Vous savez ce petit frisson dans le dos quand, début décembre, vous entendez les premiers collègues tousser dans l’open-space ? Cette année, ce n’est pas juste « la clim ». Non, c’est le signal que la grippe est déjà là, bien installée, et qu’elle n’a pas l’intention de faire dans la dentelle.
Je me souviens encore de l’hiver dernier. On pensait avoir tout vu avec le Covid, et puis la grippe avait décidé de nous rappeler qui était la vraie patronne des virus hivernaux. Résultat : plus de 17 000 morts estimés, des services pédiatriques saturés et des urgences qui ressemblaient à des zones de guerre. Cette saison 2025-2026 ? Elle risque de repartir sur les mêmes bases, voire pire.
Une vague qui ne fait pas semblant dès novembre
Habituellement, on se dit « bon, la grippe, c’est janvier-février ». Eh bien oubliez ça. Fin novembre 2025, trois régions métropolitaines sont déjà passées officiellement en phase épidémique : l’Île-de-France, la Normandie et la Nouvelle-Aquitaine. Le reste du territoire ? En pré-épidémie partout, sauf la Corse qui résiste encore (pour l’instant).
Ce qui frappe surtout, c’est la vitesse. Les indicateurs ont littéralement explosé en une semaine dans toutes les classes d’âge. Oui, toutes. Des bébés aux plus de 80 ans, personne n’est épargné. Et quand je dis « nette augmentation », ce n’est pas une formule toute faite : les chiffres des consultations pour syndrome grippal ont bondi de façon spectaculaire.
« On observe une dynamique particulièrement précoce et intense cette année », résument les spécialistes de la surveillance épidémiologique.
Mayotte en avance, la métropole suit à grands pas
À Mayotte, l’épidémie a démarré dès mi-novembre. Un signal que les virus circulent déjà activement dans l’hémisphère sud et qu’ils n’ont pas attendu le froid continental pour traverser l’équateur. En métropole, on a voulu croire que le redoux de cet automne allait nous offrir un sursis. Raté.
J’ai discuté avec une infirmière en Île-de-France la semaine dernière. Elle me disait déjà : « On sent que ça monte, les arrêts maladie pleuvent, les écoles signalent des absences en cascade. » Quand les soignants commencent à prononcer ce genre de phrase début décembre, c’est que le pire est à venir.
La bronchiolite joue aussi les invitées surprise
Et comme une tuile n’arrive jamais seule, la bronchiolite suit exactement le même chemin. Presque tout l’Hexagone est désormais en épidémie, la Corse étant la dernière région épargnée. En Guadeloupe et Martinique, on passe en phase pré-épidémique.
Pour les parents de bébés, c’est la double peine : la grippe qui touche aussi durement les tout-petits et la bronchiolite qui remplit les services de pédiatrie à une vitesse folle. L’année dernière déjà, on avait vu des images incroyables de couveuses installées dans les couloirs. Personne n’a envie de revivre ça.
- Hôpitaux pédiatriques sous tension dès novembre
- Absences scolaires en forte hausse
- Parents épuisés entre garde malade et travail
- Manque criant de solutions de garde d’enfants malades
Le Covid, ce passager discret… pour l’instant
Et pendant ce temps-là, le Covid n’a pas disparu. Il circule à bas bruit, mais les analyses dans les eaux usées montrent une petite remontée. Rien d’alarmant encore, mais assez pour rappeler que la trêve virale, on n’y a pas vraiment droit.
On a presque oublié qu’on peut cumuler grippe + Covid + bronchiolite (pour les bébés). C’est pourtant le scénario cauchemar que certains infectiologues commencent à évoquer si la dynamique actuelle se maintient.
Vaccination : la course contre la montre est lancée
Revenons à la grippe. L’an dernier, on a beaucoup pointé du doigt le taux de vaccination insuffisant, surtout chez les plus de 65 ans, couplé à une efficacité vaccinale décevante sur certains variants. Cette année, on semble avoir retenu la leçon… à moitié.
La campagne a démarré plus tôt et les pouvoirs publics ont débloqué des stocks supplémentaires face à la pénurie signalée par certains pharmaciens. Bonne nouvelle ? Oui, mais ça reste une course contre la montre : il faut quinze jours après l’injection pour être correctement protégé. Or, le virus, lui, n’attend pas.
« Chaque dose injectée aujourd’hui, c’est une hospitalisation évitée en janvier », martèlent les autorités sanitaires.
Petit rappel pour ceux qui hésiteraient encore :
- Gratuit pour les +65 ans
- Gratuit pour les femmes enceintes
- Gratuit pour les malades chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, etc.)
- Gratuit pour les obèses sévères
- Gratuit pour la plupart des soignants
Et même si vous n’êtes dans aucune de ces catégories, le vaccin reste fortement recommandé et accessible. Parce que oui, tomber malade pendant les fêtes, c’est vraiment la loose ultime.
Pourquoi cette année est (encore) particulière
Plusieurs facteurs expliquent cette vague précoce et violente :
- Un automne particulièrement doux qui a favorisé la circulation des virus (moins de « grand froid » qui les tue)
- Une immunité collective encore fragile après deux hivers perturbés par le Covid
- Des variants grippaux qui semblent particulièrement contagieux cette saison
- Le retour des grands rassemblements sans masque (transports, bureaux, écoles)
En clair : on a baissé la garde tous en même temps, et les virus en profitent. C’est presque un classique.
Et maintenant, on fait quoi concrètement ?
Pas de panique, mais pas de fatalisme non plus. Voici ce que je fais personnellement (et que je vous conseille vivement) :
- Je prends rendez-vous pour le vaccin dès cette semaine (même si je suis jeune et en bonne santé)
- Je ressors les masques dans le métro et les grands magasins (oui, encore)
- Je me lave les mains comme si ma vie en dépendait (parce que, ben, un peu)
- J’aère 10 minutes toutes les heures au bureau et à la maison
- Vitamine D, zinc, sommeil : je ne négocie plus avec ça en hiver
Et surtout, au moindre symptôme (fièvre + courbatures + grosse fatigue), je reste chez moi. Parce que contaminer vingt personnes au bureau ou dans le RER, franchement, c’est pas un cadeau de Noël.
Cette épidémie de grippe 2025 nous rappelle une chose essentielle : les virus n’ont pas besoin de notre permission pour circuler. Ils profitent de nos failles, de notre lassitude, de notre envie de « retrouver une vie normale ». Mais la normale, désormais, c’est peut-être d’apprendre à cohabiter avec eux sans se faire submerger.
Alors oui, on va encore passer un hiver masqué dans les transports, un hiver à checker les courbes épidémiologiques comme on regarde la météo. Mais si ça permet d’éviter le scénario catastrophe de l’an dernier, personnellement, je signe.
Prenez soin de vous. Et vaccinez-vous. Vite.
