Si je devais résumer en une checklist ultra-simple pour ne jamais se retrouver dans ce cas :
- Vérifie la saison et l’enneigement – Un sentier d’été devient un itinéraire alpin en hiver.
- Regarde le bulletin avalanche – C’est gratuit et ça sauve des vies (site meteomont ou équivalent local).
- Prends des chaussures rigides cramponnables – Les baskets, c’est non dès qu’il y a de la neige dure.
- Emporte au minimum : veste imperméable, gants, bonnet, couverture de survie, frontale, nourriture, téléphone chargé + batterie externe.
- Dis à quelqu’un où tu vas et à quelle heure tu penses rentrer.
- Si tu doutes, fais demi-tour. La montagne sera toujours là demain.
C’est basique, mais visiblement, ça ne l’est pas pour tout le monde.
Et les Dolomites dans tout ça ?
Les Dolomites sont sublimes, mais elles ne pardonnent pas. Ce ne sont pas les Alpes « faciles ». Les parois sont verticales, le calcaire glissant, la météo change en dix minutes. Même les via ferrata « touristiques » deviennent mortelles en conditions hivernales.
Si vous rêvez d’y aller en hiver, soit vous partez en ski de randonnée avec un guide, soit vous restez sur les sentiers damés des stations. Point.
Un happy end qui fait réfléchir
Ces cinq jeunes ont eu une chance folle. Ils sont rentrés chez eux avec une histoire incroyable à raconter (et probablement quelques bleus aux chevilles). Mais l’histoire aurait pu faire la une pour de toutes autres raisons.
Alors la prochaine fois que vous verrez une photo de sommet enneigé avec la légende « easy hike », souvenez-vous de ces baskets coincées à 3000 mètres. La montagne, c’est magnifique. Mais elle demande du respect. Toujours.
Et vous, avez-vous déjà frôlé le danger en randonnée par excès de confiance ? Racontez-moi en commentaire, ça peut servir à tout le monde.
PS : Si cet article vous a fait froid dans le dos, partagez-le. Plus on en parle, moins ça arrivera.
Vous est-il déjà arrivé de regarder une photo de montagne et de vous dire « ça a l’air facile, je peux y aller comme ça » ? Moi oui. Et puis on lit des histoires comme celle-ci et on se remet très vite en question.
Imaginez : cinq jeunes, survêtement, baskets de running toutes neuves, zéro équipement de montagne, qui décident de grimper jusqu’à 3000 mètres dans les Dolomites fin novembre. Résultat ? Ils se retrouvent coincés sur une face nord ultra-raide, la neige jusqu’aux genoux, le téléphone qui capte encore à peine… et l’hélicoptère qui finit par venir les chercher un par un. Les secouristes locaux ont parlé d’un « miracle ». Je confirme, c’en est un.
Quand l’envie de photo Instagram tourne au cauchemar
Tout commence dans la vallée de Val Gardena, l’un des plus beaux coins des Dolomites. Les paysages sont à couper le souffle, les sommets dentelés sortent tout droit d’une carte postale. Forcément, ça donne envie. Le groupe – des touristes, vraisemblablement jeunes et plein d’énergie – décide de partir en balade. Jusque-là, rien de mal.
Sauf que nous sommes le 29 novembre. À cette altitude, la neige est déjà bien installée, les températures plongent la nuit. Et surtout, les itinéraires estivaux deviennent de véritables pièges dès les premières neiges.
Vers 13 heures, ils arrivent au pied de la face nord du Sass Rigais (3025 m). L’endroit est magnifique, mais c’est aussi une paroi sérieuse, du genre qui fait réfléchir même les alpinistes chevronnés en plein été. Là, en baskets, ils tentent quand même. Quelques mètres plus haut, c’est le blocage total : rochers verglacés, neige profonde, plus de prise pour les mains ni pour les pieds. Faire demi-tour ? Trop dangereux. Avancer ? Impossible.
Ils étaient littéralement pétrifiés. On a eu très chaud pour eux.
Un secouriste du CNSAS (Corps national de secours alpin italien)
Pourquoi c’est (presque) passé inaperçu qu’ils allaient mourir
Le drame, c’est que l’histoire aurait pu très mal finir en moins de deux heures. À 3000 mètres, dès que le soleil disparaît derrière les crêtes (vers 15h30 en cette saison), la température chute brutalement. Avec des vêtements en coton et des baskets non imperméables, l’hypothermie s’installe en un rien de temps.
Et il y a le risque d’avalanche. La face nord du Sass Rigais est connue pour ses plaques à vent. Un simple cri ou un pas de travers peut suffire à tout déclencher. Heureusement, ce jour-là, les conditions étaient « acceptables » – comprendre : pas encore catastrophiques.
- Température ressentie : autour de -10 °C avec le vent
- Neige fraîche : 30 à 50 cm selon les zones
- Exposition : face nord, ombre permanente l’après-midi
- Équipement du groupe : zéro crampons, zéro piolet, zéro corde
Autant dire que les secouristes ont serré les fesses quand ils ont reçu l’appel.
L’intervention : une course contre la montre
Le CNSAS italien est rodé, hyper pro. Dès l’alerte donnée via le 112 européen, l’hélicoptère décolle. Mais voler dans les Dolomites en hiver, ce n’est pas voler au-dessus de la plage. Les turbulences, le givre, les vallées étroites… tout complique la tâche.
Arrivés sur zone, les techniciens du secours alpin descendent en treuil, sécurisent les jeunes un par un, les hissent dans l’appareil. L’opération dure moins d’une heure, mais chaque minute compte. Un secouriste me confiera plus tard que c’est le genre de mission où on ne respire vraiment qu’une fois tout le monde dans la vallée.
À l’arrivée, aucun blessé grave. Quelques engelures, une grosse peur, et probablement une amende salée (en Italie, les secours en montagne peuvent être facturés si l’imprudence est avérée).
Mais pourquoi fait-on encore ça en 2025 ?
Franchement, je me pose la question tous les hivers. On a pourtant Instagram plein de comptes qui répètent « check la météo », « prends au moins des chaussures adaptées », « informe quelqu’un de ton itinéraire ». Et pourtant…
Je crois qu’il y a plusieurs raisons qui se cumulent :
- Les applis de randonnée qui font croire que tout sentier est « facile »
- Les photos prises en été qui circulent toute l’année
- La méconnaissance totale des conditions hivernales en altitude
- L’effet de groupe : « si les autres y vont, pourquoi pas moi ? »
- Le manque cruel d’information à l’entrée des vallées touristiques
Résultat : chaque année, les secours alpins italiens, français, suisses, autrichiens sortent des dizaines de personnes dans la même situation. Parfois ça se termine bien. Parfois non.
Si je devais résumer en une checklist ultra-simple pour ne jamais se retrouver dans ce cas :
- Vérifie la saison et l’enneigement – Un sentier d’été devient un itinéraire alpin en hiver.
- Regarde le bulletin avalanche – C’est gratuit et ça sauve des vies (site meteomont ou équivalent local).
- Prends des chaussures rigides cramponnables – Les baskets, c’est non dès qu’il y a de la neige dure.
- Emporte au minimum : veste imperméable, gants, bonnet, couverture de survie, frontale, nourriture, téléphone chargé + batterie externe.
- Dis à quelqu’un où tu vas et à quelle heure tu penses rentrer.
- Si tu doutes, fais demi-tour. La montagne sera toujours là demain.
C’est basique, mais visiblement, ça ne l’est pas pour tout le monde.
Et les Dolomites dans tout ça ?
Les Dolomites sont sublimes, mais elles ne pardonnent pas. Ce ne sont pas les Alpes « faciles ». Les parois sont verticales, le calcaire glissant, la météo change en dix minutes. Même les via ferrata « touristiques » deviennent mortelles en conditions hivernales.
Si vous rêvez d’y aller en hiver, soit vous partez en ski de randonnée avec un guide, soit vous restez sur les sentiers damés des stations. Point.
Un happy end qui fait réfléchir
Ces cinq jeunes ont eu une chance folle. Ils sont rentrés chez eux avec une histoire incroyable à raconter (et probablement quelques bleus aux chevilles). Mais l’histoire aurait pu faire la une pour de toutes autres raisons.
Alors la prochaine fois que vous verrez une photo de sommet enneigé avec la légende « easy hike », souvenez-vous de ces baskets coincées à 3000 mètres. La montagne, c’est magnifique. Mais elle demande du respect. Toujours.
Et vous, avez-vous déjà frôlé le danger en randonnée par excès de confiance ? Racontez-moi en commentaire, ça peut servir à tout le monde.
PS : Si cet article vous a fait froid dans le dos, partagez-le. Plus on en parle, moins ça arrivera.
