Imaginez-vous allonger sur une table d’examen, vulnérable, et faire totalement confiance à la personne censée vous soigner. C’est précisément ce lien sacré qui a été brisé, des dizaines de fois, par un seul homme. Quand j’ai lu les détails de cette affaire, j’avoue avoir eu un frisson dans le dos : comment un médecin peut-il transformer son cabinet en terrain de chasse ?
Un scandale qui ébranle la confiance dans le système de santé britannique
Dans le centre de l’Angleterre, entre 2017 et 2021, un ancien médecin résident aujourd’hui âgé de 38 ans aurait commis l’impensable. Les autorités viennent de le mettre en examen pour des faits d’une gravité extrême : pas moins de 38 patients auraient subi des agressions sexuelles de sa part, parmi lesquels au moins un enfant de moins de 13 ans. Oui, vous avez bien lu.
Ce qui rend l’histoire encore plus glaçante, c’est que ces actes se seraient déroulés dans deux établissements hospitaliers réputés : d’abord à Stoke-on-Trent, puis près de Birmingham. Des lieux où l’on vient chercher de l’aide, pas se faire détruire.
Des chefs d’accusation d’une rare violence
Les charges retenues sont lourdes, très lourdes. On parle de dizaines d’agressions sexuelles, dont certaines avec pénétration, et plusieurs sur des mineurs de moins de 13 ans. Le parquet a détaillé :
- 12 agressions sexuelles sur enfant de moins de 13 ans
- Dont 3 avec pénétration
- 32 agressions sexuelles sur des patients (toutes catégories d’âge confondues)
- Dont 17 avec pénétration
- Une tentative d’agression sexuelle avec pénétration
Certains patients ont subi plusieurs agressions. Le chiffre de 38 victimes est donc un minimum. Et franchement, on peut craindre qu’il ne soit appelé à grimper.
« Plusieurs infractions sexuelles graves qui auraient été commises contre des patients lorsqu’il exerçait en tant que médecin »
– Communiqué du parquet des West Midlands
Comment a-t-il pu passer entre les mailles du filet pendant quatre ans ?
C’est la question qui revient sans cesse. Quatre années. Deux hôpitaux différents. Des dizaines de victimes. Forcément, on se demande où étaient les garde-fous.
Dans ce genre d’affaires, on découvre souvent a posteriori des signaux qui auraient dû alerter : un comportement étrange, des plaintes minimisées, des patient(e)s qui n’osent pas parler par peur de ne pas être cru(e)s. La blouse blanche, ça impressionne. Et ça protège, parfois trop longtemps.
J’ai couvert pas mal d’affaires similaires ces dernières années – malheureusement – et le schéma est presque toujours le même : l’agresseur profite de l’asymétrie totale de pouvoir entre le soignant et le soigné. Surtout quand la victime est un enfant ou une personne en situation de grande fragilité.
L’appel aux victimes potentielles : il est encore temps de parler
La police et les hôpitaux concernés ont lancé un appel solennel : toute personne ayant été suivie par cet individu et ressentant la moindre gêne ou inquiétude est invitée à se manifester. Même des années après.
Parce que oui, le traumatisme peut mettre du temps à émerger. Et parce que chaque témoignage supplémentaire peut aider à établir l’ampleur réelle des faits – et éviter que d’autres victimes restent seules avec leur souffrance.
Parler, c’est déjà commencer à reprendre le pouvoir sur ce qu’on vous a volé.
Ces affaires qui se multiplient : simple impression ou réalité ?
On a parfois l’impression que ce type de scandales sort toutes les semaines. Est-ce que les médecins déviants sont plus nombreux qu’avant ? Probablement pas. Ce qui change, c’est que les victimes parlent davantage. Et c’est tant mieux.
Le mouvement #MeToo a aussi touché le milieu médical, même si c’est plus discret. Les langues se délient. Les protocoles de signalement s’améliorent (lentement). Et les enquêtes deviennent plus systématiques quand une plainte est déposée.
Mais il reste un énorme chemin à parcourir. Combien de victimes n’osent toujours pas porter plainte ? Combien de signalements sont classés sans suite par manque de preuves ou par crainte du scandale ?
Que risque réellement l’accusé ?
En Angleterre, les peines pour agressions sexuelles sur mineurs peuvent aller jusqu’à la prison à perpétuité, surtout quand il y a pénétration. Avec le nombre de chefs d’accusation et la vulnérabilité des victimes, on voit mal comment il pourrait éviter une très longue peine.
Son interdiction définitive d’exercer la médecine est déjà actée. Mais ça, c’est le minimum syndical.
La première comparution est prévue pour janvier prochain. D’ici là, l’enquête continue, et de nouveaux témoignages pourraient encore alourdir le dossier.
Et nous, que peut-on retenir de tout ça ?
Personnellement, cette affaire me renforce dans une conviction : la vigilance doit être permanente, même (et surtout) dans les lieux où l’on se sent en sécurité. Un médecin qui insiste pour un examen non justifié, qui pose des questions trop intimes, qui ferme la porte alors que ce n’est pas nécessaire… tous ces signaux doivent alerter.
Et surtout, il faut apprendre à nos enfants à dire non, même à un adulte en position d’autorité. Leur corps leur appartient, point final.
Cette histoire est révoltante. Elle est triste. Mais elle nous rappelle aussi qu’écouter les victimes, les croire dès le premier signalement, c’est déjà une forme de justice.
Prenez soin de vous. Et si vous avez été victime ou témoin de quelque chose d’anormal, parlez. Il n’est jamais trop tard.
