Imaginez : vous avez 18 ans, vous venez d’être drafté en 12e position par une franchise mythique, tout le monde vous voit comme le prochain grand Français en NBA… et puis paf, une épaule qui lâche et c’est la saison entière qui s’envole. C’est exactement ce qui arrive à Noa Essengue en ce début décembre 2025. Frustrant, rageant, presque injuste. Et pourtant, c’est la dure réalité du sport de haut niveau.
J’ai suivi ce gamin depuis ses premiers pas en Allemagne, et croyez-moi, rarement un talent tricolore n’aura autant fait parler de lui avant même de poser un pied outre-Atlantique. Alors oui, aujourd’hui la nouvelle fait mal, mais elle mérite qu’on s’y arrête longuement.
Un coup d’arrêt brutal pour le rookie le plus haut drafté de l’année
Mercredi soir, juste avant le match contre Brooklyn, l’entraîneur des Bulls a lâché la bombe : Noa Essengue va passer sur le billard. Opération de l’épaule, rééducation de six à sept mois minimum. Traduction : saison terminée dès le mois de décembre, alors qu’on n’a même pas encore atteint la moitié du calendrier.
Six minutes. C’est tout ce qu’aura joué le gamin en NBA cette saison. Deux petits garbage time face à des équipes déjà largement devant. Le reste du temps ? La G League avec les Windy City Bulls, où il enchaînait les double-doubles et faisait rêver les scouts. Mais visiblement, son corps n’a pas tenu le choc de l’intensité professionnelle.
« C’est une blessure qui traînait déjà un peu, on a essayé de gérer, mais on arrive au point où l’opération est la meilleure solution pour son avenir. »
– L’entraîneur des Chicago Bulls
Comment on en est arrivé là ?
L’épaule, c’est souvent traître chez les grands gabarits. À 2,05 m et avec une envergure folle, Noa met énormément de pression sur ses articulations à chaque contact, chaque rebond disputé, chaque écran pris ou donné. En G League, il jouait plus de 30 minutes par match, défendait comme un chien, attaquait le cercle sans peur. Le corps a dit stop.
Certains diront que les Bulls ont peut-être trop forcé en le laissant autant jouer en développement plutôt que de le préserver. D’autres pointeront le calendrier infernal des rookies qui enchaînent parfois quatre matchs en six jours entre NBA et G League. Toujours est-il que la décision est prise : on opère, on guérit à 100 %, et on repart plus fort.
Noa Essengue, l’ascension fulgurante d’un gamin d’Orléans
Revenons deux ans en arrière. 2023. Un grand dadais de 16 ans quitte le Centre Fédéral et l’INSEP pour signer en Allemagne, à Ulm. Choix osé, presque fou pour un Français. Mais le gamin voulait du temps de jeu, de la compétition européenne, du rythme pro tout de suite. Et il a eu raison.
En deux saisons chez les Orange, il explose : meilleur jeune de la ligue allemande, finales de championnat, Eurocup, et surtout des performances qui font baver les scouts NBA. 2,05 m, mobile, capable de défendre sur trois postes, un shoot qui s’améliore à vue d’œil et une intelligence de jeu rare à cet âge. Le cocktail parfait.
- Né le 18 décembre 2006 à Orléans
- Découvre le basket à 11 ans « pour faire comme grand frère »
- Passe par le Pôle Espoirs puis le Centre Fédéral (2020-2023)
- Première sélection en équipe de France à… 17 ans
- Arrivée à Ulm en 2023 → explosion immédiate
- Draft 2025 : 12e position, plus haut Français de l’histoire ex-aequo
Ce qui frappe chez Noa, au-delà des stats, c’est la maturité. Le mec est fan de Lego, dessine ses propres tatouages, parle avec une assurance dingue pour son âge, et bosse comme un acharné. Ceux qui l’ont côtoyé en Allemagne disent tous la même chose : « Ce gamin va très loin. »
Et maintenant ? Les scénarios possibles
Opération dans les prochains jours, rééducation intensive à Chicago, retour espéré pour la summer league 2026 et la préparation de la saison 2026-2027. En clair : Noa aura 19 ans et demi quand il foulera vraiment un parquet NBA pour de bon. C’est jeune. Très jeune.
Certains rookies ont connu pire. Zion Williamson a raté presque toute sa première saison, Joel Embiid a attendu deux ans avant de jouer, et regardez où ils sont aujourd’hui. Le corps, chez les très grands, met parfois plus de temps à suivre le talent.
« Je reviendrai plus fort. C’est juste un détour. Merci à tous ceux qui me soutiennent, on se retrouve très vite sur le terrain. »
– Message posté par Noa sur ses réseaux
Et franchement, quand on voit la détermination du bonhomme, on n’a aucune raison d’en douter.
Le basket français dans une dynamique incroyable
Ce qui est fou, c’est qu’on pleure la saison blanche de Noa… alors qu’on a déjà Wembanyama qui explose tout, Risacher qui commence à prendre ses marques à Atlanta, Coulibaly qui claque des dunks de malade à Washington, et une ribambelle de gamins qui arrivent derrière (Nolan Traoré, maybe même un certain Ilane Fibleuil dans les années à venir…).
Le basket français n’a jamais été aussi haut. On parle d’une génération dorée, mais en réalité c’est presque une décennie entière qui s’annonce folle. Noa Essengue, même avec cette tuile, reste l’un des fers de lance de cette vague bleue-blanc-rouge qui déferle sur la NBA.
Ce qu’il faut retenir (et espérer)
Oui, c’est une immense déception. Pour lui, pour les fans, pour les Bulls qui misaient gros sur leur lottery pick. Mais dans le sport de haut niveau, les plus grands sont souvent ceux qui ont su transformer les galères en carburant.
Noa a le mental, le physique (quand il sera réparé), le talent et surtout le temps. À 18 ans, rater une saison rookie quand on est drafté aussi haut, ce n’est pas une fin. C’est souvent le début d’une histoire encore plus belle.
On a hâte de le revoir. Plus costaud, plus affûté, avec cette rage supplémentaire dans les yeux. Parce que les grands joueurs ne naissent pas seulement dans la lumière des projecteurs. Ils se forgent aussi dans l’ombre des salles de rééducation.
Allez Noa. On t’attend. Et quelque chose me dit que tu vas nous faire regretter d’avoir douté, ne serait-ce qu’une seconde.
