Imaginez un peu la scène. Vous traversez l’épreuve la plus dure de votre vie : vos deux enfants viennent d’être diagnostiqués avec une maladie génétique rare et incurable. Et dans ce cauchemar, une personne que vous considérez comme une amie proche vous tend la main. Soulagement immense. Sauf que cette main, en réalité, vide discrètement vos comptes. C’est exactement ce qui est arrivé à un couple belge. Et franchement, ça donne la chair de poule.
Quand la confiance devient une arme fatale
Cette histoire commence comme un mauvais film, mais elle est malheureusement bien réelle. Fin 2021, la vie d’Evi et David bascule complètement. Leur fils aîné reçoit un diagnostic terrifiant : gangliosidose à GM1. Quelques semaines plus tard, c’est au tour du petit dernier. Deux enfants condamnés par la même maladie neurodégénérative rare. Le genre de nouvelle qui vous coupe les jambes.
Dans ce chaos, une femme qu’ils connaissent depuis des années entre en scène. Elle travaille dans une ferme pédagogique que la famille fréquente chaque week-end, le seul endroit où leur aîné arrive encore à sourire. Elle voit leur détresse. Elle propose son aide. Gestion des papiers, démarches administratives, suivi des aides financières… « Laissez-moi vous soulager », dit-elle. Et le couple, épuisé, accepte. Grave erreur.
Un scénario rodé jusqu’à la perfection
Le piège est simple, mais diaboliquement efficace. Elle ouvre deux comptes bancaires à son nom et demande aux parents d’y verser directement les aides destinées aux soins. Cotisations sociales soi-disant obligatoires, frais médicaux, remboursements… Tout y passe. Pendant des mois, l’argent public censé payer les kinés, le matériel adapté ou les séjours de répit atterrit tranquillement sur son compte personnel.
66 000 euros détournés des budgets soins. 12 000 euros supplémentaires piqués sur le compte épargne familial. Au total : 78 000 euros. De quoi faire vivre confortablement pendant longtemps, pendant que les enfants, eux, manquent parfois du nécessaire.
« Notre fils l’adorait. Il le disait tout le temps. Faire une chose pareille… c’est inimaginable. »
Les parents, encore sous le choc
Cette phrase, elle résume tout. L’incompréhension. La trahison. Le sentiment d’avoir été trahi par quelqu’un qui connaissait intimement la fragilité de leurs enfants.
Comment une arnaque reste invisible si longtemps ?
La réponse est cruelle : parce que les victimes n’ont ni le temps, ni l’énergie, ni parfois les compétences pour vérifier chaque ligne bancaire. Quand on passe ses journées à gérer des crises médicales, des hospitalisations, des nuits blanches, on fait confiance. Point final.
- Les parents reçoivent des aides publiques complexes à suivre
- Ils délèguent à une personne « de confiance »
- Celle-ci fournit de faux justificatifs ou des explications floues
- Le budget annuel soins disparaît en seulement deux mois et demi
C’est seulement quand le budget annuel s’est évaporé à une vitesse suspecte que le couple a commencé à poser des questions. Et là, plus de nouvelles. La prétendue amie coupe contact. Les comptes sont vidés. Le couperet tombe.
Un cas isolé ? Malheureusement non
Ce qui rend l’affaire encore plus glaçante, c’est le passé judiciaire de cette femme. En 2020, elle avait déjà été condamnée pour cambriolage. En 2021, nouvelle condamnation : escroquerie de 75 000 euros cette fois-ci sur un couple de personnes âgées. Même mode opératoire ou presque. Repérer des personnes vulnérables, gagner leur confiance, puis frapper.
On parle là d’une escroc professionnelle, pas d’une opportuniste qui a cédé à la tentation. Quelqu’un qui fait de la détresse des autres son fonds de commerce. Et ça, personnellement, ça me retourne l’estomac.
« Cette femme est un escroc de première classe. Elle a profité d’un couple dont les deux enfants étaient en phase terminale. »
L’avocat de la famille
La justice a tranché, mais à quel prix ?
Le jugement est tombé début décembre : 40 mois de prison ferme, mandat d’arrêt immédiat. La femme ne s’est même pas présentée à l’audience. Classique. Quand on cumule les casseroles, on évite de se montrer.
Mais 40 mois, est-ce vraiment suffisant quand on a détruit la vie d’une famille déjà à terre ? L’argent, lui, a disparu. Les soins manqués ne se rattraperont pas. Et la confiance… ça, c’est définitivement brisé.
Les maladies rares, un terrain de chasse parfait pour les prédateurs
La gangliosidose à GM1, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une maladie génétique ultra-rare qui détruit progressivement le cerveau et la moelle épinière. Espérance de vie : souvent moins de dix ans pour la forme infantile. Les familles touchées vivent un enfer quotidien et dépendent énormément des aides publiques.
Et c’est précisément cette dépendance qui attire les charognards. Parce que les montants alloués sont conséquents. Parce que les contrôles, parfois, sont laxistes. Parce que les parents sont trop occupés à sauver leurs enfants pour jouer les comptables.
- Budgets soins souvent gérés par des tiers
- Papier administratif interminable et complexe
- Fatigue extrême des familles
- Confiance aveugle envers les « aidants »
Tous ces éléments font un cocktail explosif. Et malheureusement, ce genre d’histoire n’est pas unique. On entend régulièrement parler d’aides-soignantes qui détournent, de pseudo-associations caritatives bidons, de proches qui profitent.
Comment se protéger quand on est déjà à bout ?
La question est brutale, mais nécessaire. Oui, on devrait pouvoir faire confiance. Mais la réalité nous rattrape. Quelques pistes concrètes, sans tomber dans la paranoïa :
- Demandez toujours des relevés bancaires officiels, jamais des captures d’écran
- Ne versez jamais d’argent sur un compte personnel, même « temporairement »
- Faites valider toute démarche par un deuxième membre de la famille ou un travailleur social
- En Belgique, les budgets soins sont traçables en ligne : connectez-vous vous-même
- En cas de doute, contactez directement l’organisme payeur
Ça paraît évident écrit comme ça. Mais quand vous êtes en survie, ces réflexes-là s’éteignent. C’est humain.
Et maintenant ?
La famille, elle, essaie de se reconstruire. L’argent perdu ne reviendra probablement jamais. Les enfants continuent leur combat. Et les parents portent une cicatrice de plus : celle de la trahison.
Cette affaire nous renvoie à une question de société plus large. Comment protège-t-on les plus vulnérables dans un monde où certains n’ont aucune limite ? Les peines planchers pour récidive d’escroquerie sur personnes vulnérables, ça existe déjà dans certains pays. Peut-être qu’il est temps d’aller plus loin.
Parce que 40 mois de prison, c’est bien. Mais empêcher que ça se reproduise, ce serait mieux.
Je termine là-dessus, un peu amer. Parce que derrière les chiffres et les condamnations, il y a des enfants qui souriaient à une femme qu’ils prenaient pour une fée bienveillante. Et des parents qui, aujourd’hui, doivent expliquer à leurs petits pourquoi cette dame n’est plus là.
Si cette histoire vous a révolté autant que moi, partagez-la. Parce que parfois, la lumière faite sur ces affaires est la seule chose qui peut encore protéger les prochaines victimes.
