Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemble vraiment une matinée d’entraînement quand on est champion d’Europe en titre et qu’on joue le titre en Ligue 1 ? Moi, jusqu’à jeudi dernier, je n’en avais qu’une vague idée, faite de vidéos YouTube et d’extraits de quinze secondes. Et puis le PSG a décidé d’ouvrir grand les portes du Campus Poissy pour un « media day ». Résultat : deux heures d’immersion totale, du premier toro jusqu’à la zone mixte. Et franchement, c’était autre chose.
Une forteresse qui s’entrouvre (très) rarement
Le Campus PSG, c’est un peu le Fort Knox du football français. D’habitude, même les journalistes les plus introduits n’ont droit qu’à quinze minutes en début de séance, le temps que les joueurs fassent leur échauffement tranquille. Là, on a pu tout voir, du début à la fin, depuis le troisième étage qui surplombe les terrains. Soixante-cinq personnes dans la salle de presse improvisée : journalistes, influenceurs, photographes… tout le monde savait que c’était un événement rare.
Dehors, il pleut dru, mais la pelouse est nickel, presque insultante tellement elle est parfaite. Luis Enrique arrive en doudoune noire, bonnet vissé sur la tête, l’air de celui qui va encore demander plus que la veille. Et ça commence direct.
Le toro : déjà un autre rythme
Premier choc : l’échauffement. On a tous en tête les petits ronds habituels où les joueurs rigolent et se chambrent. Là ? Rien à voir. Deux carrés de dix mètres de côté, deux groupes qui se renvoient le ballon à une touche, parfois deux. Les passes claquent, les « un-deux », les « exter » fusent. Le bruit est sec, presque agressif. On sent tout de suite que ce n’est pas un jour off.
Je regarde Marquinhos, toujours aussi calme, qui demande le ballon d’une voix posée mais ferme. À côté, Barcola envoie des missiles. Doué, qui revient de blessure, a l’air déjà affûté comme jamais. L’intensité est telle que certains journalistes autour de moi murmurent : « C’est plus chaud que certains matchs de Ligue 1… »
Le travail tactique : Luis Enrique ne lâche rien
Puis arrive le gros morceau : l’atelier attaque placée. Un écran géant affiche les compositions. D’un côté le trio Doué – Dembélé – Barcola soutenu par Zaïre-Emery, Fabian Ruiz, Lee et Ndjantou. En face, la défense Zabarnyi – Marquinhos – Pacho – Hakimi Hernandez avec Vitinha et un membre du staff en milieu.
Les consignes pleuvent. Luis Enrique et ses adjoints arrêtent le jeu toutes les trente secondes :
- « Plus haut le bloc ! »
- « Le demi-espace, le demi-espace ! »
- « Replacement immédiat à la perte ! »
- « On ferme l’axe, on oriente ! »
On voit clairement les principes travaillés depuis des mois : pressing haut, circuits de passes codifiés, recherche permanente du décalage. C’est propre, c’est huilé, c’est parfois même beau. Et surtout, c’est répété encore et encore jusqu’à l’automatisme.
« Le coach, il n’est jamais satisfait. Même avec Vitinha, il est toujours sur ses côtes. Je parle de lui parce qu’il est troisième au Ballon d’Or, c’est un des meilleurs joueurs du monde. Mais même là, il est toujours derrière lui, c’est beau ! »
Warren Zaïre-Emery, en zone mixte
Oppositions : ça chambre, ça cogne, ça marque
Ensuite, place aux oppositions sur terrain réduit. Trois équipes : maillots noirs, chasubles rouges, chasubles vertes. Un compteur de buts sur l’écran géant. Là, ça devient chaud.
Gonçalo Ramos est en feu. Chaque ballon qui traîne dans la surface, il le met au fond avec une froideur impressionnante. Safonov sort des parades de malade dans les cages. Illia Zabarnyi domine tous les duels aériens comme si la gravité ne s’appliquait pas à lui. Et Désiré Doué ? Le gamin vole. Accélérations, dribbles, frappes. On comprend pourquoi tout le monde dit qu’il est tout proche d’un retour à 100 %.
Pendant ce temps, Vitinha rate trois frappes de suite dans l’exercice final. Tout le monde rigole, lui le premier. Trente minutes plus tard, en zone mixte, il est redevenu le patron qu’on connaît.
Zone mixte : la mentalité des leaders
La séance se termine, direction la zone mixte. Vitinha, Zaïre-Emery et Doué passent devant les micros.
« Deuxièmes, on n’aime pas. On veut être premiers comme toujours. Dis-moi un match qui n’est pas important ici ! Même le match de Coupe de France contre Fontenay, on doit gagner, sinon on est éliminés. »
Vitinha
Le message est clair : même avec le statut de champion d’Europe, même avec des prestations parfois en dents de scie cette saison, l’exigence reste maximale. Pas de relâchement, pas de match « petit ».
Ce que j’ai retenu personnellement
Ce qui m’a le plus marqué, au-delà de l’intensité physique, c’est cette culture de la gagne qui transpire partout. Luis Enrique qui ne valide jamais totalement une action, les joueurs qui se corrigent entre eux, l’écran qui compte les buts comme dans un vrai match… Tout est fait pour que la routine devienne excellence.
On parle souvent du PSG comme d’un club de stars. Ce que j’ai vu jeudi, c’est surtout un collectif qui bosse comme un promu qui joue sa survie chaque week-end. Et ça, croyez-moi, ça fait une différence énorme quand arrivent les grands rendez-vous.
Prochain test : la réception de Rennes samedi, puis Bilbao en Ligue des Champions. Vu l’état d’esprit entrevu au Campus Poissy, je ne donnerais pas cher de la peau des adversaires…
Et vous, aviez-vous déjà vu une séance du PSG en entier ? Dites-moi en commentaire ce qui vous surprend le plus dans ce genre d’immersion !
