Vous est-il déjà arrivé de vous dire, en voyant un politique s’effondrer à la télé ou en réunion, que finalement, ils sont comme nous ? Mortels, fatigués, parfois à bout. Hier, à Lyon, c’est exactement ce qui s’est passé avec Grégory Doucet. Un simple malaise, rien de grave selon les médecins, mais assez pour rappeler que même les maires les plus combatifs ne sont pas des surhommes.
Et franchement, le timing est… comment dire… presque trop parfait pour être anodin.
Un maire qui court, beaucoup, et qui tombe… un peu
Mardi après-midi, vers 17 h 30, réunion classique à l’Hôtel de Ville. Rien de bien méchant à l’ordre du jour, du moins rien qui justifie qu’on s’évanouisse. Pourtant, Grégory Doucet, 52 ans, sent soudain ses forces le lâcher. Il perd connaissance quelques secondes, reprend vite ses esprits, mais les pompiers sont appelés. Direction l’hôpital de la Croix-Rousse, le temps de faire tous les examens possibles et imaginables.
Le lendemain, l’entourage du maire se veut ultra-rassurant : « Les vérifications médicales sont rassurantes. Par précaution, il a passé la nuit à l’hôpital. Il va bien et il est rentré chez lui. » Fin de l’histoire ? Pas vraiment.
Parce qu’en réalité, on sait tous que ce genre d’épisode ne tombe jamais « comme ça ».
La SaintéLyon dans les jambes… et dans la tête
Revenons quelques jours en arrière. Dans la nuit de samedi à dimanche, Grégory Doucet participait, comme en 2024, à la mythique SaintéLyon. 13 km de course à pied en pleine nuit, entre Saint-Étienne et Lyon, par des températures souvent proches de zéro. C’est sportif, c’est engagé, c’est tellement lui.
Beaucoup de Lyonnais aiment cette image du maire écolo qui court avec les habitants. D’autres, plus critiques, y voient une forme d’hyper-activité un peu inquiétante. Courir la nuit, gérer une ville de 500 000 habitants, enchaîner les conseils municipaux, les déplacements, les réunions jusqu’à tard… À un moment, le corps dit stop.
Est-ce que c’est ça qui s’est passé ? Probablement une partie de l’explication. Le surmenage, même quand on est en pleine forme et qu’on fait du sport régulièrement, ça rattrape tout le monde.
Un contexte politique ultra-tendu
Mais il y a autre chose. Et là, on entre dans le dur de la politique lyonnaise.
Grégory Doucet brigue un second mandat en mars 2026. Et pour l’instant, ça sent le roussi. Très sérieusement. Les derniers sondages le créditent d’à peine 24 % d’intentions de vote au premier tour. En face ? Jean-Michel Aulas, 76 ans, ancien patron historique de l’OL, qui caracole à 47 % et serait largement élu au second tour.
Autant dire que la pression est énorme.
Quand on est maire d’une grande ville et qu’on sait qu’on risque de tout perdre dans quelques mois, on dort mal. Très mal.
Je ne dis pas que le malaise est directement lié à ça – ce serait trop facile – mais avouez que le cerveau humain, lui, ne fait pas toujours la différence entre fatigue physique et stress intense. Les deux se cumulent. Et parfois, ça craque.
La réaction classe de Jean-Michel Aulas
Il faut quand même saluer la réaction immédiate de l’adversaire. À peine l’information connue, Jean-Michel Aulas poste un message sur les réseaux : des vœux de prompt rétablissement, sincères, sans aucune arrière-pensée politique apparente.
À 76 ans, lui aussi souvent moqué sur son âge par certains supporters écologistes, il aurait pu se taire ou en profiter. Il a choisi l’élégance. Et ça, dans le climat actuel, ça fait du bien.
Que nous dit cet épisode sur la santé des élus ?
J’ai couvert pas mal d’élus locaux ces dernières années. Et une chose revient tout le temps : ils sont épuisés. Vraiment. Entre les agendas surchargés, les attaques permanentes sur les réseaux, les attentes démesurées des habitants, beaucoup craquent. Burn-out, dépression, crises d’angoisse, malaises… ce n’est pas rare.
- Un maire d’une ville moyenne qui m’avouait dormir quatre heures par nuit depuis deux ans.
- Une adjointe qui a fait un malaise vagal en pleine séance du conseil, comme Grégory Doucet.
- Un autre qui a fini à l’hôpital pour un début d’ulcère, à force de se battre sur tous les fronts.
On exige d’eux qu’ils soient partout, tout le temps, en pleine forme, avec le sourire. Mais ils ont 50, 60, parfois 70 ans. Ils ont une famille, des nuits courtes, du stress à revendre. À un moment, ça pète.
Et pourtant, on continue de les juger comme s’ils étaient des machines.
Et maintenant ?
Grégory Doucet est rentré chez lui. Il va reprendre ses activités, probablement rapidement. Son entourage insiste : ce n’était qu’un « petit malaise », rien de grave. Les examens sont bons.
Mais dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, et surtout dans les états-majors des autres listes, on murmure déjà. Est-ce qu’il va lever le pied ? Est-ce qu’il est vraiment en mesure de rempiler pour six ans de plus ? Est-ce que cet épisode ne va pas renforcer l’image d’un maire « fragile » face à un Aulas présenté comme un roc (même à 76 ans) ?
Politiquement, c’est une mauvaise passe. Même si personne ne le dira publiquement – par décence –, dans les réunions internes, on va en parler. Forcément.
Un rappel d’humanité dans une campagne qui s’annonce brutale
Ce qui est sûr, c’est que cet événement tombe au pire moment pour l’équipe sortante. À cinq mois du scrutin, chaque détail compte. Chaque image. Chaque signe de faiblesse – même involontaire – peut être exploité.
Mais il y a aussi une lecture plus humaine, et je préfère celle-là.
Grégory Doucet, ancien humanitaire, maire engagé, coureur de fond, père de famille… il fait ce qu’il peut, comme nous tous. Il pousse son corps et son mental jusqu’au bout. Parfois trop loin.
Et si finalement, ce malaise était juste un rappel : ralentis un peu, respire, prends soin de toi. Message valable pour lui. Valable pour tous les élus. Et peut-être même pour nous, qui passons notre temps à courir après on ne sait trop quoi.
Prenez soin de vous. Vraiment.
Et toi, qu’en penses-tu ? Cet épisode va-t-il peser dans la campagne lyonnaise ou sera-t-il vite oublié ? Dis-moi en commentaire, je suis curieux de connaître ton avis.
