Vous vous souvenez de cette vidéo qui tournait en boucle il y a cinq ans ? Un gamin de Nanterre, déjà immense, qui se payait le luxe de défier deux tours de la défense française dans un gymnase perché en altitude. À l’époque, on parlait surtout de l’autre prodige du duel. Mais regardez qui rattrape tout le monde aujourd’hui, mine de rien.
Maxime Raynaud vient de planter 25 points en NBA. Vingt-cinq. À trois points, dans le money-time, sous les lumières criardes de Sacramento. Et franchement, quand on suit le basket français depuis un moment, on se dit que quelque chose de gros est en train de se passer.
Une soirée où tout a basculé
La nuit dernière, les Kings recevaient Houston. Rien de bien folieux sur le papier, surtout avec Domantas Sabonis sur le flanc. Tout le monde s’attendait à une soirée compliquée pour Sacramento, et puis… il y a eu ce gamin de 22 ans qui a décidé que c’était son moment.
25 points, 6 rebonds, 3 passes, 1 interception, 1 contre. Et surtout : 2/2 derrière l’arc. Oui, vous avez bien lu. Un pivot de 2,16 m qui rentre ses tirs primés comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. À ce niveau-là, on ne parle plus de simple bonne surprise. On parle de déclic.
« J’y pense très fort… Je le considère à l’avenir. »
Doug Christie, coach des Kings, après la rencontre
Quand ton coach te dit ça en conférence de presse, tu sais que les choses deviennent sérieuses.
D’où sort ce phénomène ?
Maxime, c’est d’abord une histoire de taille hors normes et d’intelligence rare. Né à Paris, formé à Nanterre, il traverse l’Atlantique à 18 ans pour rejoindre Stanford. Pas n’importe quelle fac : l’une des plus prestigieuses des États-Unis, où il décroche un diplôme en maths et informatique tout en tournant à plus de 15 points et 9 rebonds par match en NCAA.
Le mec aurait pu bosser chez Google ou devenir astrophysicien – il le disait lui-même gamin. À la place, il a choisi de se faire martyriser par des coachs NCAA et de vivre dans l’ombre des projecteurs. Résultat ? Un joueur ultra-complet, capable de protéger le cercle, de passer le ballon et, maintenant, de punir à trois points.
Je vous vois venir : « Encore un grand qui tire de loin, on a déjà vu ça ». Sauf que chez Raynaud, ça a l’air naturel. Pas forcé. Le poignet est souple, le corps bien gainé malgré la taille, et surtout, il lit le jeu avec une maturité impressionnante pour un rookie.
Le numéro 42, un choix qui parle
Il a choisi le 42. Pas par hasard. Drafté à la 42e position en 2025, il a décidé de porter ce numéro comme un rappel permanent : « Peu importe où on te prend, c’est ce que tu fais après qui compte ».
Et force est de constater qu’il applique la leçon à la perfection. En quelques semaines seulement, il est passé de fin de banc à titulaire en puissance dès que Sabonis éternue. C’est ça, la NBA : un monde sans pitié où les opportunités arrivent vite, mais où il faut être prêt. Lui, il l’était.
Un profil qui fait saliver
Alors oui, on va parler technique deux minutes, parce que c’est trop rare pour ne pas s’y arrêter.
- Une envergure folle (on parle de plus de 2,30 m)
- Un toucher de balle exceptionnel pour sa taille
- Une vision du jeu digne d’un meneur dans un corps de pivot
- Et maintenant, un tir extérieur qui devient fiable
Ça vous rappelle quelqu’un ? Moi oui. Un mélange de Rudy Gobert pour la présence dans la raquette et de… disons, un soupçon de Kristaps Porziņģis en moins fragile. Attention, je ne dis pas qu’il va devenir All-Star demain matin. Mais le potentiel est là, et il est énorme.
Et la concurrence dans tout ça ?
On a beaucoup parlé de la génération Wembanyama, Risacher, Sarr, Coulibaly… Et c’est normal, ils sont les têtes d’affiche. Mais derrière, il y a une vague qui arrive, plus discrète, plus lente à se révéler peut-être, mais sacrément intéressante.
Raynaud fait partie de ceux qu’on n’attendait pas forcément si tôt, si fort. Drafté tard, sans le buzz des mock drafts, il avance masqué. Et pourtant, ses deux dernières sorties (19 puis 25 points) sont tout simplement les meilleures performances d’un rookie français cette saison.
Ça pose une question intéressante : et si la force du basket français, ce n’était pas seulement les phénomènes précoces, mais aussi ces profils qui mûrissent plus tardivement ? Des gars solides académiquement, patients, qui arrivent en NBA à 22 ans avec déjà un bagage énorme.
Ce qu’il faut surveiller maintenant
Évidemment, tout n’est pas encore gagné. La NBA, c’est des montagnes russes. Un match à 25 points peut être suivi d’un 4 points en 12 minutes où tu prends cher défensivement. Mais plusieurs signaux sont hyper encourageants :
- Il gagne la confiance de son coach, et vite
- Il montre qu’il peut espacer le jeu (crucial dans la NBA moderne)
- Il ne se fait pas dominer physiquement malgré son relatif manque d’expérience
- Et surtout, il reste lui-même : calme, concentré, presque trop mature
Personnellement, je trouve ça rafraîchissant. Dans un monde où tout va trop vite, où les jeunes veulent tout brûler immédiatement, voir un gamin qui a préféré la fac d’élite à l’argent facile et qui arrive prêt… ça fait du bien.
Et la suite ?
Sabonis va revenir. C’est une certitude. Et là, la vraie question va se poser : Raynaud va-t-il retourner sur le banc ou va-t-il forcer son coach à lui trouver des minutes conséquentes ? Dans une NBA où les pivots qui tirent à trois points sont en or, je parie sur la deuxième option.
Imaginez un cinq avec Sabonis et Raynaud ensemble. Deux grands qui passent, qui protègent le cercle et qui peuvent écarter jusqu’à la ligne à trois points. Ça devient très compliqué à défendre. Et pour une franchise comme Sacramento, qui cherche désespérément à construire quelque chose de durable autour de De’Aaron Fox, c’est une arme inattendue.
On n’est peut-être qu’au début d’une très belle histoire. Celle d’un gamin de Nanterre qui rêvait d’étoiles – au sens propre comme au figuré – et qui est en train de se faire une place parmi elles.
En attendant, une chose est sûre : Maxime Raynaud n’a plus rien d’un inconnu. Et quelque chose me dit qu’on va beaucoup parler de lui dans les mois qui viennent. Très très beaucoup.
Alors oui, les Kings ont perdu hier soir. Mais quelque part, le basket français a peut-être gagné bien plus qu’un match.
