Vous êtes déjà tombé sur ces petites cartouches métalliques qui traînent par terre en sortant d’un bar ou près d’un lycée ? Moi oui, et franchement, ça commence à devenir inquiétant. Ce qu’on appelle le « gaz hilarant » n’a plus rien de drôle dans certaines villes de l’Oise.
Quand le fou rire devient un vrai problème de société
Ces derniers mois, deux communes ont décidé de passer à l’action. Beauvais, la préfecture, et Nogent-sur-Oise ont pris des arrêtés très stricts. Fini de se promener avec des cartouches de protoxyde d’azote dans la poche ou de les jeter n’importe où. Les maires ne rigolent plus du tout avec ça.
Et ils ont raison, quand on regarde les chiffres. Les services de santé recensent une nette augmentation des cas graves. On parle de jeunes qui finissent aux urgences avec des paralysies, des troubles cardiaques, parfois pire. Ce n’est plus une mode passagère, c’est une vraie vague.
Qu’est-ce qui se cache vraiment derrière ces cartouches ?
À la base, le protoxyde d’azote, c’est ce gaz qu’on trouve dans les siphons à crème chantilly. Complètement légal en cuisine. Mais détourné, inhalé directement ou via un ballon, il procure une euphorie brève, des rires incontrôlables, des sensations de flottement. D’où le surnom de gaz hilarant.
Le problème ? C’est hyper facile à se procurer. Quelques clics sur internet, un passage dans une boutique de cuisine ou même certains magasins de vape, et hop, on a des dizaines de cartouches pour pas cher. Les jeunes en raffolent en soirée, dans les parcs, parfois même en conduisant. Et là, ça devient carrément dangereux.
Ce n’est pas une drogue dure, mais les conséquences peuvent être dramatiques. On voit des dégâts neurologiques irréversibles chez des consommateurs réguliers.
Un médecin spécialisé en addictologie
Beauvais et Nogent-sur-Oise : les arrêtés qui changent la donne
À Beauvais, l’arrêté est tombé début décembre. Plus le droit de détenir ou d’utiliser des cartouches sur tout le territoire communal. Point final. Les policiers municipaux vont pouvoir verbaliser direct.
Nogent-sur-Oise avait pris les devants dès octobre. Là-bas, c’est surtout l’abandon des cartouches vides qui est dans le viseur. Les agents de la voirie en ramassaient des sacs entiers. En plus des risques santé, ça pollue, ça encombre, et ça donne une image désastreuse des quartiers.
- Interdiction de détention et d’usage à Beauvais
- Interdiction d’abandonner les cartouches usagées à Nogent-sur-Oise
- Amendes possibles et confiscation immédiate
- Contrôles renforcés aux abords des lycées et lieux festifs
Une tendance qui explose partout dans le département
Ce n’est pas une première. Déjà plusieurs communes de l’Oise ont sorti l’artillerie lourde ces dernières années. Creil, Compiègne, Pont-Sainte-Maxence, Jaux… La liste s’allonge. Partout le même constat : les jeunes consomment de plus en plus, et les conséquences se font sentir.
Les chiffres font froid dans le dos. En 2023, près de 120 cas de complications graves ont été recensés dans la région, contre 99 l’année précédente. Et on ne parle que des cas déclarés. Combien passent sous les radars ?
Parmi les symptômes les plus fréquents :
- Engourdissements persistants des membres
- Troubles de l’équilibre et chutes
- Douleurs neuropathiques intenses
- Dans les cas extrêmes, paralysies définitives
Pourquoi les jeunes s’y mettent autant ?
Il faut être honnête, c’est accessible, pas cher, et ça ne laisse pas d’odeur d’alcool. Pour beaucoup de parents, c’est invisible. Un ado peut rentrer d’une soirée, avoir consommé des dizaines de cartouches, et personne ne se rend compte de rien.
Sur les réseaux, ça pullule de vidéos où on voit des groupes se filmer en train de « charger » des ballons. C’est presque devenu un défi. Et comme souvent avec les modes chez les ados, plus on interdit, plus ça attire certains.
J’ai discuté avec un éducateur de rue à Beauvais il y a quelques semaines. Il me disait que les jeunes savent très bien que c’est dangereux, mais que « ça passe crème » tant qu’il n’y a pas d’accident grave dans l’entourage proche. Triste réalité.
Les campagnes de prévention : est-ce que ça marche vraiment ?
Depuis deux ans, une grande campagne régionale tourne avec le slogan « C’est trop risqué d’en rire ». Affiches dans les lycées, vidéos choc, interventions en classe… Tout y passe.
Est-ce que ça freine la consommation ? Difficile à dire. Certains établissements notent une légère baisse des incidents dans leurs murs. Mais dans la rue, en soirée, c’est une autre histoire.
Ce qui est sûr, c’est que les arrêtés municipaux changent la donne. Quand les policiers peuvent confisquer direct et mettre une amende, ça calme vite les ardeurs. Les revendeurs en ligne, eux, continuent tranquillement. C’est le gros point noir.
Et demain ? Vers une interdiction nationale ?
Pour l’instant, chaque maire fait comme il peut avec les outils dont il dispose. Mais la question se pose sérieusement : ne faudrait-il pas une loi nationale plus stricte sur la vente de ces cartouches aux particuliers ?
Certains députés poussent dans ce sens depuis des années. En attendant, les villes continuent de multiplier les arrêtés. Et tant qu’il y aura de la demande, il y aura de l’offre. C’est un cercle vicieux.
Ce qui me frappe le plus dans cette histoire, c’est la rapidité avec laquelle une pratique anodine en apparence peut devenir un vrai problème de santé publique. On l’a vu avec la vape il y a dix ans, on le revoit aujourd’hui avec le proto.
Alors oui, les arrêtés de Beauvais et Nogent-sur-Oise sont une bonne chose. Mais ils ne suffiront pas seuls. Il faut frapper plus fort sur l’offre, continuer la prévention, et surtout ne jamais baisser les bras. Parce que derrière chaque cartouche vide qui traîne par terre, il y a potentiellement un jeune qui joue sa santé à la roulette russe.
Et vous, dans votre ville, vous avez remarqué cette augmentation ? Les cartouches jonchent-elles aussi vos trottoirs ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire. Parce que c’est ensemble qu’on arrivera peut-être à faire bouger les choses.
