Vous êtes-vous déjà senti vulnérable dans le métro à 23 heures ? Cette sensation lourde, ce regard qui insiste un peu trop, ce wagon presque vide où chaque bruit fait sursauter. Moi oui. Et je ne suis pas le seul. En Île-de-France, des milliers de femmes (et parfois d’hommes) vivent cette réalité tous les jours. C’est contre cela que la présidente de la région veut frapper fort.
Une phrase qui cogne et qui résume tout
Elle n’y est pas allée par quatre chemins. Lors d’une interview récente, la patronne de la région a lâché : « On préfère sécuriser les concerts de Beyoncé plutôt que les femmes. » Boom. La formule est dure, presque provocatrice. Mais derrière l’effet de manche, il y a une vérité crue : les grands événements culturels ou sportifs mobilisent des centaines de policiers et de vigiles en un claquement de doigts, alors que les quais du RER C restent parfois déserts le soir.
Et le pire ? Elle a raison. On l’organisation d’un seul méga-concert peut aspirer plus de moyens humains en une soirée que ce qu’on consacre toute l’année à la sécurité des transports du quotidien. C’est cette aberration qu’elle veut corriger.
La vidéosurveillance « algorithmique », c’est quoi concrètement ?
Oubliez les vieilles caméras qui filment en boucle sans que personne ne regarde vraiment. Ce que propose la région, c’est de la vidéosurveillance intelligente. L’idée ? Des algorithmes capables de repérer en temps réel des comportements anormaux : quelqu’un qui suit une autre personne trop longtemps, un attroupement suspect, un bagage abandonné, une chute sur les voies…
En clair, l’IA ne remplace pas l’humain, elle le guide. Dès qu’un incident potentiel est détecté, une alerte part directement vers les agents ou la police. Quelques secondes gagnées qui peuvent tout changer.
« L’intelligence artificielle doit devenir le coéquipier des agents de sécurité, pas leur concurrent. »
– Une formule souvent répétée dans l’entourage de la présidente
Des tests sont déjà en cours dans certaines gares. Et les premiers retours sont plutôt encourageants : les temps d’intervention ont été divisés par deux sur certains secteurs pilotes.
Plus d’agents, mais surtout mieux formés
L’IA, c’est bien. Mais rien ne remplace la présence humaine. La région veut donc recruter massivement des agents de sécurité et des médiateurs. Objectif affiché : passer à plusieurs milliers de personnels supplémentaires d’ici la fin du mandat.
Et attention, pas juste des vigiles en gilet fluo. On parle de patrouilles mixtes (hommes et femmes), formées spécifiquement à la gestion des violences sexistes et sexuelles. Parce que oui, une femme agressée se sentira souvent plus en confiance pour parler à une autre femme.
- Recrutement de 500 agents supplémentaires dès 2026
- Formation obligatoire « violences sexuelles » pour tout le personnel
- Patrouilles renforcées entre 21h et 2h du matin
- Création d’une brigade dédiée aux lignes les plus sensibles
Petit détail qui change tout : ces agents auront le droit d’embarquer dans les rames et de circuler incognito parfois. Fini l’effet « on sait que vous êtes là seulement aux arrêts ».
Une application pour ne plus jamais se sentir seule
Autre annonce qui buzz : une nouvelle application mobile made in région. Le principe est simple mais diaboliquement efficace.
Vous montez dans un bus ou un RER tard le soir ? Vous activez l’appli. Votre trajet est suivi en temps réel. Si vous ne validez pas « j’arrive à bon port » à la fin, une alerte est envoyée automatiquement aux autorités avec votre position GPS. Un peu comme Uber, mais pour la sécurité.
Cerise sur le gâteau : un bouton d’urgence qui permet d’appeler directement les agents les plus proches ou même de déclencher un appel silencieux vers le 17. Testée depuis quelques mois, elle aurait déjà permis plusieurs interventions décisives.
L’arrêt à la demande nocturne, enfin généralisé ?
Vous connaissez le principe ? Après 22h, le chauffeur de bus vous dépose où vous voulez sur le trajet, pas forcément à un arrêt officiel. Ça évite de marcher seule 800 mètres dans une rue mal éclairée.
Ce dispositif existe déjà sur certaines lignes. La région veut le rendre obligatoire partout dès 2026. Et tant pis si ça rallonge un peu les trajets, la sécurité prime.
D’ailleurs, j’ai discuté avec une conductrice de bus récemment. Elle me disait : « Au début, j’avais peur que ça complique tout. En fait, les usagers sont hyper reconnaissants. Et moi, je me sens utile. »
Mais qui va payer tout ça ?
La question qui fâche. Parce que oui, tout cela a un coût. Et pas des moindres. Entre les recrutements, les formations, le développement de l’IA et de l’application… on parle de plusieurs centaines de millions d’euros.
La région met la pression sur l’État pour obtenir plus de policiers nationaux dans les gares et les trains. En parallèle, elle réfléchit à une hausse (modérée) du versement mobilité payé par les entreprises. Polémique assurée.
Mais quand on sait qu’une femme sur deux déclare avoir déjà renoncé à prendre les transports par peur… on se dit que le prix de l’inaction est peut-être plus élevé encore.
Et les hommes dans tout ça ?
On parle beaucoup des femmes, à juste titre. Mais les hommes aussi sont parfois victimes d’agressions (vols, rixes, etc.). Les dispositifs prévus bénéficieront à tout le monde : caméras intelligentes, patrouilles, application… personne n’est oublié.
Cela dit, la région assume pleinement sa priorité : protéger en premier celles et ceux qui se sentent le plus vulnérables. Et statistiquement, ce sont majoritairement les femmes.
Un modèle pour toute la France ?
Ce qui se passe en Île-de-France est regardé de près par les autres grandes métropoles. Lyon, Marseille, Lille… tout le monde attend de voir si le cocktail technologie + présence humaine fonctionne vraiment.
Si les résultats sont là d’ici deux ou trois ans, on peut imaginer une généralisation nationale. Et pourquoi pas une loi obligeant toutes les grandes agglomérations à déployer ce type de mesures ?
En attendant, une chose est sûre : le sujet n’est plus tabou. Prendre le métro ou le bus le soir doit redevenir un acte banal, pas un parcours du combattant.
Alors, révolution ou effet d’annonce ? L’avenir le dira. Mais une chose est certaine : on en avait sacrément besoin.
Et vous, vous vous sentez en sécurité dans les transports franciliens le soir ? Vos témoignages m’intéressent, laissez un commentaire, on en discute.
