Vous souvenez-vous de la dernière fois où la Beaujoire a vraiment vibré de joie ? Moi, il faut que je remonte au 30 août, ce petit 1-0 contre Auxerre qui semblait déjà si loin. Depuis, c’est la soupe à la grimace. Et quand on voit le FC Nantes pointer barragiste avant d’affronter le leader lensois, on se dit que l’hiver va être très, très long sur les bords de l’Erdre.
Franchement, on sent que quelque chose a craqué. Le projet « jeunesse et rigueur budgétaire » vendu l’été dernier commence à montrer ses limites. Et quand on cumule les blessures, les recrues qui peinent à s’imposer et un public qui n’en peut plus de voir son équipe jouer les faire-valoir, il y a urgence. Urgence à changer de braquet.
Le virage à 180° des dirigeants nantais
C’est officiel : le FC Nantes a décidé de passer la seconde. Fini le discours « on fait confiance aux jeunes, on recrute malin et on serre la vis ». Place à l’action concrète. Et la première pierre posée s’appelle Deiver Machado.
Le latéral colombien de 32 ans arrive en joker médical pour 500 000 € seulement, alors qu’il était en fin de contrat à Lens en juin prochain. Un coup malin, avouons-le. Un joueur d’expérience, international, capable de jouer piston ou arrière gauche, qui connaît parfaitement la Ligue 1. Il sera dans les tribunes ce samedi contre… son ancienne équipe. Le symbole est fort.
« Je pense qu’il va falloir deux, trois recrues pour amener une certaine concurrence. »
Johann Lepenant, milieu du FC Nantes
Lepenant a raison. Et il n’est probablement pas le seul dans le vestiaire à le penser tout bas depuis quelques semaines. Le groupe est jeune, talentueux par moments, mais clairement trop tendre pour tenir le choc sur la durée d’une saison de Ligue 1.
Luis Castro : deux matches pour sauver sa tête ?
Revenons un instant sur l’entraîneur. Arrivé de Dunkerque avec une étiquette de formateur et une philosophie claire, Luis Castro vit aujourd’hui ses heures les plus compliquées. Le match contre Lens ce samedi (17h) et le derby à Angers la semaine prochaine risquent de peser très lourd dans la balance.
On le sent : la patience des supporters est à bout. Les sifflets pleuvent, les banderoles fleurissent, et le nom de certains anciens entraîneurs reviennent dans les conversations. Castro a encore le soutien (public) de sa direction… mais pour combien de temps ? Deux défaites cinglantes et l’ambiance pourrait devenir explosive.
Un effectif trop léger : les chiffres qui font mal
Regardons les choses en face. 11 petits points en 14 journées, c’est dramatiquement faible. Nantes est actuellement 16e, barragiste, avec la 17e attaque du championnat. Le dernier succès à domicile ? Je vous l’ai dit plus haut : fin août.
- Dernière victoire à la Beaujoire : 30 août (1-0 vs Auxerre)
- Points pris sur les 6 derniers matches : seulement 2
- Blessés longue durée : Coquelin, Lepenant (avant retour), Leroux…
- Joueurs en difficulté : Hong, Camara, Lahdo, Kwon, Cozza, Mohamed
- Jeunes en apprentissage difficile : Tabibou, Guirassy, Benhattab
Le constat est sévère. Il y avait du mieux à Lyon en première période la semaine dernière (0-3 au final), mais l’expulsion (discutable) de Junior Mwanga a tout fait basculer. Preuve que l’équipe reste fragile mentalement et tactiquement.
Le mercato de janvier : la dernière chance ?
Machado n’est que le début. Les dirigeants l’ont compris : il va falloir frapper fort en janvier. Dans toutes les lignes ou presque.
En défense, le poste de latéral gauche était une priorité. C’est fait. Mais il manque clairement de la solidité au milieu et surtout de la présence physique devant. Le retour d’Ignatius Ganago de son prêt va déjà faire du bien – l’attaquant camerounais peut apporter de la profondeur et de la puissance.
Mais il en faudra plus. Bien plus. On parle de deux à trois recrues expérimentées minimum. Des joueurs capables d’encadrer les jeunes, de gagner les duels, de tenir le vestiaire quand ça tangue. Le genre de profils que Nantes n’a presque plus depuis les départs successifs ces dernières années.
La Beaujoire, entre chaudron et tribunal populaire
Il y a quelque chose de particulier à Nantes. Le public peut vous porter aux nues comme vous enterrer en 90 minutes. Ces derniers temps, c’est plutôt la seconde option qui domine.
Les joueurs le savent. Ils jouent crispés, peur de mal faire, peur de déclencher la bronca. C’est un cercle vicieux. Et face à Lens, leader autoritaire, l’équation est simple : une performance insipide et la Beaujoire risque de se transformer en tribunal.
À l’inverse, un sursaut d’orgueil, un match référence, et tout peut basculer dans l’autre sens. Le foot, parfois, tient à ça.
Et si le vent tournait vraiment ?
Johann Lepenant y croit. « Je sais que le vent va tourner », disait-il en conférence de presse. Et il n’a pas tort sur un point : le groupe vit bien, il n’y a pas de fracture apparente, juste une immense frustration collective.
Avec deux-trois arrivées judicieuses, un peu de réussite sur les blessures et deux résultats positifs contre Lens et Angers, Nantes pourrait rapidement sortir la tête de l’eau. On l’a vu par le passé : les Canaris ont souvent cette capacité à se relever quand plus personne n’y croit.
Mais le temps presse. Janvier n’est plus très loin, et chaque point perdu maintenant sera un boulet supplémentaire à traîner jusqu’en mai.
Mon sentiment personnel
Je vais être honnête : je suis inquiet. Vraiment. Le projet était séduisant sur le papier, mais la réalité du terrain est cruelle. Nantes n’a plus le droit à l’erreur. Machado est une bonne nouvelle, mais ça ne suffira pas tout seul.
Il faut maintenant que les dirigeants assument totalement ce virage stratégique. Qu’ils mettent les moyens. Qu’ils recrutent des leaders, des gagneurs. Parce que descendre en Ligue 2, avec l’histoire et le public nantais, ce serait une catastrophe sportive et économique.
Samedi contre Lens, puis le derby à Angers. Deux matches. Deux énormes tests. Castro le sait, les joueurs le savent, les supporters aussi. On va vite être fixé.
Allez Nantes. Plus que jamais, il va falloir se battre.
(Article mis à jour le 6 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
