Vous savez ce moment où un politique prend le micro et balance une phrase qui claque tellement fort qu’on se dit : « là, ça y est, il vient de poser sa candidature sans le dire » ? C’est exactement ce qui s’est passé hier matin. « Personne ne me débranchera ». Huit mots. Une réplique qui fait le tour des réseaux en quelques minutes et qui, mine de rien, pourrait bien marquer le début officieux de la campagne 2027.
Une réplique qui tombe à pic… ou presque
Il y a des semaines où tout semble s’acharner. Une prestation télévisée un peu laborieuse face à des Français ordinaires, des commentaires assassins dans la presse, des chuchotements dans les couloirs : « Et si on passait à autre chose ? » Et puis, paf. Une couverture d’hebdomadaire qui pose la question brutale : faut-il le débrancher ? C’est là que Raphaël Glucksmann a choisi de répondre. Pas en victimisant, pas en pleurnichant. Non. En tapant du poing sur la table, calmement mais fermement.
Et franchement ? Ça fait du bien. Parce qu’on en a marre des candidats qui se cherchent des excuses. Lui, il assume. Il sait que le chemin est semé d’embûches, que beaucoup aimeraient bien le voir ranger ses ambitions au placard. Mais il dit non. Et il le dit avec une conviction qui, reconnaissons-le, commence à faire sérieusement bouger les lignes à gauche.
Le contexte : pourquoi on a voulu « le débrancher »
Remettons les choses en ordre. Ces derniers mois, l’intéressé s’était fait plutôt discret sur les plateaux nationaux. Priorité à l’Europe, aux combats internationaux, à la construction de son mouvement. Résultat ? Quand il revient dans l’arène française, certains trouvent qu’il manque de punch, qu’il peine à répondre aux questions concrètes sur le pouvoir d’achat ou la sécurité.
Une séquence télévisée a particulièrement fait jaser. Face à des citoyens lambda, il a semblé parfois à court d’arguments, hésitant. Les réseaux s’en sont donné à cœur joie. Et certains commentateurs, même dans son propre camp, ont commencé à murmurer que peut-être, finalement, il n’était pas l’homme de la situation pour 2027.
« Personne ne me débranchera de la lutte que j’ai lancée, une lutte qui vise à éviter que la France bascule dans le camp d’Orban, de Poutine, de Trump en élisant un président du Rassemblement national »
Cette phrase-là, elle ne sort pas de nulle part. Elle répond à une forme de défaitisme ambiant qui commence à gangrener une partie de la gauche et du centre. Le défaitisme de ceux qui pensent que face à la vague brune, autant baisser les bras d’avance.
La digue qui refuse de céder
Glucksmann le répète souvent : il veut incarner la digue. Pas la digue molle, pas la digue en carton-pâte qui cède au premier coup de vent. Non, une digue solide, construite avec les matériaux de la social-démocratie rénovée et de l’écologie politique. Un barrage capable de tenir face à la montée inexorable de l’extrême droite.
Et il a raison sur un point : on n’a pas le droit de rater le rendez-vous de 2027. Parce que si la gauche et les écologistes se présentent divisés, ou pire, absents du second tour, on sait tous comment ça finit. On l’a déjà vécu. Deux fois.
- Il refuse les combats internes stériles
- Il concentre son feu sur l’essentiel : l’extrême droite
- Il appelle à une renaissance de la gauche de gouvernement
- Il veut remettre la France « dans le camp de la liberté et de la conquête »
C’est ambitieux. Peut-être même un peu messianique, diront certains. Mais dans le paysage actuel, où tout le monde joue petit bras, ça change.
Les forces et les faiblesses d’un ovni politique
Disons-le clairement : Raphaël Glucksmann n’est pas un politicien comme les autres. Il n’a pas fait l’ENA, n’a pas gravi les échelons des partis traditionnels, n’a pas passé trente ans à serrer des mains dans les marchés. Il vient du monde des idées, de l’engagement intellectuel, du combat pour les droits humains. Et ça se sent.
Ses points forts ? Une vraie cohérence internationale (Ukraine, Gaza, droits humains), un discours qui parle aux classes moyennes urbaines et aux jeunes diplômés, une capacité rare à parler d’Europe sans endormir son auditoire. Ses points faibles ? Une certaine raideur parfois, un manque d’incarnation populaire sur certains sujets régaliens, et surtout… l’absence d’un grand parti derrière lui.
Parce que c’est là le vrai enjeu. Place publique, c’est bien joli, mais ça ne pèse pas lourd face aux machines socialistes ou écologistes. Pour peser vraiment, il va falloir construire des alliances. Et là, ça coince encore. Les ego, les vieilles rancœurs, les stratégies municipales… tout ça freine l’union.
2027 : le scénario Glucksmann est-il crédible ?
Objectivement, aujourd’hui, il n’est pas favori. Loin de là. Mais rappelons-nous une chose : en politique, tout peut basculer très vite. Regardez 2016. Personne ne pariait un kopeck sur Emmanuel Macron début 2016. Un an plus tard…
Pour que le scénario fonctionne, plusieurs conditions :
- Une gauche qui accepte enfin de se parler sérieusement après les municipales de 2026
- Une capacité à élargir son électorat au-delà des grandes villes
- Des propositions concrètes sur le pouvoir d’achat et la sécurité qui parlent aux classes populaires
- Un discours qui parvient à réconcilier écologie et social sans donner l’impression de faire des compromis honteux
C’est beaucoup. Peut-être trop. Mais l’intéressé y croit. Et quand on écoute ses dernières interventions, on sent une détermination nouvelle. Comme s’il avait compris que le temps des hésitations était révolu.
Et nous, dans tout ça ?
La vraie question, ce n’est pas seulement de savoir si Raphaël Glucksmann sera candidat ou pas. C’est de savoir si on veut, collectivement, d’une alternative crédible à la droite extrême et à la macronie finissante. Parce que si on continue à passer notre temps à s’étriper entre nous, à chercher le candidat parfait qui n’existe pas, on sait tous où on va.
Personnellement, j’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose de rafraîchissant dans sa façon de faire de la politique. Il ne court pas après les petites phrases, ne cherche pas le buzz à tout prix. Il essaye de construire quelque chose. Lentement. Patiemment. Ça peut agacer. Mais ça peut aussi payer.
« On ne sait pas encore qui sera candidat, mais ce qui est certain, c’est que nous n’avons pas le droit de rater le rendez-vous »
Cette phrase-là, elle résonne particulièrement aujourd’hui. Parce qu’on a déjà raté trop de rendez-vous. 2002. 2017. 2022. À chaque fois, on s’est dit « la prochaine fois sera la bonne ». Et à chaque fois, on a trouvé le moyen de se diviser.
Alors oui, Raphaël Glucksmann n’est peut-être pas le sauveur que certains attendent. Mais il pose une question essentielle : est-ce qu’on continue à jouer les petites stratégies ou est-ce qu’on essaye, enfin, de construire quelque chose de grand ?
La réponse, on l’aura dans les mois qui viennent. Mais une chose est sûre : il ne se débranchera pas de lui-même. Et ça, mine de rien, c’est déjà une petite victoire.
Et vous, vous en pensez quoi ? Vous le verriez bien, lui, face à Marine Le Pen au second tour ? Ou vous pensez qu’il manque encore trop de choses pour y croire vraiment ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
