Ce matin, comme tant d’autres matins à Paris, la routine a basculé en quelques secondes. Vous sortez du café, le gobelet encore chaud à la main, et là, bam : l’appli RATP qui clignote en rouge. Ligne 9 coupée net. Un accident grave de personne à Grands Boulevards. Et vous réalisez que vos vingt minutes de trajet habituel viennent de se transformer en véritable galère.
J’avoue, ça m’a fait un petit pincement. Parce que derrière l’expression froide « accident grave de personne », il y a toujours une histoire humaine lourde. On pense à la victime, à sa famille, aux témoins, aux conducteurs de rame qui vivent ça comme un traumatisme. Et puis, très égoïstement, on pense aussi à sa propre journée qui part en vrac.
Que s’est-il passé exactement ce vendredi 5 décembre 2025 ?
Vers 7 heures, le drame survient à la station Grands Boulevards. Une personne se retrouve sur les voies, pour des raisons qui restent encore à éclaircir. La rame qui arrive n’a pas le temps de freiner complètement. Le choc est inévitable. Le conducteur active immédiatement le signal d’alarme, le courant est coupé par sécurité, et l’ensemble du secteur central de la ligne 9 se fige.
Conséquence immédiate : le tronçon entre Oberkampf et Havre-Caumartin est totalement neutralisé. Huit stations deviennent inaccessibles :
- République
- Strasbourg – Saint-Denis
- Bonne Nouvelle
- Grands Boulevards
- Richelieu – Drouot
- Chaussée d’Antin – La Fayette
- Havre – Caumartin
- Et bien sûr Oberkampf en limite est
La RATP annonce d’emblée que le trafic ne reprendra pas avant 9 heures, le temps pour les secours d’intervenir, pour les enquêteurs de faire les constatations d’usage et pour remettre la ligne en état. Deux heures minimum où tout le centre de Paris se retrouve privé d’une de ses artères souterraines majeures.
Pourquoi la ligne 9 est-elle si stratégique le matin ?
Pour ceux qui ne la prennent jamais, la 9 c’est un peu la colonne vertébrale est-ouest du nord de Paris. Elle dessert des quartiers ultra-fréquentés : République, les Grands Boulevards, les grands magasins, Opéra, Saint-Lazare via Havre-Caumartin. Le matin, elle charrie des milliers de salariés, d’étudiants, de touristes qui se rendent vers les bureaux du 8e et du 9e ou qui transitent vers le RER A.
Quand elle s’arrête, c’est tout un écosystème qui vacille. Les quais des lignes de correspondance gonflent instantanément. Et on retrouve ce spectacle désormais familier : des gens qui courent dans les couloirs, téléphone à l’oreille, en pestant contre « encore une perturbation ».
Les solutions de contournement quand tout s’effondre
Alors oui, on râle. Mais on finit toujours par trouver une porte de sortie. Voici ce que j’ai vu fonctionner ce matin (et que j’utilise personnellement quand ça m’arrive) :
- La ligne 8 en renfort : elle dessert quatre des huit stations fermées (République, Strasbourg-Saint-Denis, Bonne Nouvelle, Richelieu-Drouot). Résultat ? Des rames bondées dès 7h15, mais ça avance.
- La ligne 3 pour Havre-Caumartin et République : un peu plus au nord, mais ça dépanne.
- Les RER A et E à Havre-Caumartin : parfait si vous visez La Défense ou l’est parisien.
- La ligne 7 à Chaussée d’Antin pour rejoindre Pyramid ou Opéra.
- Et la bonne vieille ligne 4 à Strasbourg-Saint-Denis pour ceux qui peuvent marcher un peu.
Petit tips de Parisien : si vous êtes coincé à République, prenez la 8 direction Balard jusqu’à Richelieu-Drouot, puis marchez 5 minutes jusqu’à la ligne 3 à Quatre-Septembre. Ça sauve souvent la mise.
Ces accidents graves, un fléau qui ne baisse pas
On aimerait croire que c’est exceptionnel. Mais non. Chaque année, on compte plusieurs dizaines d’accidents graves de personne sur le réseau francilien. Certains sont des suicides, d’autres des chutes accidentelles, parfois des malaises. Peu importe la cause, l’impact est toujours le même : des vies brisées et des centaines de milliers de voyageurs impactés.
Ce qui frappe, c’est la récurrence. À peine une semaine sans qu’une ligne majeure ne soit touchée. Et pourtant, les portes palières, promises depuis des années, ne sont installées que sur les lignes automatiques (1 et 14 principalement). Sur les lignes classiques comme la 9, on reste avec les vieux systèmes, les écrans d’information qui clignotent et les agents qui font ce qu’ils peuvent.
« On forme les conducteurs à gérer le choc psychologique, mais rien ne prépare vraiment à vivre ça »
– Un machiniste expérimenté, anonyme
Et pendant ce temps, les voyageurs, eux, oscillent entre compassion et agacement. C’est humain. On comprend la gravité, mais on a aussi un rendez-vous à 9h qu’on ne peut pas rater.
Et demain, ça ira mieux ?
Franchement, je ne vais pas vous vendre du rêve. Les incidents graves de personne, tant qu’il n’y aura pas de barrières physiques sur toutes les lignes anciennes, continueront. On peut renforcer la prévention en gare, améliorer l’accompagnement psychologique en amont, mais certains drames sont imprévisibles.
Ce qu’on peut espérer, en revanche, c’est une meilleure réactivité. Des bus de substitution plus rapides à mettre en place (ce matin, ils étaient aux abonnés absents), des annonces plus claires, des itinéraires bis mieux communiqués en temps réel. Parce que oui, on accepte les imprévus. Mais on aimerait juste qu’ils nous pourrissent un peu moins la vie.
En attendant, la ligne 9 a repris vers 9h10, avec encore quelques ralentissements résiduels. Les voyageurs ont retrouvé leurs rames, un peu plus fatigués, un peu plus nerveux. Et moi, je me dis que demain matin, je vérifierai peut-être l’état du trafic avant même de faire mon café.
Parce que Paris, c’est ça aussi : une ville magnifique qui nous met parfois à genoux dès 7 heures du matin. Mais on finit toujours par se relever. À pied, en bus, en trottinette ou en pestant dans le métro suivant. C’est notre quotidien.
Et vous, vous avez été impacté ce matin ? Quelle solution avez-vous trouvée ? Dites-moi tout en commentaire, ça peut toujours servir aux autres.
