Vous vous souvenez tous de cette soirée du 31 mai 2002 ? Moi oui, comme si c’était hier. Le Stade de Séoul, l’équipe de France championne du monde en titre qui entre sur la pelouse avec l’étiquette de grandissime favorite, et puis ce but de Papa Bouba Diop à la 30e minute. Un séisme. Le début d’une aventure folle pour le Sénégal et l’une des plus grosses humiliations de l’histoire des Bleus. Vingt-trois ans plus tard, le destin nous offre un remake. Et franchement, ça donne des frissons.
2002-2026 : quand l’histoire bégaie… ou pas
Le tirage au sort a parlé. Groupe I : France, Sénégal, Norvège et le vainqueur du barrage intercontinental (Bolivie, Suriname ou Irak). Sur le papier, c’est costaud. Mais dans les têtes sénégalaises, c’est surtout un parfum de revanche qui flotte. Ou plutôt de confirmation. Parce qu’en 2002, battre la France n’était pas un exploit isolé : c’était le début d’un parcours jusqu’en quart de finale. Le sélectionneur d’aujourd’hui ? Pape Thiaw. Oui, le même qui portait le maillot vert il y a vingt-trois ans.
Quand on lui tend le micro après le tirage, il reste calme. Trop calme même. Le genre de calme qui cache une envie féroce.
« La victoire de 2002 est historique, mais l’histoire, elle, ne comptera pas sur le terrain. »
Pape Thiaw, sélectionneur du Sénégal
Il a raison, bien sûr. Sur 90 minutes (voire 120), les souvenirs ne pèsent pas lourd. Mais avouons-le : dans le foot, ils pèsent parfois une tonne.
Pape Thiaw, l’homme qui connaît les deux côtés de la pièce
Ce qui rend cette confrontation si particulière, c’est lui. Thiaw a joué en France pendant plus de dix ans : Saint-Étienne, Istres, Strasbourg, Metz… Il parle français comme vous et moi, il connaît la culture, les joueurs, les mentalités. Il a même voyagé en avion avec Didier Deschamps vers les États-Unis pour le tirage.
Ils se sont regardés dans le blanc des yeux, ont souri poliment et se sont dit : « On espérait ne pas tomber l’un contre l’autre. » Le foot, parfois, a un sens de l’humour assez cruel.
« La France, c’est mon deuxième pays. J’y ai tout appris. Mais aujourd’hui, je défends les couleurs de mon pays. »
Cette phrase résume tout. Respect, affection… et détermination absolue quand le coup d’envoi retentira.
Un groupe I qui ne fait peur à personne… ou presque
Regardons les autres équipes de près. La Norvège d’Haaland et Ødegaard, c’est du très lourd. Un style de jeu direct, physique, avec deux monstres capables de faire basculer un match à eux seuls. Et puis il y a ce quatrième larron qui sortira des barrages. Peu importe qui ce sera, il aura déjà prouvé qu’il avait du caractère.
Mais pour le Sénégal, la vraie référence reste la France. Pas seulement à cause de 2002, mais parce que les Lions savent qu’ils ont les armes pour rivaliser. Depuis 2018, ils jouent les premiers rôles sur la scène africaine : vainqueurs de la CAN 2021, demi-finalistes en 2019, quarts au Mondial 2022. Ce n’est plus une équipe surprise. C’est une équipe attendue.
Mbappé, le facteur X que tout le monde surveille
Évidemment, il y a lui. Kylian Mbappé. Le joueur le plus rapide, le plus décisif, peut-être le plus effrayant du monde en ce moment. Pape Thiaw le sait mieux que quiconque.
Sa réponse ? Classique, mais lourde de sens :
« Kylian fait des merveilles, mais on va se concentrer sur le collectif français, pas sur un seul joueur. »
Traduction : on ne va pas lui laisser un mètre. Kalidou Koulibaly (s’il est encore là), Édouard Mendy, Idrissa Gueye… ils connaissent la chanson. Et ils savent que pour battre cette France-là, il faudra être parfait défensivement et assassin en contre.
Comme en 2002, finalement.
Et si c’était plus qu’un match de poule ?
Imaginons une seconde. Le Sénégal termine deuxième du groupe derrière la France (ou l’inverse, soyons fous). Les deux équipes se retrouvent en huitièmes, ou pire, en finale. Le scénario est possible. Le format à 48 équipes ouvre des boulevards inattendus.
Et là, toute l’Afrique retiendrait son souffle. Parce que battre la France une fois, c’était beau. La battre deux fois en une seule compétition ? Ce serait légendaire.
- 2002 : le Sénégal élimine la France dès le premier match et sort premier du groupe
- 2026 : et si l’histoire se répétait… en plus grand ?
Je ne dis pas que ça va arriver. Je dis juste que le foot nous a déjà offert des scénarios complètement dingues. Et que ce groupe I sent la poudre dès le mois de juin 2026.
Conclusion : entre respect et envie de mordre
Ce France-Sénégal, ce n’est pas une simple affiche. C’est un choc de générations, un duel entre deux footballs, deux cultures, deux histoires intimement liées. Il y aura de l’émotion, des larmes peut-être, et surtout 90 minutes de tension maximale.
Pape Thiaw le sait. Didier Deschamps aussi. Les joueurs des deux côtés grandissent avec cette référence de 2002 dans un coin de la tête. Les uns veulent laver l’affront. Les autres veulent prouver que ce n’était pas un accident.
Moi ? Je ne prends parti pour personne. Je prends juste date. Parce que ce match-là, on en parlera encore dans vingt ans.
Et vous, vous misez sur qui ?
