Vous vous souvenez de cette période, début 2000, où tout le monde chantait « Être à la hauteur » dans les cours de récré ? Moi oui. Et quand j’ai appris que la comédie musicale allait revenir vingt ans plus tard, j’avoue, j’étais partagé entre l’excitation et la crainte du « pourquoi toucher à un monument ? ». Eh bien hier soir, au Dôme de Paris, j’ai eu ma réponse. Et elle était magistrale.
Un pari fou qui sentait le souffre… et qui sent désormais le triomphe
Remonter Le Roi Soleil en 2025, c’était un peu comme décider de refaire Les Dix Commandements ou Notre-Dame de Paris. On se dit : « Ça va faire mal, les souvenirs sont trop forts. » Pourtant, dès que les lumières se sont éteintes jeudi soir, on a compris que quelque chose de spécial allait se passer. Le public ? Du jamais-vu : des quarantenaires qui connaissaient chaque parole par cœur, des ados venus avec leurs parents, et même des gamins de 10 ans qui reprenaient « Je fais de toi mon essentiel » comme si c’était sorti hier. Générationnel, le mot est faible.
Le rideau ne s’ouvre pas classiquement. Non. Le peuple surgit carrément des travées, passe à côté de vous, vous frôle, hurle, avant de littéralement envahir la scène. Effet garanti : on est debout dès la première minute. Frissons.
Emmanuel Moire : toujours ce charisme de roi, en plus mûr
Quand il apparaît, costumé en Louis XIV jeune, la salle explose. Vraiment. Il n’a pas pris une ride vocalement, et scéniquement il a gagné une assurance dingue. On sent l’expérience, la maturité. Sa voix reste ce mélange unique de douceur et de puissance qui avait fait craquer la France entière en 2005. Mais là, il y a quelque chose en plus : il joue. Vraiment. Les silences, les regards, les gestes… tout est plus fin, plus poignant.
« Reprendre ce rôle vingt ans après, c’est comme retrouver un vieil ami qu’on n’a jamais vraiment quitté. »
Emmanuel Moire, en coulisses après la première
Et le public le lui rend bien. À chaque solo, c’est l’ovation. « S’aimer est-il un crime ? » avec Lou Jean (Marie Mancini) ? J’ai vu des gens pleurer carrément. Moi le premier, je l’avoue sans honte.
Une mise en scène boostée aux watts (et aux nouvelles technos)
Kamel Ouali n’a pas simplement dépoussiéré son ancienne chorégraphie. Il l’a carrément réinventée. Les tableaux sont plus fluides, plus cinématographiques. Là où en 2005 on avait des décors peints, on a maintenant des projections mapping hallucinantes sur scène entière. Versailles qui s’effondre, la Fronde, la lune rouge sang pendant les messes noires de Madame de Montespan… c’est beau à couper le souffle.
Petit coup de cœur personnel : l’apparition du lion qui traverse la salle. Oui, un vrai moment de « what the hell » collectif quand la bête (magnifique animatronique + projection) passe à 50 cm de vos genoux. Les enfants hurlaient de joie, les adultes aussi, soyons honnêtes.
- Effets LED immersifs qui changent selon l’émotion du tableau
- Vidéo mapping 360° sur tout le dôme
- Costumes revisités avec tissus techniques qui captent la lumière
- Son spatialisé qui vous enveloppe complètement
Résultat ? Même si vous connaissiez le spectacle par cœur, vous redécouvrez tout. C’est à la fois fidèle et totalement neuf. Le dosage parfait.
Le nouveau casting : du sang neuf qui fait un bien fou
Forcément, tout le monde n’est pas revenu. Et franchement ? C’est une excellente chose. Lou Jean en Marie Mancini apporte une fragilité touchante, Vanina Pietri est une révolutionnaire crédible et touchante, Louis Delort explose en Monsieur (le frère du roi) avec une énergie folle – mention spéciale à ses scènes avec les mignons, complètement déjantées et ultra modernes.
Margaux Heller en Madame de Montespan ? Une bombe. Sensuelle, inquiétante, magnétique. Sa scène des messes noires avec les projections lunaires reste gravée dans ma rétine. Et Clara Poulet qui clôt le spectacle en Madame de Maintenon triomphante… standing ovation garantie.
Le public : l’autre star de la soirée
Je n’avais jamais vu ça. À la fin, plus personne n’était assis. Tout le monde debout, bras en l’air, chantant « Tant qu’on rêve encore » à tue-tête. Les artistes eux-mêmes semblaient émus aux larmes. Dove Attia et Kamel Ouali sont montés sur scène pour le salut final, et là… c’est tout le Dôme qui s’est mis à scander leurs noms. Moment rare.
On sent que ce n’est pas juste une reprise opportuniste. C’est un vrai projet de passion. Ils y ont mis les moyens, le cœur, et une envie folle de bien faire. Et ça se voit à chaque seconde.
Alors, faut-il y aller ?
La réponse est oui. Mille fois oui. Que vous ayez 7 ou 77 ans, que vous connaissiez déjà ou que vous découvriez. C’est une parenthèse enchantée de presque trois heures où on oublie tout. Où on rit, où on pleure, où on chante à nouveau 15 ans le temps d’un soir.
Les places au Dôme de Paris partent comme des petits pains (beaucoup de dates déjà complètes), et la tournée 2026 s’annonce monumentale. Si vous hésitez encore… arrêtez. Foncez. Vous ne le regretterez pas.
Parce qu’au fond, Le Roi Soleil n’est pas juste une comédie musicale. C’est un phénomène culturel qui traverse les générations. Et vingt ans après, il brille plus fort que jamais.
Prochaines dates au Dôme de Paris jusqu’à fin décembre 2025, puis tournée nationale dès janvier 2026. Réservez vite, ça va partir très très vite.
