Il y a des histoires dans le monde du trot qui vous prennent aux tripes. Des histoires où l’argent, les stratégies et les calculs passent parfois au second plan, derrière une simple idée : le bonheur du cheval. Ce samedi 6 décembre à Vincennes, quand les lumières du mythique hippodrome parisien s’allumeront pour le Quinté, un homme retiendra son souffle plus que les autres. Cet homme, c’est Jocelyn Robert, et son champion s’appelle Lovino Bello. On va plonger ensemble dans cette aventure qui sent la paille, la cendrée et surtout une passion dévorante.
Lovino Bello, l’étoile qui monte sous une nouvelle écurie
Depuis quelques semaines, le petit monde du trot attelé ne parle que de ça : Lovino Bello a changé d’écurie. Exit l’ancien mentor, place à Thierry Duvaldestin, l’un des entraîneurs les plus respectés de la profession. Un choix qui n’a rien d’anodin quand on connaît le palmarès du bonhomme et surtout la philosophie de Jocelyn Robert, le propriétaire.
Parce que oui, derrière chaque grand cheval, il y a souvent un propriétaire qui vit les courses comme on vit un amour : avec le cœur. Jocelyn Robert, installé près du Mans, n’échappe pas à la règle. Et franchement, quand on regarde le parcours récent de son protégé, on comprend pourquoi il dort à moitié la nuit en ce moment.
Un palmarès qui fait déjà rêver
Revenons deux ans en arrière. En 2023, Lovino Bello commence à pointer le bout de son chanfrein dans les belles épreuves. Et là, c’est l’explosion. Neuf victoires de Groupe, dont deux au plus haut niveau – le Graal pour tout propriétaire qui se respecte. Le genre de performances qui vous font passer des nuits blanches, mais des nuits heureuses.
Le moment fort ? Sans hésiter, cette deuxième place dans le Critérium des 4 ans en septembre dernier. Une course où il a fallu rendre 25 mètres aux meilleurs, et où Lovino a failli créer l’exploit absolu. Je me souviens encore de la photo finish : un nez, un petit nez qui sépare la gloire du « presque ». Ce jour-là, Jocelyn Robert a pleuré. Pas de tristesse, non. De fierté pure.
« Ce cheval, c’est plus qu’un investissement. C’est un membre de la famille. »
Jocelyn Robert, propriétaire et passionné inconditionnel
Pourquoi changer d’entraîneur maintenant ?
C’est la question que tout le monde se posait quand la nouvelle est tombée. Passer chez Thierry Duvaldestin, c’est un peu comme confier son enfant à un professeur particulier d’excellence quand on sent qu’il peut viser les étoiles. Duvaldestin, c’est la rigueur, la science de la préparation, l’expérience des grands rendez-vous. Et surtout, c’est un homme qui parle aux chevaux.
Mais attention, le message de Jocelyn Robert est clair : ce n’est pas une question de résultats à tout prix. Le propriétaire l’a répété plusieurs fois dans les couloirs de Vincennes : « Je pense avant tout aux intérêts du cheval ». Traduction ? Si Lovino a besoin de repos, il aura du repos. Si une course est trop dure pour son moral ou son physique, on passera notre tour. C’est rare dans le milieu, et c’est beau.
- Un cheval suivi comme une star de cinéma
- Des décisions prises avec le cœur autant qu’avec la raison
- Une relation propriétaire-cheval qui dépasse le simple cadre sportif
Le Quinté de ce samedi : une occasion en or ?
Maintenant, place au concret. Ce samedi, Vincennes accueille un Quinté qui s’annonce ouvert, mais où Lovino Bello aura une chance sérieuse. La distance, le profil de la piste, le numéro derrière les ailes de l’autostart : tout semble aligné. Et avec Duvaldestin aux commandes, on sait que la mise au point sera millimétrée.
Alors oui, il y aura des clients. Des chevaux en pleine forme, des drivers de premier plan, la concurrence habituelle du meeting d’hiver. Mais Lovino a déjà prouvé qu’il pouvait battre n’importe qui sur une piste où il adore courir. Et puis, il y a cette petite flamme dans l’œil qu’on voit chez les champions quand ils sentent que c’est leur jour.
Personnellement, j’ai un faible pour ces histoires où la passion prend le dessus sur le calcul froid. Quand un propriétaire préfère voir son cheval heureux et deuxième plutôt que première et épuisé. C’est peut-être naïf, mais c’est ce qui fait la beauté de notre sport.
Jocelyn Robert, l’homme derrière le rêve
Installé à Saint-Georges-du-Bois, dans la Sarthe, Jocelyn Robert n’est pas du genre à faire la une des magazines people. Pourtant, son écurie commence à devenir une référence. Des victoires en Groupe qui s’enchaînent, des chevaux bien nés, mais surtout une façon de voir les choses qui change des standards.
Il le dit lui-même : il pourrait courir plus souvent, viser plus de primes, remplir l’agenda. Mais non. Chaque décision est pesée, discutée, réfléchie. Le cheval d’abord, toujours. C’est vieux jeu ? Peut-être. Mais quand on voit Lovino Bello trotter comme il le fait, on se dit que la méthode fonctionne plutôt pas mal.
« Gagner, c’est magnifique. Mais voir son cheval heureux sur la piste, ça n’a pas de prix. »
Et après ? Les rêves ne s’arrêtent pas là
Si Lovino Bello brille ce samedi, la suite logique, c’est le Prix de France, le Prix d’Amérique, tous ces monuments qui font vibrer Vincennes chaque hiver. Mais Jocelyn Robert ne veut pas brûler les étapes. Le cheval a 5 ans, il est dans la force de l’âge, mais il faut gérer la monture comme un trésor fragile.
Et quelque part, c’est ça qui rend l’histoire encore plus belle. Dans un monde où tout va trop vite, où on demande parfois l’impossible aux athlètes à quatre pattes, entendre un propriétaire dire « on verra, l’important c’est qu’il soit bien »… ça fait du bien.
Alors oui, samedi soir, je serai comme des milliers de turfistes devant ma télé ou dans les tribunes de Vincennes. Je regarderai Lovino Bello, ce grand alezan qui porte les espoirs d’un homme qui aime son cheval plus que la gloire. Et quelque part, j’espère qu’il gagnera. Pas seulement pour le Quinté, pas seulement pour le tiercé dans l’ordre. Mais parce que des histoires comme celle-là, on n’en a jamais assez.
Allez Lovino. Allez Jocelyn. Et merci pour cette belle leçon de passion.
(Article rédigé avec le cœur, comme toujours quand il s’agit de ces magnifiques athlètes qui nous font vibrer chaque week-end sur la cendrée de Vincennes.)
