Parce qu’il faut le rappeler : la France n’a jamais gagné cette maudite Coupe du monde. Trois finales perdues (1987, 1999, 2011), des demies, des quarts douloureux… On connaît la chanson par cœur.
Le pire, c’est qu’on a souvent eu les équipes pour. L’équipe de 1999 était monstrueuse. Celle de 2011 aussi. Celle de 2023 était peut-être la plus forte de toutes sur le papier… et on s’est fait sortir d’un petit point par les Springboks à domicile.
Cette fois, le contexte est différent. Format élargi = moins de matchs à très haute intensité avant la finale. Adversaire en demi potentiellement émoussé. Et surtout, une génération qui arrive à maturité parfaite en 2027 : Dupont, Ntamack, Alldritt, Ramos, Bielle-Biarrey… tous dans la force de l’âge.
« C’est l’occasion d’être à jamais les premiers.
Un sélectionneur qui n’y va pas par quatre chemins
Mais attention, le piège est partout
Grégory Alldritt, toujours aussi posé, a vite remis l’église au centre du village : « Ça aurait pu être pire, c’est sûr. Maintenant, il faut faire attention à tout. » Il a raison.
Le rugby a cette cruelle particularité de ne jamais récompenser uniquement le talent sur le papier. On l’a vu en 2023 : l’Irlande, numéro 1 mondiale, se fait sortir dès les quarts par les All Blacks. L’Angleterre, pas franchement sexy, arrive en demi.
Et puis il y a ce fameux « crunch » psychologique. La France a beau dominer le Tournoi des 6 Nations ces dernières années, elle bloque systématiquement quand il s’agit de franchir le cap mondial. Comme si le maillot devenait soudain trop lourd.
2027 ou jamais ?
Regardons les choses en face : dans deux ans, Dupont aura 31 ans, Ntamack 28, Alldritt 30. C’est le pic absolu pour une génération dorée. Après, les cycles bougent, les corps fatiguent, les jeunes poussent.
Et surtout, après 2027, le format redeviendra probablement plus classique à 20 équipes. Exit les huitièmes, retour des poules de la mort dès le début. Autrement dit, cette édition 2027 pourrait bien être la dernière chance « facile » pour une grande nation d’aller au bout.
Quand on additionne tout – tirage béni, génération au sommet, adversaires émoussés en demi, envie de revanche après 2023 – on se dessine quelque chose qu’on n’a jamais eu : l’alignement des planètes.
Alors oui, il reste 23 mois. Oui, il peut se passer mille choses. Blessures, méforme, coaching hasardeux… Mais pour la première fois depuis 1987, j’ai envie de le dire tout haut :
Cette fois, ça sent vraiment la bonne.
Et vous, vous y croyez ?
P.S. : Si on gagne en 2027, je promets de me tatouer le coq sur l’épaule. Promis juré.
