Quand j’ai vu les chiffres tomber hier soir, j’ai failli renverser mon café. 91,9 % de réussite au bac cette année. Presque 92 %. Franchement, à ce niveau-là, on se demande si le bac n’est pas devenu une simple formalité pour une immense majorité de lycéens. Et pourtant, le ministère a décidé de taper du poing sur la table : dès 2026, les règles changent. Fini les petits arrangements entre amis avec les points jury. On va remettre un peu d’exigence dans tout ça. Et croyez-moi, ça va faire parler dans les couloirs des lycées.
Le bac 2026 ne ressemblera plus à celui qu’on connaît
Chaque année, on nous ressort le même refrain : « le taux de réussite augmente encore ». Et c’est vrai. +0,4 point par rapport à l’an dernier. On frôle le 100 % dans certaines académies. Mais derrière ces chiffres flatteurs, il y a une réalité que beaucoup de parents et de profs dénoncent depuis longtemps : le diplôme a perdu de son prestige. Trop de candidats passent grâce à des ajustements de dernière minute, les fameux points jury ou points de repêchage. Eh bien, ça, c’est terminé.
Deux mesures phares qui vont tout changer
À partir de la session 2026, deux nouvelles règles entrent en vigueur. Elles sont simples, claires, et franchement assez radicales :
- Si votre moyenne aux épreuves écrites terminales est inférieure à 8/20, aucun point jury ne pourra vous être attribué. Point barre.
- Le maximum de points jury accordés sera plafonné à 50 points, soit 0,5 point sur la moyenne générale. On est très loin des largesses d’avant.
Autrement dit, si vous êtes vraiment à la ramasse aux écrits, le jury ne pourra plus vous sauver la mise. Et même si vous êtes juste à la limite, le coup de pouce sera limité. C’est une petite révolution dans l’esprit du « tous bacheliers » qui règne depuis des années.
« Il est temps de redonner au baccalauréat toute sa valeur et sa crédibilité auprès des familles, des élèves et des employeurs. »
– Le ministre de l’Éducation nationale, en substance
Pourquoi maintenant ? Parce que ça devenait gênant
Regardez les chiffres de plus près. En 1970, à peine 20 % d’une génération décrochait le bac général. Aujourd’hui ? 75,7 % d’une classe d’âge sort avec le précieux sésame, toutes voies confondues. C’est énorme. C’est historique. Mais ça pose question. Quand presque tout le monde a le bac, qu’est-ce qui différencie encore les candidats ? Les mentions ? Les spécialités ? Ou simplement la chance d’être tombé sur un jury généreux ?
J’ai discuté avec plusieurs professeurs ces derniers jours. Beaucoup me disent la même chose : « On se sent parfois obligés de mettre des points pour faire passer les élèves. Sinon, c’est la catastrophe en terme d’image pour le lycée. » Avec ces nouvelles règles, la pression va changer de camp. Ce sera aux élèves de assurer aux épreuves qui comptent vraiment.
Les chiffres 2025 qui ont fait réagir
Pour comprendre l’ampleur du phénomène, rien ne vaut quelques chiffres brut :
| Voie | Taux de réussite 2025 |
| Bac général | 96,4 % |
| Bac technologique | 90,9 % |
| Bac professionnel | 83,4 % |
| Global | 91,9 % |
Et les mentions ? 59,2 % des candidats en ont décroché une. Plus d’un sur deux. Et 13,4 % des bacs généraux ont obtenu la mention Très Bien. C’est beau sur le papier, mais quand on sait que les notes du contrôle continu flirtent souvent avec les 15/20 quand les épreuves terminales tournent autour de 11-12, on comprend mieux pourquoi il y avait urgence à agir.
Le contrôle continu, c’est 40 % de la note finale. Et les moyennes y sont systématiquement plus élevées. Certains y voient une forme d’inflation scolaire. D’autres, une reconnaissance du travail régulier. Toujours est-il que ça déséquilibre la balance.
Les points jury : l’arme fatale… jusqu’à présent
Cette année, 1,7 % des admis en voie générale ont eu le bac grâce aux points jury. C’est peu, direz-vous. Mais 6,7 % ont obtenu une mention grâce à ces points. En voie technologique, c’est encore plus marqué : 3,4 % ont eu le diplôme et 5,7 % la mention grâce à ce système.
Concrètement, un élève à 9,8 pouvait se retrouver à 10,5 voir 11 grâce à quelques points bien placés. Et hop, mention Assez Bien dans la poche. Multipliez ça par des milliers de candidats, et vous comprenez pourquoi les universités et les entreprises commençaient à regarder le bac avec un certain scepticisme.
Ce que ça change concrètement pour votre enfant
Si votre fils ou votre fille passe le bac en 2026 (donc les actuelles premières), voici ce qu’il faut retenir :
- Les épreuves terminales (philo, grand oral, spécialités) vont peser encore plus lourd dans la balance.
- Le contrôle continu reste important, mais il ne sauvera plus personne seul.
- Être à 9,7 avec des écrits faibles ? Oubliez le repêchage miracle.
- Les mentions vont devenir plus rares, surtout les TB et TB avec félicitations.
Bref, on revient à un bac plus « à l’ancienne », où les épreuves finales font vraiment la différence. Et personnellement, je trouve que c’était temps.
Et les filles dans tout ça ? Toujours devant
Un petit mot sur les écarts filles/garçons, parce que c’est impressionnant. 97,1 % de réussite pour les filles contre 95,5 % pour les garçons. Et ça, quelle que soit la combinaison de spécialités. Les filles raflent aussi plus de mentions. Ce n’est pas nouveau, mais ça reste fascinant. Peut-être plus de régularité dans le travail ? Moins de prise de risque ? En tout cas, les nouvelles règles risquent de creuser encore l’écart si les garçons continuent à miser sur le « tout dans les révisions de dernière minute ».
Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ?
Question légitime. D’un côté, on restaure la valeur du diplôme. Les employeurs, les facs, les grandes écoles vont à nouveau pouvoir s’y fier. De l’autre, certains élèves en difficulté risquent de se retrouver sans rien. 24,3 % d’une génération n’a toujours pas le bac. Ce chiffre va-t-il remonter ? Probablement un peu. Est-ce dramatique ? Pas forcément. Il y a d’autres voies de réussite : apprentissage, bac pro valorisé, certifications… Le tout est d’accompagner ceux qui décrocheront.
Ce que je retiens, moi, c’est qu’on arrête enfin de prendre les gens pour des idiots. Avoir 92 % de réussite quand le diplôme est censé sanctionner un niveau réel, ça n’avait plus de sens. Ces nouvelles règles remettent de l’enjeu, du stress peut-être, mais aussi du mérite. Et franchement, le bac mérite bien ça.
Alors oui, l’année prochaine, certains pleureront en juillet. Mais ceux qui l’auront vraiment mérité pourront être fiers. Et ça, ça n’a pas de prix.
À suivre de très près. Et si vous avez un lycéen à la maison, c’est peut-être le moment de lui rappeler que le contrôle continu, c’est bien… mais que les épreuves de terminale, c’est autre chose.
