Imaginez la scène : vous êtes tranquillement devant le tirage au sort de la Coupe du Monde 2026, et soudain le président des États-Unis lâche une petite bombe en direct mondial. « On doit trouver un autre nom à ce truc de la NFL. » Boom. Donald Trump vient de relancer, avec son sens habituel du timing, une guerre qui couve depuis quarante ans entre lui et le football américain. Et franchement, on savait qu’il adorait le spectacle, mais là, il passe au niveau supérieur.
Ce n’est pas juste une blague de plus. Quand Trump dit que le soccer mérite enfin le vrai nom de football, il touche à quelque chose de sacré outre-Atlantique. Aux États-Unis, appeler le ballon rond « football » relève presque de l’hérésie pour certains. Et pourtant, il l’a fait, sourire en coin, devant Gianni Infantino et des millions de téléspectateurs.
Une déclaration qui n’est pas sortie de nulle part
Revenons un instant sur le contexte. Le Mondial 2026 arrive à grands pas, co-organisé par les États-Unis, le Mexique et le Canada. C’est l’événement sportif le plus regardé de la planète, et Trump, qui reçoit le tirage à Washington, veut clairement marquer son territoire. Mais derrière la boutade, il y a une rancœur ancienne, presque shakespearienne.
Depuis les années 80, l’homme d’affaires puis président entretient une relation… disons compliquée avec la National Football League. Et quand je dis compliquée, c’est un euphémisme. On parle d’échecs cuisants, de procès, de rêves brisés et même, selon certains, d’une candidature à la Maison Blanche en partie motivée par la vengeance.
Les années 80 : quand Trump voulait faire trembler la NFL
Tout commence en 1983. À 37 ans, Donald Trump est déjà un promoteur immobilier connu à New York. Il rêve de gloire sportive. Il tente d’abord d’acheter les Dallas Cowboys – échec. Puis il se rabat sur l’USFL, une ligue concurrente qui démarre au printemps pour ne pas gêner la NFL.
Trump rachète les New Jersey Generals. Son plan ? Déplacer la saison de l’USFL à l’automne pour concurrencer directement la grande ligue, forcer une fusion et récupérer une franchise NFL à moindre coût. Il pousse même l’idée d’un stade Trump à Manhattan. Ambitieux, le garçon.
Mais la NFL ne se laisse pas faire. Procès en 1986. L’USFL gagne… symboliquement. Trois dollars de dommages et intérêts (oui, vous avez bien lu : trois dollars). La ligue alternative coule, endettée jusqu’au cou. Premier gros camouflet pour Trump.
« Ils m’ont détruit. Mais je reviendrai. »
– Une phrase attribuée à Trump à l’époque, rapportée par plusieurs témoins
2014 : les Buffalo Bills lui filent encore entre les doigts
Trente ans plus tard, nouvelle opportunité. Les Buffalo Bills, franchise historique, sont en vente. Trump annonce une offre à un milliard cash. On le voit déjà en propriétaire, casquette aux couleurs de l’équipe.
Mais non. Terry Pegula, propriétaire des Sabres de Buffalo (hockey), rafle la mise à 1,4 milliard. Les propriétaires NFL votent contre Trump. Selon le chroniqueur Stephen A. Smith, c’est à ce moment précis que Trump aurait dit à un proche : « S’ils me bloquent, je vais me présenter à la présidence et leur faire regretter. » Vrai ou légende urbaine ? En tout cas, le timing colle parfaitement.
Kaepernick, les genoux et la guerre culturelle
Puis arrive 2016. Colin Kaepernick s’agenouille pendant l’hymne national pour protester contre les violences policières. Trump y voit une aubaine. Meetings après meetings, il tape sur les joueurs, sur la ligue, demande que les « fils de p*** » soient virés. La NFL devient un symbole de tout ce qu’il combat dans sa campagne.
La ligue tente une politique : rester debout ou rester au vestiaire. Puis, après la mort de George Floyd, Roger Goodell fait marche arrière et soutient les protestations pacifiques. Nouveau revers pour Trump. Shahid Khan, propriétaire des Jaguars, lâche même : « Il est jaloux d’une marque qu’il n’a jamais pu contrôler. » Aïe.
Les visites (ou pas) à la Maison Blanche
Traditionnellement, le champion du Super Bowl est reçu à la Maison Blanche. Sous Trump, ça devient politique.
- 2017 : les Patriots. Tom Brady et une partie de l’équipe snobent l’invitation.
- 2019 : les Eagles avaient déjà annulé avant même d’être champions (Trump avait retiré l’invitation après leurs déclarations).
- 2025 : les Chiefs gagnent encore. Moins de la moitié de l’équipe vient. Jalen Hurts brille par son absence.
Chaque fois, c’est un petit rappel : la NFL reste intouchable, même pour un président.
Et aujourd’hui, pourquoi relancer la machine ?
Revenons à ce fameux soir de décembre 2025. Trump est invité au tirage du Mondial. Il reçoit même un prix de la paix FIFA (oui, oui). L’ambiance est à la célébration du soccer qui monte en puissance aux États-Unis – merci Messi à Miami, merci la MLS qui cartonne, merci le Mondial qui arrive.
Et là, paf. La phrase. « C’est ÇA le football. Pas l’autre truc avec les casques. » La salle rit jaune. Infantino enchaîne en disant que le Mondial 2026 fera l’équivalent de 104 Super Bowls en audience. Sous-entendu : le soccer est en train de rattraper, voire dépasser, le roi NFL sur la scène mondiale.
Pour Trump, c’est l’occasion parfaite. D’un côté, il flatte son nouvel allié FIFA et le soccer en pleine croissance. De l’autre, il envoie un missile gratuit à la ligue qui l’a toujours rejeté. C’est du Trump pur jus : spectacle, revanche, et un zeste de troll.
Le soccer va-t-il vraiment voler le nom « football » aux États-Unis ?
Évidemment non. Le football américain, c’est une religion. Le Super Bowl, c’est plus qu’un match, c’est un événement culturel. Les traditions sont ancrées depuis plus d’un siècle. Changer le nom ? Impensable.
Mais le symbole est fort. Le soccer progresse à vitesse grand V chez les jeunes. Les audiences MLS explosent. Et le Mondial 2026, avec 48 équipes et des stades pleins aux USA, va accélérer le mouvement. Trump, en disant ça, se place simplement du côté de l’histoire… ou du moins de celle qu’il veut écrire.
Et puis soyons honnêtes : voir le président des États-Unis troller la NFL en direct mondial, devant des milliards de personnes qui appellent déjà ça football partout ailleurs, c’est savoureux. Un peu comme si un Français demandait à renommer le rugby « handball avec mêlées ».
Ce que ça nous dit du sport et de la politique
L’histoire Trump-NFL, c’est aussi l’histoire du sport américain devenu champ de bataille culturel. Un propriétaire qui soutient Black Lives Matter ? Polémique. Un joueur qui s’agenouille ? Trahison nationale pour certains. Le sport n’est plus seulement du sport.
Et Trump, maître dans l’art de surfer sur ces divisions, continue de jouer. Sa sortie sur le « vrai football » n’est pas anodine à six mois du Mondial. C’est une façon de rappeler qu’il est toujours là, qu’il peut encore faire parler, même sur un terrain de foot.
Alors non, la NFL ne va pas devenir la National Hand-Egg League demain matin. Mais l’idée est plantée. Et quelque part, dans un coin de Floride, un ancien propriétaire de casino devenu président doit bien rigoler en imaginant la tête des patrons de la ligue.
Le football, le vrai, arrive en force. Et Trump, même s’il ne le dit pas comme ça, vient de choisir son camp.
Et vous, vous en pensez quoi ? Le soccer mérite-t-il enfin le nom de football aux États-Unis ? Ou c’est toucher à un totem intouchable ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
