Imaginez : vous êtes en décembre, le tirage au sort vient de tomber, vous connaissez déjà deux adversaires costauds et, pourtant, il reste une case vide dans votre calendrier. C’est exactement ce que vivent les supporters des Bleus en ce moment. Le troisième larron du groupe I ne sera connu qu’au printemps prochain. Frustrant ? Un peu. Excitant ? Carrément.
Un groupe I à trois visages… pour l’instant
Le sort a été plutôt clément avec l’équipe de France, du moins sur le papier. Un match d’ouverture contre le Sénégal, champion d’Afrique en titre et bourreau des Bleus en 2002, puis une dernière journée face à une Norvège revigorée par Haaland et Ødegaard. Entre les deux, une grande inconnue : le vainqueur des barrages intercontinentaux. Et c’est là que tout devient intéressant.
Parce que oui, les Bleus ne sont pas les seuls à attendre. Trois nations vont se battre pour une seule place, et le verdict tombera les 26 et 31 mars 2026 à Monterrey, au Mexique. Trois équipes, deux matchs, un billet pour le plus grand tournoi du monde. On est loin des habituels barrages européens à sens unique ; ici, c’est du pur suspense sud-américain/asiatique.
Comment fonctionnent ces barrages intercontinentaux ?
Petit rappel pour ceux qui auraient raté l’épisode. La FIFA a réservé deux places supplémentaires via des barrages intercontinentaux pour ce Mondial à 48 équipes. Six nations y participent : une d’Asie (AFC), une d’Afrique (CAF), une d’Amérique du Sud (CONMEBOL), une d’Amérique du Nord/Centre/Caraïbes (CONCACAF) et deux d’Océanie (OFAC). Elles sont réparties en deux triangulaires.
Le chemin qui nous intéresse est le suivant :
- Demi-finale : Bolivie – Suriname (26 mars)
- Finale : Vainqueur – Irak (31 mars)
L’Irak, grâce à son meilleur classement FIFA, passe directement en finale. Avantage non négligeable quand on connaît l’altitude de Monterrey (540 m, mais ça reste jouable) et la chaleur printanière mexicaine.
Zoom sur les trois prétendants
L’Irak, on l’a dit, part favori. Les Lions de Mésopotamie restent sur une campagne de qualification asiatique impressionnante (invaincus dans leur groupe derrière le Japon). Jesús Casas, l’entraîneur espagnol, a réussi à sa disposition une génération dorée : Aymen Hussein meilleur buteur des éliminatoires asiatiques, Ali Al-Hamadi (Ipswich) en forme olympique, et une défense solide. Franchement, si je devais parier aujourd’hui, mon argent irait sur eux.
La Bolivie version 2026 n’a plus grand-chose à voir avec celle qu’on moquait il y a dix ans. Antônio Carlos Zago a installé un vrai projet, les jeunes poussent (Miguel Terceros, Lucas Chávez, Jaume Cuéllar) et surtout, ils ne jouent plus tous leurs matchs à 4000 m d’altitude. Résultat : des victoires à l’extérieur, chose impensable autrefois. Attention, ça peut faire mal.
Le Suriname est l’outsider romantique. Une sélection composée presque exclusivement de joueurs nés aux Pays-Bas (Sheraldo Becker, Ridgeciano Haps, Kenneth Paal, Myenty Abena…) qui a choisi de défendre les couleurs de ses ancêtres. Ils ont déjà créé la surprise en éliminant la Guyana et Haïti. S’ils passent la Bolivie, ils seront le petit Poucet le plus dangereux du tournoi.
« On a l’équipe pour créer la surprise. On respecte tout le monde, mais on ne craint personne. »
– Dean Gorré, sélectionneur du Suriname
Pourquoi ces barrages sont une vraie bonne nouvelle pour les Bleus
Beaucoup de supporters râlent : « Encore attendre quatre mois, c’est long ! » Moi je vois plutôt le verre à moitié plein. D’abord, aucun des trois ne fait partie des vingt meilleures nations mondiales. Ensuite, ils arriveront forcément fatigués : saison européenne qui se termine, voyage long, adaptation climat… Enfin et surtout, Didier Deschamps aura trois scénarios précis à préparer dès le mois d’avril au lieu d’un adversaire flou.
Petit flashback : avant le Mondial 2022, les Bleus avaient aussi eu un barragiste (l’Australie). Résultat ? 4-1 en ouverture et un début de compétition lancé tambour battant. L’histoire peut se répéter.
Le calendrier précis des barrages (à retenir !)
| Date | Match | Date | Lieu |
| Demi-finale | Bolivie – Suriname | 26 mars 2026 | Estadio BBVA, Monterrey |
| Finale | Vainqueur – Irak | 31 mars 2026 | Estadio BBVA, Monterrey |
Les matchs seront diffusés en Europe aux alentours de 2-3h du matin (heure française). Préparez le café.
Et si on rêvait un peu ? Les scénarios possibles pour les Bleus
- Scénario 1 – L’Irak qualifié
Adversaire le plus coriace des trois. Pressing haut, transitions rapides, public acquis à leur cause (nombreuse communauté irakienne aux USA). Match piège assuré. - Scénario 2 – La Bolivie qualifiée
Physique, combatif, mais techniquement limité. Les Bleus auraient l’avantage du talent individuel. Probablement le scénario le plus favorable. - Scénario 3 – Le Suriname qualifié
L’histoire magnifique. Une équipe joueuse, technique, mais sans expérience à ce niveau. Les Bleus pourraient se régaleraient… mais attention à l’excès de confiance.
Quel que soit le vainqueur, il arrivera avec l’étiquette « outsider » et rien à perdre. C’est exactement le genre de matchs que les grandes nations détestent.
En attendant mars, que va faire le staff des Bleus ?
Didier Deschamps et son équipe vont évidemment envoyer des observateurs à Monterrey. Mais dès janvier, les analyses vidéo commenceront sur les trois équipes. On imagine déjà Guy Stéphan en train de décortiquer chaque coup de pied arrêté bolivien ou chaque contre surinamien.
Et puis il y a la préparation mentale. Lors de la dernière trêve internationale de mars, les Bleus affronteront la Colombie et le Brésil en amical. Deux gros tests sud-américains qui tombent à pic pour se mettre dans le bain avant d’affronter… un Sud-Américain ou presque.
Le football a cela de magique : même quand on croit tout savoir, il reste toujours une part d’inconnu. En juin 2026, quand les Bleus fouleront la pelouse pour leur deuxième match de poule, ils connaîtront enfin le nom écrit sur le maillot d’en face. D’ici là, on aura le temps de spéculer, d’espérer, de trembler un peu.
Et vous, vous pariez sur qui ? L’Irak et son expérience, la Bolivie et sa hargne, ou le Suriname et son rêve fou ? Réponse dans moins de quatre mois. Le compte à rebours est lancé.
P.S. : Si quelqu’un avait dit il y a vingt ans que la France pourrait affronter le Suriname en Coupe du Monde, on l’aurait pris pour un fou. Le football n’a pas fini de nous surprendre.
