Vous êtes tranquillement chez vous, en train de dîner ou de regarder votre série préférée, et là… le téléphone sonne. Encore. Un inconnu vous propose « une isolation à 1 € » ou « une pompe à chaleur offerte grâce aux aides de l’État ». Vous raccrochez, agacé. Et pourtant, certains continuent. Parfois même quand vous êtes inscrit sur Bloctel depuis des années. Franchement, qui n’a jamais pesté contre ces appels intempestifs ?
Récemment, dans le Calvados, une entreprise spécialisée dans les travaux de rénovation énergétique vient d’en payer le prix fort : 67 440 euros d’amende, rien que ça. Une sanction qui tombe comme un coup de massue et qui rappelle que la répression des fraudes ne plaisante plus avec ces pratiques.
Quand la loi dit stop, certains font semblant de ne pas entendre
Depuis 2020 déjà, démarcher par téléphone pour vendre des travaux de rénovation énergétique est strictement interdit. Point final. Pas de « oui mais si le client semble intéressé », pas de « on appelle juste pour informer ». Non, c’est interdit, tout simplement.
Et pourtant, des sociétés continuent. Parfois par ignorance (on peut toujours rêver), souvent par calcul : tant qu’il y a des contrats signés et des chantiers lancés, l’amende reste un « risque du métier ». Sauf que là, le risque commence à devenir très concret.
Bloctel, cette liste que tout le monde connaît… mais que certains ignorent
Vous savez, cette fameuse liste d’opposition au démarchage téléphonique ? Celle où l’on s’inscrit gratuitement et où l’on pense, naïvement, être enfin tranquille ? Eh bien figurez-vous que parmi les personnes appelées par cette entreprise, plusieurs y étaient inscrites depuis belle lurette.
Appeler quelqu’un qui figure sur Bloctel, c’est un peu comme rouler à 150 km/h dans une zone limitée à 50 devant un radar : vous savez que vous allez vous faire flasher. Et là, la DGCCRF n’a pas hésité.
« Le caractère illicite des démarches est encore renforcé par le fait que certaines personnes démarchées étaient inscrites sur la liste d’opposition »
Direction départementale de la Protection des populations
En clair : non seulement c’était interdit, mais en plus ils s’asseyaient joyeusement sur votre volonté clairement exprimée de ne pas être dérangé. Difficile de faire pire en matière de respect du consommateur.
Une amende salée… mais est-ce vraiment dissuasif ?
67 440 euros, ça fait mal, surtout pour une PME. Mais soyons honnêtes : certaines entreprises réalisent en quelques mois des chiffres d’affaires largement supérieurs grâce à ces pratiques borderline. Alors oui, l’amende fait mal à l’image et au portefeuille, mais elle reste parfois intégrée comme un « coût d’acquisition client » un peu particulier.
Ce qui est intéressant, c’est que ces sanctions se multiplient. On sent que les autorités passent à la vitesse supérieure. Et ce n’est qu’un début.
2026 : la fin du démarchage téléphonique tel qu’on le connaît ?
Accrochez-vous, parce que ça va secouer. En juin 2025, une nouvelle loi a encore durci le ton. Et surtout, elle a posé une échéance claire : à partir d’août 2026, le démarchage téléphonique sera interdit dans presque tous les secteurs, sauf si vous avez donné votre accord exprès et préalable.
Concrètement ? Fini les appels à froid. Si une entreprise veut vous contacter, elle devra prouver que vous avez coché une case, signé un formulaire ou dit oui clairement à un moment donné. Et pas juste « vous avez acheté un lave-vaisselle en 2018 donc on peut vous appeler pour tout et n’importe quoi ».
- Consentement libre
- Consentement spécifique (pas un oui général pour tout)
- Consentement éclairé (vous savez exactement à quoi vous dites oui)
- Consentement révocable à tout moment
Autrement dit, on passe d’un système où il faut dire « non merci » (et souvent plusieurs fois) à un système où il faudra dire « oui je veux bien » avant même d’être contacté. Un changement de paradigme complet.
Pourquoi la rénovation énergétique est particulièrement visée
Vous vous demandez peut-être pourquoi c’est justement ce secteur qui se prend sanction sur sanction ? La réponse est simple : c’est là que les dérives ont été les plus massives.
Entre les aides de l’État mal comprises, les certificats d’économie d’énergie, MaPrimeRénov’, et les marges confortables sur certains chantiers, le secteur est devenu une mine d’or… et un terrain de jeu parfait pour les escrocs ou les commerciaux trop zélés.
Résultat ? Des milliers de Français se sont retrouvés avec des travaux mal faits, des crédits à la consommation cachés, ou pire, des chantiers abandonnés après un premier versement. L’État a fini par dire stop.
Comment se protéger concrètement (et définitivement)
Parce que oui, en attendant 2026, les appels continuent. Alors voici ce que je fais personnellement, et que je recommande à tout le monde :
- Inscrivez-vous (ou ré-inscrivez-vous) sur Bloctel – c’est gratuit et ça marche de plus en plus
- Ne répondez jamais directement – laissez le répondeur filtrer
- Dès qu’un appel suspect arrive, signalez-le sur signalement.gouv.fr ou directement sur Bloctel – chaque signalement compte
- Si vous voulez vraiment faire des travaux, allez vers les artisans vous-même – RGE, avis vérifiés, bouche-à-oreille
- Et surtout : ne signez jamais sous pression au téléphone
Un contrat signé après un démarchage abusif peut souvent être annulé. Mais il vaut mieux éviter d’en arriver là.
Et les entreprises honnêtes dans tout ça ?
Attention, je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Il y a des milliers d’artisans sérieux qui font du super boulot en rénovation énergétique. Eux aussi souffrent de cette mauvaise réputation.
Du coup, beaucoup se réjouissent de ces nouvelles règles. Parce qu’à terme, ça va nettoyer le secteur. Les clients viendront d’eux-mêmes, motivés, informés, et non plus harcelés ou manipulés.
C’est un peu comme quand Uber est arrivé et que les taxis ont dû se remettre en question : les meilleurs s’en sortent encore mieux, les autres disparaissent.
Ce que cette amende nous dit de notre société
Au-delà du fait divers, cette sanction de près de 70 000 euros dans le Calvados est symptomatique d’un ras-le-bol général. On en a marre d’être considérés comme des numéros dans une base de données à exploiter.
On veut retrouver la sérénité chez soi. On veut pouvoir décrocher son téléphone sans crainte. Et surtout, on veut que notre « non » soit respecté dès la première fois.
Et quelque part, voir une entreprise se prendre une amende pareille, ça fait du bien. Pas par vengeance. Mais parce que ça prouve que les choses bougent enfin.
Alors oui, 2026 paraît encore loin. Mais chaque sanction comme celle-ci nous en rapproche un peu plus. Et franchement ? J’ai hâte.
Et vous, vous en avez marre des démarchages abusifs ? Vous avez déjà porté plainte ou signalé un numéro ? Partagez votre expérience en commentaire, ça peut aider d’autres lecteurs à se protéger.
