Vous souvenez-vous de la dernière fois où un petit club de quartier a fait trembler tout un monde de football plus huppé ? Moi oui, et ça sent encore la poudre ce soir en Seine-Saint-Denis.
Le FC Montreuil, modeste pensionnaire de Régionale 1, vient de vivre une semaine complètement dingue. Victoire aux tirs au but contre Granville (N2), qualification historique pour les 32es de finale… et puis bam, une réclamation qui tombe comme un couperet. Trois joueurs soi-disant suspendus. Fin de l’histoire ? Pas du tout.
Une qualification validée, mais à quel prix ?
Ce vendredi, la commission fédérale a rendu son verdict : le FC Montreuil reste bel et bien qualifié. Granville repart bredouille malgré un dossier qu’ils estimaient béton. Et franchement, on comprend que ça coince dans certaines gorges.
Parce que oui, trois joueurs montreuillois avaient bien écopé de cartons jaunes en trop. Oui, ils auraient dû être suspendus… mais seulement si on applique le règlement national à la lettre. Et c’est là que tout se complique.
Le petit règlement qui change tout
En fait, Montreuil évolue en championnat régional, pas national. Et la Ligue Paris Île-de-France autorise clairement à purger ces suspensions dans n’importe quelle compétition officielle sous sa coupe. C’est exactement ce qu’a fait le club : un match de Coupe de Paris contre Tremblay en semaine, trois joueurs sur le banc de la sanction, et hop, compteur remis à zéro pour le week-end suivant.
Technique ? Peut-être. Astucieuse ? Clairement. Illégale ? Non, selon le règlement qui s’applique à eux.
« Nos trois joueurs ont purgé leur match de suspension mercredi soir. Ils étaient parfaitement qualifiés samedi. »
Samy Guenfoud, entraîneur du FC Montreuil
La Fédération, elle, a tiqué sur la méthode. On sent qu’elle n’apprécie pas trop ce genre de “bricolage”. Mais elle n’a pas pu faire autrement que de valider. Le règlement régional prime pour un club régional. Point final.
Granville, la frustration légitime d’un battu fair-play
De l’autre côté, on imagine sans peine la colère froide des Normands. Ils sortent d’un match héroïque perdu aux tirs au but, découvrent que trois adversaires auraient pu (dû ?) être absents, et déposent réclamation avec des preuves solides. Pour eux, c’est une question de justice sportive.
Et honnêtement, on peut les comprendre. Dans le foot pro, ce genre d’histoire aurait fait trois jours de plateau télé. Là, c’est le monde amateur, mais la pilule est tout aussi amère.
- Ils ont vérifié les cartons un par un
- Ils ont monté un dossier dès le lundi matin
- Ils ont communiqué publiquement, sans langue de bois
Respect pour la démarche, même si le résultat n’est pas celui espéré.
Montreuil, le Petit Poucet qui ne veut pas lâcher
Pour Montreuil, c’est tout simplement le plus beau moment de l’histoire du club. Premier 32e de finale de Coupe de France. Un exploit qui dépasse largement le terrain.
Dans les quartiers, on ne parle que de ça. Les gamins du coin voient soudain que oui, c’est possible. Un club de R1 peut aller chatouiller les plus gros, tenir tête aux instances, et gagner.
Le match contre Chauvigny (N3) aura lieu le 21 décembre à 17h30 au stade Auguste-Delaune de Bobigny. Terrain neutre, ambiance garantie. Et cette fois, plus de polémique possible : tout le monde sera clean.
Ce que cette histoire nous dit du foot français
Au-delà du résultat, cette affaire met en lumière une réalité qu’on oublie souvent : il existe deux mondes dans le foot hexagonal.
D’un côté, le foot national avec ses règlements stricts, ses commissions, ses avocats presque. De l’autre, le foot régional, plus souple, plus humain, où on bricole parfois pour aligner onze joueurs le dimanche.
Et c’est peut-être ça, la beauté de la Coupe de France : ces deux mondes se croisent, se frottent, se chamaillent. Parfois ça grince, souvent ça fait des étincelles magnifiques.
La Coupe de France, c’est avant tout l’occasion pour les petits clubs de rêver en grand.
Montreuil a gagné son rêve. Granville a perdu son match, mais gagné le respect de beaucoup pour avoir osé soulever le lièvre. Et nous, on a eu droit à une belle page de foot populaire, avec ses zones grises et ses passions brutes.
Le 21 décembre, on sera nombreux devant nos écrans ou dans les travées de Bobigny. Pas forcément pour le niveau de jeu. Mais pour l’histoire. Parce que tant qu’il y aura des clubs comme Montreuil, la magie de la Coupe existera encore.
Et ça, aucune commission ne pourra jamais le suspendre.
