Vous est-il déjà arrivé de sentir que le sol se dérobe sous vos pieds sans vraiment comprendre pourquoi ? C’est un peu l’impression que donne l’économie française en ce moment. Et quand le président du principal mouvement patronal monte au créneau pour dire tout haut que « la France décroche rapidement », on se met à écouter très attentivement.
Ce n’est pas une petite phrase lancée en l’air. C’est un cri d’alarme, presque un ultimatum. Les chefs d’entreprise, eux, ne regardent pas les débats télévisés avec passion. Ils regardent leurs écrans, leurs tableurs, leurs mails… et ce qu’ils voient les glace.
Un Décrochage qui Ne Doit Plus Rien au Hasard
Il y a encore quelques mois, on parlait de « reprise molle ». Aujourd’hui, le mot qui revient sans cesse dans les couloirs des entreprises, c’est décrochage. Pas une petite correction, non. Un vrai décrochage, rapide, brutal, presque mécanique.
Et les signes sont là, concrets, palpables :
- Des carnets de commandes qui fondent comme neige au soleil
- Des projets d’investissement purement et simplement rayés du budget
- Des plans de recrutement transformés en plans de départs
- Des faillites qui s’enchaînent à un rythme qu’on n’avait plus vu depuis longtemps
Franchement, quand on additionne tout ça, on se demande comment certains responsables politiques arrivent encore à parler de « croissance mollassonne » comme si c’était une fatalité acceptable. Non, ce n’est plus mollasson. C’est en train de devenir carrément inquiétant.
Les Carnets de Commandes : Le Thermomètre Infaillible
Si vous voulez savoir où en est vraiment une entreprise, oubliez les discours. Regardez son carnet de commandes. C’est le pouls, le vrai.
Et là, le diagnostic est sans appel. Dans l’industrie, dans les services, même dans certains secteurs qui résistaient encore, les lignes se vident. Des commandes prévues pour 2026 qui sautent, des appels d’offres reportés sine die, des clients qui réduisent la voilure ou qui partent carrément à l’étranger.
« On voit les carnets de commandes qui se vident » – cette phrase, je l’ai entendue trois fois cette semaine, de la bouche de patrons de PME complètement différents.
Et quand le carnet se vide, la machine s’arrête. C’est aussi simple que ça. Moins de chiffre d’affaires demain, c’est moins d’emplois après-demain.
Le Budget 2026 : Un Texte qui Fait Peur aux Entrepreneurs
On nous avait promis un budget de rigueur. On risque surtout d’avoir un budget punitif pour les entreprises.
Entre la reconduction d’une surtaxe sur les bénéfices (même réduite, elle reste un signal désastreux), les hausses de prélèvements ici et là, et l’absence de vraies mesures de compétitivité, beaucoup de patrons ont déjà fait leur calcul : 2026 sera l’année où il faudra choisir entre survivre ou couler.
Le pire ? Certains parlementaires semblent découvrir la situation économique comme s’ils venaient d’une autre planète. Le débat budgétaire ressemble parfois à un jeu de poker où l’enjeu, c’est l’avenir de millions d’emplois.
« Tout ça, c’est de la tambouille » – la formule est crue, mais elle résume bien le sentiment de beaucoup de chefs d’entreprise face aux tractations actuelles.
Emplois Détruits : Le Drame Silencieux
Derrière les chiffres froids, il y a des vies. Des salariés qui apprennent que leur poste est supprimé. Des familles qui basculent dans l’incertitude.
On parle beaucoup des plans sociaux dans les grandes entreprises, mais le vrai massacre se passe en silence dans les PME et les ETI. Une usine qui ferme en région, une société de services qui réduit ses effectifs de 20 %, un sous-traitant automobile qui met la clé sous la porte… Multipliez ça par des centaines et vous avez le visage réel de la crise actuelle.
- Des CDI qui ne sont plus renouvelés
- Des intérimaires qui ne reviennent plus
- Des alternants qu’on n’accueille plus
- Des jeunes diplômés qui galèrent comme jamais
Et pendant ce temps, certains débats politiques continuent de tourner autour de sujets qui, soyons honnêtes, passent au second plan quand votre entreprise risque de ne pas passer l’hiver.
La Concurrence Internationale Ne Nous Attend Pas
Le monde, lui, avance. Et il avance vite. Pendant que nous discutons de la couleur des rideaux budgétaires, nos voisins allemands, espagnols, italiens même, mettent en place des mesures choc pour attirer les investissements.
Résultat ? Des groupes qui délocalisent leurs centres de décision. Des start-up qui préfèrent s’installer à Lisbonne ou à Dublin. Des usines qui se construisent en Pologne plutôt qu’en France.
Et quand un patron vous dit « j’ai reporté mon investissement en France parce que je ne sais pas de quoi 2026 sera fait », c’est toute la chaîne qui trinque : les sous-traitants, les territoires, les emplois futurs.
Un Appel au Réveil Collectif
Ce qui frappe dans le discours patronal actuel, c’est qu’il ne demande pas la lune. Il demande juste qu’on arrête de scier la branche sur laquelle tout le monde est assis.
Pas besoin de baisser tous les impôts d’un coup. Juste arrêter d’en rajouter. Pas besoin de révolution. Juste un peu de stabilité et de visibilité.
« Il faudrait peut-être à un moment donné lever la tête du guidon » – cette phrase devrait être affichée dans tous les hémicycles.
Un chef d’entreprise qui en a assez de jouer les Cassandre
Parce que le temps presse. Vraiment. Chaque semaine perdue en débats stériles, c’est une entreprise qui ferme, un emploi qui disparaît, un jeune qui perd espoir.
Et Maintenant ? Des Scénarios Possibles
Alors oui, il reste quelques semaines avant le vote définitif du budget. Il reste une marge de manœuvre. Mais elle se réduit comme peau de chagrin.
Scenario optimiste : les parlementaires entendent enfin l’alerte, réduisent les mesures les plus pénalisantes, et envoient un signal clair que la France reste ouverte aux entreprises.
Scenario réaliste : on bricole, on amende un peu, mais le texte reste globalement défavorable. Les entreprises serrent les dents et attendent 2027.
Scenario catastrophe : on vote un budget encore plus dur que prévu. Là, le décrochage deviendra une chute libre.
Personnellement, j’ai du mal à croire qu’on en arrivera là. Mais quand je discute avec des patrons qui préparent déjà leurs plans B (et parfois leurs valises), je me dis que rien n’est impossible.
Une chose est sûre : l’économie française est à un tournant. Soit on choisit de redresser la barre ensemble, politique et patronat main dans la main. Soit on continue comme ça, et dans cinq ans on regardera avec nostalgie l’époque où on pensait que « mollasson » était le pire qui pouvait nous arriver.
Le choix nous appartient. Collectivement. Et il est temps de le faire. Vraiment.
