Vous êtes-vous déjà demandé ce qui pouvait pousser quelqu’un à passer ses nuits à démonter des roues en pleine rue ? Moi, la première fois que j’ai vu une voiture juchée sur des parpaings devant chez un voisin, j’ai cru à une blague de très mauvais goût. Et pourtant, c’est devenu une réalité banale dans certaines villes de Seine-et-Marne.
Le choc du matin : quand votre voiture perd ses jambes
Le scénario est presque toujours le même. Vous garez votre Peugeot, votre Renault ou votre Citroën le soir devant chez vous, comme d’habitude. Le lendemain matin, impossible de partir au travail : votre voiture repose lamentablement sur quatre blocs de béton. Les quatre roues ont disparu, emportées en moins de dix minutes par des pros qui connaissent leur affaire sur le bout des doigts.
Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il a littéralement explosé ces derniers mois en Île-de-France, et particulièrement en Seine-et-Marne. Les victimes se comptent désormais par dizaines, voire par centaines si on élargit à toute la région parisienne.
Un terrain de chasse particulièrement vaste
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est l’étendue géographique. Les voleurs ne se cantonnaient pas à un seul coin. On retrouve leurs traces à Saint-Thibault-des-Vignes, Bussy-Saint-Georges, Roissy-en-Brie, Combs-la-Ville, Melun, Moissy-Cramayel… Bref, ils ratissaient large, du nord au sud du département.
Et le plus dingue ? Ils laissaient toujours la même signature : des parpaings de couleur identique. C’est ce détail, apparemment anodin, qui a fini par mettre les enquêteurs sur la piste. Quand vous avez vingt plaintes qui mentionnent exactement le même type de bloc, vous commencez à comprendre que vous n’avez pas affaire à des amateurs isolés.
Un business plus que juteux
Une jante alu d’origine Peugeot ou Renault, en bon état, se revend entre 300 et 600 € l’unité sur internet. Multipliez par quatre, faites le calcul sur vingt vols confirmés… Les policiers estiment que le duo a empoché plus de 20 500 euros en quelques mois seulement. Et encore, ce chiffre ne concerne que les faits reconnus.
Franchement, quand on compare le risque et le gain, on comprend mieux pourquoi ce type de délinquance explose. Dix minutes de travail la nuit, zéro confrontation, et plusieurs centaines d’euros en poche le lendemain. C’est presque trop facile.
- Pas besoin d’arme
- Pas besoin de crochetage compliqué
- Pas besoin de transporter la voiture entière
- Revente immédiate et anonyme en ligne
Le cocktail parfait pour une délinquance « low risk, high reward ».
Comment ils opéraient : la mécanique bien rodée
D’après ce qu’on sait aujourd’hui, les deux hommes, tous les deux âgés de 23 ans et originaires de Seine-Saint-Denis, avaient un mode opératoire ultra-rodé. Repérage en journée ou via des groupes spécialisés, puis action rapide la nuit, souvent entre 2 h et 4 h du matin.
Un cric, une clé en croix, parfois une visseuse à choc sur batterie (le bruit est minime), et hop, en moins de temps qu’il n’en faut pour commander un kebab, la voiture est dépouillée. Ils laissaient les parpaings pour éviter que le véhicule ne bascule complètement – un reste de « professionnalisme », en quelque sorte.
« Ils connaissaient parfaitement les modèles les plus rentables et les endroits où les propriétaires ne verrouillent pas leurs écrous antivol… ou n’en ont tout simplement pas. »
Un enquêteur spécialisé
L’arrestation : l’un déjà en prison, l’autre se rend
L’histoire prend une tournure presque comique sur la fin. Le premier suspect ? Il était déjà derrière les barreaux pour d’autres affaires. Les policiers n’ont eu qu’à aller frapper à la porte de sa cellule pour lui signifier sa nouvelle mise en cause.
Le second, sentant visiblement le vent tourner, a préféré se présenter de lui-même au commissariat. On imagine la scène : « Bonjour, je viens pour les jantes… »
Les deux ont reconnu les faits sans trop de difficultés. Jugés en comparution immédiate, ils ont écopé de 18 mois de prison, dont 14 avec sursis probatoire. La partie ferme sera effectuée sous bracelet électronique – sauf pour celui qui reste en détention pour ses autres dossiers.
Pourquoi les jantes, précisément ?
La réponse est simple : la demande est énorme. Entre les accidents, l’usure normale et surtout les jeunes qui veulent « tuner » leur voiture à moindre coût, le marché des jantes d’occasion explose. Et quand on peut acheter un jeu complet à moitié prix du neuf, sans poser trop de questions sur la provenance…
Je discute souvent avec des garagistes, et tous me disent la même chose : « Dès qu’un client vient avec des jantes magnifiques à un prix défiant toute concurrence, on sait très bien d’où elles viennent. Mais beaucoup ferment les yeux. » Triste réalité.
Et nous, comment on se protège ?
Parce que oui, on peut limiter les risques. Voici ce que je conseille personnellement (et ce que font déjà les plus prudents) :
- Écrous antivol de qualité (les bons, pas ceux à 15 € sur Amazon)
- Stationnement dans un garage fermé quand c’est possible
- Caméra de surveillance ou éclairage avec détecteur de mouvement
- Éviter de laisser la voiture trop longtemps au même endroit
- Graver discrètement un code sur les jantes (certains le font avec la plaque d’immatriculation)
Ce n’est pas infaillible, mais ça complique sérieusement la tâche des voleurs.
Un phénomène qui dépasse largement la Seine-et-Marne
Soyons honnêtes : ce duo n’était qu’une petite équipe parmi des dizaines d’autres. Dans le Val-d’Oise, l’Essonne, les Yvelines, le phénomène est exactement le même. Certains parlent même de réseaux structurés qui récupèrent les jantes pour les exporter vers l’Europe de l’Est ou l’Afrique du Nord.
Et pendant ce temps, les assureurs augmentent les franchises « vol de roues » et les victimes mettent parfois des mois à être indemnisées. Cherchez l’erreur.
Ce qui me choque le plus dans cette histoire, c’est la banalisation. On en rit presque entre voisins : « Ah bah tiens, encore une sur parpaings ! » Comme si c’était devenu une fatalité. Mais derrière chaque voiture dépouillée, il y a une galère énorme : location d’un véhicule, perte de temps, hausse de prime d’assurance l’année suivante…
Alors oui, deux gars ont été arrêtés. Bravo à la police de Moissy-Cramayel qui a fait un super travail d’enquête. Mais la vraie question reste posée : combien de temps avant que le prochain « spécialiste des parpaings » prenne le relais ?
Parce que tant que la revente restera aussi facile et la demande aussi forte, le business continuera. C’est triste à dire, mais c’est la réalité du terrain.
Et vous, avez-vous déjà été victime de ce genre de vol ? Ou connaissez-vous quelqu’un qui l’a été ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire, ça peut aider tout le monde à mieux se protéger.
