Vous savez cette vieille chaîne en or que votre grand-mère portait tous les jours ? Ou ces boucles d’oreilles dépareillées que personne n’ose plus mettre ? Moi, j’ai toujours trouvé ça un peu triste de les voir dormir au fond d’un coffre. Et puis, un jour, un ami m’a raconté qu’il avait fait fondre tout ça pour offrir une chevalière à son fils. J’ai trouvé l’idée géniale. Surtout quand on voit le cours de l’or qui explose depuis deux ans.
Franchement, qui aurait cru qu’un jour on regarderait ses bijoux de famille comme une petite mine d’or personnelle ?
Quand l’or devient plus rentable que l’épargne
En ce moment, le gramme d’or 18 carats tourne autour des 90-95 € chez les professionnels sérieux. C’est du jamais-vu. Il y a cinq ans, on était à peine à 35 €. Faites le calcul : une alliance classique de 5 grammes qui valait 175 € en 2020 pèse aujourd’hui près de 450 €. Et ça, c’est sans compter la prime sentimentale qu’on ajoute quand il s’agit d’un bijou transmis de génération en génération.
Résultat ? Les bijouteries qui proposent la transformation d’anciens bijoux en nouvelles créations ne savent plus où donner de la tête. Certains artisans m’ont confié qu’ils avaient multiplié par trois ou quatre leur chiffre sur ce type de prestation en deux ans seulement.
« Avant, on faisait ça de temps en temps, surtout pour des alliances de mariage avec l’or des grands-parents. Aujourd’hui, c’est tous les jours. Les gens viennent avec des sachets entiers », me racontait récemment un bijoutier du Centre de la France.
Le parcours type d’un client qui veut recycler ses bijoux
En général, ça commence toujours pareil. La personne arrive avec une boîte à chaussures ou un sachet en plastique rempli de tout ce qui brille : chaînes cassées, bagues trop petites, médailles de baptême, dents en or (oui, ça arrive encore), bracelets de bébé devenus minuscules…
Première étape : le tri. Et là, attention, il y a souvent des surprises.
- Certains découvrent que la moitié de leurs « trésors » sont en plaqué or (le fameux « PO » gravé au dos)
- D’autres apprennent que leur bague « en or » est en fait du 9 carats (légal en Angleterre, mais qui vaut beaucoup moins en France)
- Et puis il y a les bonnes surprises : la petite médaille oubliée qui pèse 15 grammes d’or pur !
Ensuite vient le moment du pesage et du test à l’acide. C’est presque solennel. Le bijoutier sort sa balance de précision, teste chaque pièce sur la pierre de touche, et annonce le verdict. J’ai vu des clients passer de la déception à l’euphorie en trente secondes.
Pourquoi maintenant est vraiment le bon moment
Plusieurs raisons se cumulent, et franchement, elles sont imparables.
D’abord, le prix. Je l’ai dit, on n’a jamais vu ça. Mais il y a aussi un changement de mentalité. Les jeunes générations ne veulent plus forcément porter les bijoux « à l’ancienne ». Ils préfèrent quelque chose de moderne, qui leur ressemble. Et puis, il y a cette envie de sens : transformer un héritage en quelque chose de vivant, porté au quotidien.
« Ma grand-mère aurait été ravie de savoir que sa chaîne de baptême est devenue la bague de fiançailles de ma fille », m’a confié une cliente les larmes aux yeux.
Et puis soyons honnêtes : avec l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat, récupérer plusieurs centaines (voire milliers) d’euros en faisant fondre des bijoux inutilisés, c’est tentant. Surtout quand on peut en plus créer une pièce unique.
Les créations les plus demandées en 2025
J’ai demandé à plusieurs bijoutiers quelles étaient les pièces qui sortaient le plus de leurs ateliers en ce moment. La réponse est unanime :
- Les chevalières pour hommes (souvent avec les armoiries familiales ou les initiales)
- Les alliances de mariage recyclées (le grand classique qui explose)
- Les pendentifs « arbre de vie » intégrant l’or de plusieurs générations
- Les joncs rigides modernes (très en vogue chez les 25-35 ans)
- Les bagues « toi et moi » avec deux ors différents (jaune et blanc)
Ce qui est intéressant, c’est que les clients ne veulent plus seulement recycler pour recycler. Ils veulent du design, du contemporain. Les bijoutiers doivent donc être à la fois fondeurs et créateurs.
Combien ça coûte vraiment ?
C’est LA question que tout le monde se pose. Et la réponse va vous surprendre.
En fait, la transformation est souvent beaucoup moins chère que d’acheter du neuf. Exemple concret :
| Opération | Coût moyen |
| Fonderie + affinage de votre or | 30 à 80 € |
| Fabrication d’une bague simple | 150 à 350 € |
| Création sur mesure complexe | 400 à 800 € |
| Valeur de votre or récupéré | – 400 à 2000 € selon quantité |
| Total réel à débourser | Souvent 0 à 500 € |
Autrement dit, si vous apportez plus de 8-10 grammes d’or 18 carats, vous repartez souvent avec une pièce magnifique… gratuitement ou presque. C’est ça qui rend les bijoutiers débordés !
Les pièges à éviter absolument
Parce que oui, il y a des arnaques. Et elles sont malheureusement fréquentes.
- Méfiez-vous des « comptoirs d’achat d’or » qui proposent aussi la transformation : ils ont tendance à sous-évaluer votre or pour gonfler leur marge
- Vérifiez que le bijoutier travaille vraiment l’or lui-même (certains sous-traitent à l’étranger et vous perdrez la traçabilité)
- Exigez un certificat de poids et de pureté avant/après fonderie
- Préférez les artisans labellisés « Joaillerie de France » ou « Atelier d’Art de France »
Mon conseil ? Prenez le temps. Allez voir plusieurs bijouteries. Un vrai artisan sera transparent sur ses prix et vous montrera son atelier.
L’aspect émotionnel : plus fort que l’argent
Au-delà des euros, ce qui me touche le plus dans cette tendance, c’est le côté humain.
J’ai vu des familles entières venir ensemble. La grand-mère qui apporte ses alliances de 60 ans de mariage, les enfants qui choisissent le nouveau design, les larmes quand la pièce sort du four… C’est fort.
Une bijoutière m’a raconté l’histoire d’un monsieur qui avait fait fondre la médaille de baptême de sa fille décédée pour créer une bague qu’il porte tous les jours. « C’est comme si elle était toujours là », m’a-t-il dit. Je n’ai pas pu répondre grand-chose.
Ces bijoux ne sont plus seulement des objets. Ils deviennent des ponts entre les générations.
Et demain ?
La tendance ne risque pas de s’essouffler. Avec l’or qui devrait continuer à grimper (les analystes parlent de 120 € le gramme d’ici 2027), et une conscience écologique qui pousse à recycler plutôt qu’à extraire, les ateliers de transformation ont de beaux jours devant eux.
Certains bijoutiers commencent même à proposer des ateliers où vous venez fondre vous-même votre or. Une expérience à vivre, paraît-il.
Alors si vous avez une boîte de vieux bijoux qui traîne… peut-être que le moment est venu de leur donner une seconde vie ?
Parce qu’au final, le plus beau dans tout ça, c’est qu’on ne transforme pas seulement de l’or.
On transforme des souvenirs en avenir.
