Imaginez partir faire un simple reportage sportif et vous retrouver, quelques mois plus tard, condamné à sept ans de prison dans un pays où vous pensiez juste poser vos valises pour quelques jours. C’est exactement ce qui arrive à un journaliste français de 36 ans, pris dans une spirale judiciaire qui laisse tout le monde pantois. Un an déjà que sa famille vit l’enfer, et l’espoir repose désormais sur une seule issue : une grâce venue du plus haut sommet de l’État algérien.
Quand j’ai appris la confirmation de la peine en appel, j’ai eu ce pincement au cœur qu’on ressent quand la justice semble dérailler. Comment en est-on arrivé là ?
Une peine confirmée qui tombe comme un couperet
Mercredi soir, la cour d’appel de Tizi-Ouzou a tranché : sept ans de prison ferme. Le motif ? Apologie du terrorisme. Une accusation lourde, presque irréelle quand on connaît le contexte du voyage. Le journaliste s’était rendu en Kabylie au printemps 2024 pour réaliser un sujet sur l’un des clubs de football les plus mythiques du Maghreb, la Jeunesse Sportive de Kabylie. Rien de politique à première vue, juste du sport et de la passion populaire.
Mais voilà, il était entré avec un visa de touriste et non un visa de presse. Erreur administrative ? Peut-être. Mais en Algérie, ce genre de détail peut coûter très cher quand les autorités décident de faire un exemple.
« On ne s’y attendait pas du tout. On pensait que le vent tournait positivement entre Paris et Alger. Là, on a l’impression d’avoir été menés en bateau. »
– Le frère du journaliste, effondré au téléphone
Cette phrase résonne encore. Parce qu’elle dit tout du sentiment d’abandon qui règne dans l’entourage du détenu.
Un an de détention qui use les nerfs
Depuis juin 2024, il dort en prison. D’abord à Alger, puis transféré en Kabylie. Les conditions ? Rien de luxueux, c’est le moins qu’on puisse dire. Les visites sont rares, les nouvelles filtrent au compte-gouttes. Sa compagne, son frère, ses parents : tous décrivent la même chose. Un quotidien devenu cauchemar.
- Appels téléphoniques limités à quelques minutes par semaine
- Parloirs sous haute surveillance
- Une santé qui commence sérieusement à décliner
- Et surtout, l’impression d’être un pion dans un jeu qui le dépasse
À cela s’ajoute la cruelle incertitude. Chaque audience apporte son lot d’espoir… et de déception. La dernière en date a été la plus rude.
Le choix difficile : cassation ou grâce ?
Il reste huit jours pour se pourvoir en cassation. Mais la famille a déjà tranché : ils préfèrent miser sur la voie royale, celle qui ne passe pas par les tribunaux. Une grâce présidentielle. Pourquoi ? Parce que c’est la solution la plus rapide, et surtout parce qu’une procédure en cassation bloquerait toute possibilité de clémence pendant des mois, voire des années.
C’est un pari risqué. Accepter la condamnation de fait pour espérer un geste politique. Mais quand on a déjà passé un an derrière les barreaux pour ce que beaucoup considèrent comme une erreur de procédure aggravée, le temps devient l’ennemi numéro un.
« Il a suffisamment payé. Je demande sa libération immédiate et une grâce dans les plus brefs délais. »
– Sa compagne, la voix brisée mais déterminée
Un contexte diplomatique en dents de scie
Il faut dire que les signaux étaient plutôt encourageants ces derniers temps. La libération récente d’un grand écrivain franco-algérien avait redonné de l’espoir. Les visites officielles, les déclarations apaisées… Tout laissait penser que le climat s’améliorait entre les deux capitales.
Et puis patatras. Dix ans requis par le procureur en appel, sept confirmés par les juges. Un message ? Une maladresse ? Ou simplement la preuve que certains dossiers restent ultrasensibles en Algérie, surtout quand ils touchent à la Kabylie et à son histoire mouvementée.
Car c’est là que ça coince vraiment. La région de Tizi-Ouzou n’est pas n’importe où. Symbole de résistance, de culture berbère, de contestations passées. Y faire du journalisme sans accréditation officielle, même sur un sujet sportif, c’est marcher sur des œufs.
Des soutiens qui se multiplient… mais jusqu’où ?
Depuis l’annonce, les réactions pleuvent. Des collègues journalistes, des associations de défense de la presse, des politiques de tous bords. Même le président français s’est exprimé publiquement, parlant de profonde inquiétude et promettant d’agir pour sa libération.
Mais dans ce genre d’affaires, les déclarations ne suffisent pas toujours. Il faut du concret. Des discussions en coulisses. Des gestes d’apaisement des deux côtés. Et surtout, une volonté politique forte à Alger.
Certains observateurs, pourtant récemment concernés par des affaires similaires, veulent y croire. Ils parlent de délai raisonnable, de quelques semaines tout au plus avant un geste de clémence. Après tout, garder un journaliste européen en prison alors que le pays cherche à redorer son image internationale, ça finit par peser.
Et maintenant ?
La famille, elle, n’a plus beaucoup de cartes en main. Continuer à alerter l’opinion publique, oui. Maintenir la pression médiatique, évidemment. Mais au fond, ils le savent : la décision finale ne se prendra pas en France.
Ils oscillent entre rage et épuisement. Entre l’envie de tout casser et celle de juste récupérer leur fils, leur frère, leur amour. Un an déjà. Un an de trop.
Alors oui, il y a cette petite lueur. Cette possibilité de grâce qui flotte dans l’air comme une bouée de sauvetage. Mais pour l’instant, elle reste hors de portée. Et chaque jour qui passe en prison rend l’attente plus insupportable.
On ne peut s’empêcher de penser à toutes ces autres affaires où la diplomatie a fini par l’emporter sur la rigidité judiciaire. À tous ces précédents où un coup de fil au bon moment a tout changé.
Est-ce que ce sera le cas cette fois ? Personne ne peut le dire avec certitude. Mais une chose est sûre : tant qu’il sera derrière les barreaux, sa famille, ses proches, et tous ceux qui croient encore à la liberté de la presse, ne baisseront pas les bras.
Parce qu’au-delà du dossier individuel, c’est aussi une question de principe. Peut-on encore faire du journalisme librement dans certains pays ? Peut-on encore se tromper sur un visa sans risquer sa vie ? Les réponses à ces questions détermineront beaucoup de choses pour l’avenir.
En attendant, une famille retient son souffle. Et espère un miracle de Noël avant l’heure.
(Article mis à jour le 4 décembre 2025 – l’affaire est en évolution constante)
