Vous vous souvenez de ce frisson quand vous voyiez un gamin de votre quartier faire des miracles avec un ballon ? Moi oui. Et quand, des années plus tard, vous le retrouvez en train de martyriser les défenses de Ligue 1 à 18 ans à peine, vous vous dites que le foot garde encore un peu de magie. Kader Meïté, c’est exactement ça : une histoire qui file à 200 km/h et qui donne envie de croire aux contes de fées modernes.
Le gamin qui rêvait devant Zlatan
Retour en arrière. On est début 2010, quelque part entre Champigny-sur-Marne et le XIVe arrondissement de Paris. Un petit bonhomme accompagne son père Abou au Parc des Princes. Il a huit, neuf ans maximum. Il ne rate pas une miette des gestes d’Ibrahimovic, il hurle sur chaque but, il rentre chez lui et reproduit les gestes dans la cage d’escalier. Classique ? Peut-être. Sauf que ce gosse-là, il a quelque chose en plus.
Les éducateurs qui l’ont croisé à l’US Villejuif ou à l’ACBB racontent tous la même chose : « Dès le premier entraînement, on a compris qu’on avait affaire à un phénomène. » Vitesse, technique, intelligence de jeu… tout y était déjà. Mais surtout cette rage de gagner qui faisait peur aux adversaires deux fois plus âgés que lui.
« Un jour, il perd un match en tournoi U11, il pleure toutes les larmes de son corps. Pas parce qu’il a perdu, mais parce qu’il n’a pas marqué. À cet âge-là, c’est rare. »
Un ancien éducateur de Villejuif
Le saut dans le grand bain rennais
Beaucoup de clubs parisiens le suivent, évidemment. Mais c’est finalement Rennes qui rafle la mise en 2022. Choix surprenant pour certains, génial pour d’autres. Là-bas, on sait faire grandir les jeunes sans les brûler. Arnaud, Bourigeaud, Kalimuendo… la liste est longue.
Kader arrive à 15 ans. Très vite, on parle de lui comme du « prochain grand truc » du centre de formation. Les comparaisons fusent : un peu de Dembélé dans l’explosivité, un soupçon d’Aubameyang dans la finition, beaucoup de lui-même dans le style. En 2024, il explose avec les U19 et la Youth League. Les observateurs européens commencent à noter son nom.
Et puis arrive ce mois de mars 2025. Premier contrat pro signé, première convocation avec le groupe pro… et première titularisation rien que ça contre le PSG au Roazhon Park. Vous vous rendez compte ? À peine 18 ans et hop, face aux stars parisiennes.
Ce soir-là où il a fait taire le Parc
8 mars 2025. Rennes reçoit Paris. Julien Stéphan décide de lancer le gamin d’entrée. Personne n’y croit vraiment. Et puis… boum. Dès la 12e minute, Meïté grille la politesse à la défense parisienne, élimine deux joueurs et oblige le gardien à une parade désespérée. Le ton est donné.
Il va passer la soirée à martyriser les défenseurs. Dribbles chaloupés, appels tranchants, frappes sèches. À la fin du match (défaite 4-1 de Rennes, mais peu importe), tout le monde ne parle que de lui. Les réseaux s’enflamment : « C’est qui ce numéro 47 ? » Les consultants télé s’étouffent : « On tient peut-être le prochain crack. »
« Waouh, t’es devenu balèze ! »
Son père Abou, dans les tribunes, n’en revient pas
Un profil qui sort du lot
Ce qui frappe chez Kader Meïté, ce n’est pas seulement la vitesse ou la technique. C’est la maturité. À 18 ans, il parle déjà comme un vieux briscard. Calme, posé, toujours le mot juste. Il dit merci à tout le monde, cite ses éducateurs de quartier, rend hommage à son père qui a tout sacrifié.
Physiquement, il a pris une autre dimension. 1m85, 78 kg de muscles secs, une détente qui fait mal aux gardiens. Il court le 100m en moins de 11 secondes, d’après les tests internes. Autant dire qu’une fois lancé, c’est presque impossible à rattraper.
- Polyvalent : il peut jouer pointe, ailier droit ou gauche
- Finition clinique : déjà 7 buts et 4 passes décisives cette saison
- Vue du jeu exceptionnelle pour son âge
- Mental d’acier : jamais impressionné, même au Parc
Le retour au Parc, neuf mois plus tard
Ce samedi 6 décembre 2025, il revient là où tout a commencé pour lui. Mais cette fois, ce n’est plus un gamin dans les tribunes. C’est un titulaire du Stade Rennais qui pointe actuellement à la 4e place de Ligue 1. Les rôles sont inversés : ce sont les supporters parisiens qui risquent de le découvrir… ou de le redouter.
À Rennes, on le protège encore un peu. On parle de gestion de l’exposition médiatique, de charge d’entraînement adaptée. Mais sur le terrain, il n’y a plus de traitement de faveur : il joue, il performe, il impressionne match après match.
J’ai discuté avec un proche du club breton il y a quelques jours. Il m’a glissé : « Franchement, on n’a jamais vu une progression aussi rapide ici. Même Kalimuendo ou Camavinga à l’époque n’avaient pas ce niveau à 18 ans. » Quand vous entendez ça, vous comprenez que quelque chose de grand est en train de se passer.
Et demain ?
La question que tout le monde se pose : jusqu’où ira-t-il ? Les grands clubs européens ont déjà coché son nom. On parle d’intérêts concrets outre-Manche et en Allemagne. Mais à Rennes, on veut le garder encore un peu. « Il a tout à apprendre ici avant de partir », répète Julien Stéphan.
En attendant, Kader Meïté continue son bonhomme de chemin. Il poste parfois des stories où on le voit bosser tard le soir à la salle, ou rentrer chez lui à Villejuif voir la famille. Il n’a pas oublié d’où il vient. Et c’est peut-être ça, au final, le plus beau dans son histoire.
Parce que derrière le joueur prometteur, il y a un gamin du 94 qui a réussi à transformer son rêve en réalité. En accéléré, certes. Mais avec une détermination qui force le respect.
Alors ce samedi, quand il foulera la pelouse du Parc des Princes, il y aura sans doute un petit sourire en coin des lèvres. Celui de celui qui a fait tout ce chemin. De Villejuif à la Ligue 1. En un clignotant.
Et vous, vous y croyez à ce genre d’histoires ? Moi, en tout cas, j’ai hâte de voir la suite. Parce que des joueurs comme Kader Meïté, il n’y en a pas tous les quatre matins. Et quand l’un d’eux passe dans votre championnat, vous avez intérêt à en profiter.
