Vous avez prévu de changer de téléphone en 2026 ? Ou peut-être d’offrir un nouvel ordinateur à Noël prochain ? Je vous arrête tout de suite : préparez le portefeuille, ça va piquer. Très fort même.
Depuis quelques mois, une rumeur circulait dans les couloirs des usines chinoises et taïwanaises. Aujourd’hui, elle est devenue une certitude : nous assistons à une pénurie massive de mémoires vives DDR5 et de stockage SSD, les deux composants les plus critiques de tous nos appareils du quotidien. Et cette fois, le coupable n’est ni une pandémie, ni un bateau coincé dans un canal. Non. Le voleur s’appelle l’intelligence artificielle.
L’IA, ce glouton qui mange toute la production mondiale
Pour comprendre, il faut d’abord réaliser une chose simple : les géants du cloud (Microsoft, Google, Amazon, Meta, etc.) et les startups IA les plus folles sont en train de construire des dizaines de milliers de méga-data centers pour entraîner et faire tourner les prochains modèles type GPT-5, Gemini 2 ou Claude 4.
Un seul de ces centres peut contenir jusqu’à 100 000 cartes graphiques Nvidia H100 ou Blackwell, chacune nécessitant des quantités astronomiques de mémoire ultra-rapide. Et devinez quoi ? Ces cartes embarquent exactement la même technologie mémoire que votre futur smartphone ou votre PC portable : la DDR5 et les SSD PCIe 5.0 les plus performants.
Résultat ? Les trois grands fabricants mondiaux – Samsung, SK Hynix et Micron – tournent à plein régime depuis deux ans… mais ils livrent en priorité les commandes colossales des géants de l’IA, qui paient cash et acceptent des prix 30 à la hausse sans broncher.
« On a des clients IA qui réservent parfois 18 mois à l’avance la totalité d’une ligne de production. Pour les smartphones, on nous répond désormais “débrouillez-vous avec ce qu’il reste”. »
Un cadre d’un grand assembleur chinois, rentré dépité de Corée du Sud
Des chiffres qui font peur
Quelques données brutes pour que vous mesuriez l’ampleur du désastre :
- La demande mondiale de mémoire HBM3E (version ultra-rapide utilisée dans les GPU IA) a été multipliée par 15 en deux ans
- Les lignes de production de DDR5 classiques sont désormais converties à 60-70 % pour fabriquer cette fameuse HBM
- Le prix spot de la DDR5 a déjà augmenté de 120 % depuis juin 2025
- Les délais de livraison pour les constructeurs de smartphones sont passés de 8 semaines à… 9 à 12 mois
En clair : il n’y a plus rien pour nous, les consommateurs lambdas.
Pourquoi c’est pire que la crise des semi-conducteurs de 2021
Beaucoup se souviennent de la pénurie de puces automobiles et consoles en 2021-2022. À l’époque, c’était surtout un problème de capacité de production. Aujourd’hui, la capacité existe… mais elle est détournée vers un marché infiniment plus rentable : l’IA.
Et contrairement à 2021 où les gouvernements ont fini par faire pression pour réallouer des lignes, là, personne n’osera freiner la course folle à l’IA. Même les États-Unis poussent dans ce sens avec le CHIPS Act. Autrement dit : la pénurie va durer.
J’ai discuté récemment avec un acheteur français qui travaille pour une grande marque européenne de PC. Il m’a confié, un peu dépité : « On a déjà reçu les nouvelles grilles de prix 2026 de nos fournisseurs. C’est simple, si on veut être livré, il faut accepter +25 % minimum sur la mémoire. Et encore, avec de la chance. »
Qui va payer l’addition ? Vous et moi, évidemment
Les constructeurs n’ont pas le choix : ils vont répercuter la hausse. Et quand je dis « répercuter », je parle d’une inflation à deux chiffres sur les produits finis.
Quelques estimations réalistes pour 2026 :
- iPhone 17 Pro : probable passage au-dessus des 1500 € en version 256 Go
- PC portable gamer milieu de gamme : 1400-1600 € au lieu de 1000-1200 € aujourd’hui
- PlayStation 6 / prochaine Xbox : lancement possible à 699-799 € au lieu des 499 € habituels
- MacBook Air M4 : très probable franchissement des 1800 €
Et ce n’est pas fini. Même les appareils d’entrée et milieu de gamme vont trinquer, car les constructeurs vont devoir compenser en réduisant les quantités de mémoire ou en revenant à de la DDR4 (impensable sur les flagships).
Y a-t-il des solutions à l’horizon ?
À court terme, franchement, non. Samsung a annoncé vouloir augmenter sa production de DDR5 de 30 % en 2026… mais dans le même temps, la demande IA devrait encore doubler. Autant dire que ça ne suffira pas.
Micron et SK Hynix construisent de nouvelles usines, mais elles ne seront opérationnelles qu’en 2027-2028. D’ici là, on risque de vivre deux années très compliquées pour renouveler son matériel.
La seule lueur d’espoir ? Certains analystes pensent que quand l’engouement actuel pour les modèles géants commencera à retomber (vers 2027-2028), une partie des capacités sera libérée. Mais c’est loin. Très loin.
Que faire concrètement dès maintenant ?
Si vous avez un projet d’achat important en 2026, voici mes conseils très personnels :
- Achetez dès maintenant si votre appareil actuel est en fin de vie (les prix n’ont jamais été aussi “bas” qu’en ce moment)
- Prenez plus de stockage et de RAM que prévu : ça vous évitera de racheter dans deux ans à prix d’or
- Évitez d’attendre le “prochain modèle” : la différence de performance ne justifiera pas la différence de prix
- Regardez du côté du reconditionné haut de gamme 2023-2025 : les prix vont rester stables plus longtemps
Personnellement, j’ai anticipé : j’ai pris un PC portable avec 64 Go de RAM et 4 To de SSD il y a trois mois. À l’époque, je passais pour un fou. Aujourd’hui, mes collègues me demandent où j’ai trouvé ça à ce prix…
La morale de l’histoire ? L’intelligence artificielle nous promet un futur extraordinaire… mais pour en profiter, il va falloir accepter de payer le prix. Littéralement.
Et vous, vous pensez attendre ou anticiper l’achat ? Dites-moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment de savoir comment vous vous organisez face à cette nouvelle donne.
