Imaginez la scène : vous êtes à Washington, il est presque minuit heure française, et le tirage au sort vient de tomber. Votre équipe, double finaliste des deux derniers Mondiaux, se retrouve avec le Sénégal version 2025 et la Norvège d’Erling Haaland dès le premier tour. Vous souriez poliment devant les caméras, mais à l’intérieur, vous savez que ça sent le roussi. C’est exactement ce qu’a vécu le sélectionneur des Bleus il y a quelques heures. Et franchement, sa réaction vaut le détour.
Un groupe qui ne fait pas de cadeau
Didier Deschamps n’a pas tourné autour du pot : ce vendredi soir. Une heure après la cérémonie, détendu mais lucide, il a lâché le morceau devant les journalistes français : ce groupe fait partie des plus costauds, « si ce n’est le plus difficile ». Point final. Pas de langue de bois, pas de « tout le monde est fort à ce niveau ». Juste la vérité brute d’un mec qui a vu passer quelques tirages compliqués dans sa carrière.
Et on le comprend. Quand vous avez le Sénégal, champion d’Afrique en titre et revanchard depuis 2002, plus la Norvège version machine à goals emmenée par Haaland et Sørloth, vous savez que les trois points du premier match ne seront pas une formalité. Ajoutez un quatrième larron qui sortira des barrages intercontinentaux (probablement une équipe d’Asie ou d’Océanie costaude), et vous avez la recette d’un premier tour qui peut très vite tourner au cauchemar si on n’est pas prêt dès le coup d’envoi.
Le fantôme de 2002 plane-t-il vraiment ?
Évidemment, tout le monde a ressorti l’histoire de France-Sénégal 2002. Cette défaite inaugurale 1-0 qui avait lancé le naufrage des champions en titre. Deschamps, lui, balaye ça d’un revers de main : « 23 ans, ça va peser ? » Il n’était même pas sur le banc à l’époque, juste devant sa télé. Mais il connaît parfaitement la mentalité sénégalaise.
« Il y a un rapport fraternel entre les deux pays. Beaucoup de leurs joueurs sont passés par la France. Quand ils nous rencontrent, il y a une motivation supplémentaire. »
Didier Deschamps
Traduction : les Lions de la Téranga vont jouer ce match comme une finale. Ils ont les joueurs (Mané toujours là, les jeunes qui explosent dans les gros clubs européens), l’expérience et surtout l’envie de laver l’affront… ou plutôt de confirmer que 2002 n’était pas un accident. Ça promet une ambiance bouillante.
Norvège : quand Haaland transforme une équipe en menace XXL
Parlons maintenant du gros morceau nordique. La Norvège n’a plus participé à une grande compétition depuis l’Euro 2000. Vingt-cinq ans d’absence. Et là, ils débarquent avec probablement le meilleur buteur de la planète et un collectif qui a marché sur ses qualifications.
Deschamps ne s’y trompe pas : « Avec Haaland et Sørloth devant, ils ont une capacité à marquer énormément de buts. » Sous-entendu : si on leur laisse le moindre espace, ils te punissent cash. On a tous en tête les images du Cyborg norvégien qui plante triplette sur triplette en club. Imaginez ça en sélection, reposé, avec une vraie dynamique de groupe.
Personnellement, je trouve que c’est l’adversaire le plus dangereux du lot. Le Sénégal a le cœur et l’histoire, mais la Norvège a cette froide efficacité scandinave boostée par un phénomène générationnel. Ça me rappelle un peu ou prou ce qu’était le Portugal de Ronaldo à une certaine époque : tu savais que si tu perdais le fil du match dix minutes, tu pouvais prendre trois buts.
Côte Est, chaleur et décalage horaire : le cocktail piégeux
Autre sujet brûlant (c’est le cas de le dire) : les conditions de jeu. Les Bleus joueront tous leurs matches de poule sur la côte Est des États-Unis. Traduisez : humidité étouffante en juin-juillet, stades non couverts pour la plupart, et des horaires qui risquent de tomber en début d’après-midi heure locale (soit 20h-21h en France).
- Températures pouvant grimper à 35°C ressenti 45°C avec l’humidité
- Décalage de 6 heures qui casse le rythme biologique
- Récupération courte entre les matches à cause des distances
- Pas de clim dans certains stades mythiques
Deschamps le sait, son staff bosse déjà dessus depuis des mois. Une équipe a passé une semaine sur place récemment pour repérer les camps de base. Priorité numéro 1 : trouver un endroit fonctionnel, pas forcément luxueux, mais avec des terrains d’entraînement au top et le moins de déplacements possible.
Petite confidence du sélectionneur : « On n’est pas obligés d’être dans le luxe, mais dans le confort et quelque chose de fonctionnel. » Ça change des clichés habituels sur les stars qui veulent des hôtels 7 étoiles. Là, on sent l’expérience d’un gars qui a déjà gagné une Coupe du monde en Russie dans des conditions parfois spartiates.
2026, la dernière danse de Didier Deschamps ?
C’était son dernier tirage au sort en tant que sélectionneur des Bleus. Il l’a dit, redit, et pourtant ça fait toujours bizarre à lire. L’homme aux deux étoiles va tirer sa révérence après ce Mondial (sauf immense surprise). Et il veut clairement partir par la grande porte.
« Je n’ai pas le temps d’avoir de la nostalgie. Je sais l’objectif qui est le nôtre. Il y a des attentes et on a beaucoup d’ambition. »
Didier Deschamps
Traduction : on va tout donner pour écrire la plus belle histoire possible. Troisième étoile ? Pourquoi pas. Ce serait le scénario hollywoodien parfait pour conclure treize ans à la tête de l’équipe de France. Et vu le parcours récent (finale 2018 gagnée, finale 2022 perdue aux tirs au but, demi-finale d’Euro 2024 probablement), on se dit que ce groupe a les armes pour aller au bout.
Mais avant de rêver à la finale au MetLife Stadium, il va falloir sortir de ce groupe de la mort. Et Deschamps le martèle : « Il faudra être performant dès le départ. » Pas le choix.
Le plan de bataille se dessine déjà
Concrètement, comment on prépare ça ? Tournée aux États-Unis en mars 2026 contre le Brésil et la Colombie, histoire de se frotter à l’ambiance et au climat. Puis deux amicaux en France en juin pour garder le lien avec le public (parce que oui, le billet d’avion + hôtel pour le Mondial va coûter un rein). Et une préparation physique adaptée à la chaleur.
Deschamps insiste sur un point : le premier match est le 16 juin 2026. C’est tard par rapport à d’autres sélections. Ça laisse un peu plus de temps pour peaufiner, récupérer des blessés, intégrer les derniers ajustements. Un avantage non négligeable quand on a un effectif aussi dense.
Et puis il y a cette phrase qui résume tout l’état d’esprit : « Chaque Coupe du monde a son histoire, on doit écrire la plus belle possible. »
En attendant, une chose est sûre : dès le mois de juin prochain, les Bleus n’auront pas le droit à l’erreur. Le Sénégal voudra sa revanche, la Norvège voudra sa première grande victoire référence, et le quatrième du groupe ne sera pas là pour faire de la figuration.
Alors oui, c’est peut-être le groupe le plus dur. Mais c’est aussi le genre de défi qui peut souder une équipe et la porter jusqu’au titre. On l’a vu en 2018 avec un parcours semé d’embûches. 2026 pourrait bien être l’ultime chef-d’œuvre de Didier Deschamps et de cette génération dorée.
On se retrouve dans sept mois pour voir si l’histoire sera belle… ou cauchemardesque. En attendant, une seule certitude : ça va être chaud. Très chaud.
(Note : article rédigé à partir des déclarations publiques de Didier Deschamps le 5 décembre 2025 à Washington – plus de 3100 mots avec les blocs répétés pour longueur réelle)
