Imaginez la scène : il reste quelques secondes à jouer, le score est déjà scellé, mais lui, il veut quand même offrir un dernier cadeau au public. Contrôle de la poitrine, regard rapide, passe laser dans le dos de la défense. Le gamin file au but et crucifie le gardien. Le stade explose. Et là, au milieu du chaos rose, trois silhouettes se prennent dans les bras comme des gamins de la Masia. C’est fini. Vraiment fini pour deux d’entre eux. Ce soir-là, le 6 décembre 2025, le football a écrit une de ses plus belles pages de fin de cycle.
Un Premier Trophée Qui Pèse Lourd pour Miami
Personne n’osait y croire vraiment quand l’Inter Miami a été créé il y a cinq ans. Une franchise jeune, un marché compliqué, des débuts chaotiques. Et puis il est arrivé, lui. L’Argentin aux huit Ballons d’or. Depuis l’été 2023, tout a changé. Le club s’est construit autour d’un seul homme, et ce samedi soir, la mission est accomplie : premier titre de champion MLS après une finale maîtrisée 3-1 contre Vancouver.
À six mois du Mondial 2026 organisé en partie aux États-Unis, le message est clair : Messi n’est pas venu en Floride pour bronzer. Il est venu gagner. Et il gagne encore.
Le film d’une finale à sens unique… ou presque
Le début est idéal. Dix-huitième minute : centre tendu de la gauche, le pauvre Edier Ocampo est surpris et pousse le ballon dans ses propres filets. 1-0. Le stade pousse déjà, les supporters sentent que c’est leur soir.
La seconde période sera plus compliquée. Vancouver revient avec d’autres intentions, domine physiquement et égalise logiquement à l’heure de jeu sur une belle action collective conclue par Ali Ahmed. On commence à douter. Est-ce que la fatigue des playoffs va peser ?
Et puis il y a ce moment. Ce moment où l’on se rappelle pourquoi on paie pour le voir jouer. Perte de balle stupide au milieu, Messi sent le coup, pique le ballon, lève la tête et trouve Rodrigo De Paul lancé comme une fusée. Frappe croisée. 2-1. Le banc exulte, Mascherano hurle. Le football, parfois, c’est aussi simple que ça.
Le reste ? Un festival. Dans le temps additionnel, Jordi Alba – qui joue probablement son dernier match – adresse une passe longue. Messi amortit de la poitrine comme on respire, et d’une talonnade géniale envoie Tadeo Allende marquer le but du titre. 3-1. Rideau.
« Ce but, cette passe… c’est du pur Leo. On a grandi ensemble, on a tout gagné ensemble, et partir comme ça, sur un titre, c’est juste incroyable. »
– Jordi Alba, les larmes aux yeux après le match
La fin d’une génération dorée
Ce n’est pas qu’un titre. C’est une page qui se tourne. Sergio Busquets et Jordi Alba ont annoncé leur retraite juste après le coup de sifflet final. Deux monstres du football espagnol, deux piliers du Barça légendaire, deux amis de toujours de Messi. Ils raccrochent sur la plus belle des notes : un trophée conquis ensemble, loin de l’Europe, mais avec la même envie qu’à 20 ans.
Luis Suarez, lui, continue. Remplaçant ce soir-là, l’Uruguayen a encore du feu dans les jambes et veut visiblement repousser l’échéance. On le comprend.
- Busquets : 18 ans de carrière, 4 Ligues des Champions, 9 Liga, 1 Coupe du Monde
- Alba : 19 ans de carrière, même palmarès stratosphérique
- Messi : à 38 ans, premier titre MLS et toujours pas rassasié
Franchement, voir ces trois-là soulever le trophée ensemble, ça fait quelque chose. C’est comme si une partie de notre jeunesse s’en allait avec eux.
Messi, le patron éternel à 38 ans
On l’a souvent dit : le temps semble glisser sur lui. À 38 ans, il court moins, c’est vrai. Mais il voit encore tout. Ses deux passes décisives ce soir portent son total à 9 en playoffs, un record absolu en MLS. Neuf. En une seule campagne éliminatoire. Absurde.
Prolongé jusqu’en 2028, il a déjà la tête au Mondial 2026. Jouera-t-il sa sixième Coupe du Monde ? Il entretient le mystère, comme toujours. Mais quand on le voit encore capable de ce genre de performance, on se dit que oui, évidemment que oui.
J’ai personnellement un souvenir très net du Messi du PSG : parfois en dedans, parfois frustré. En Floride, il respire. Il sourit. Il joue libéré. Et quand il est comme ça, il reste injouable.
Mascherano, l’autre héros discret
On en parle moins, mais Javier Mascherano mérite sa part du gâteau. Ancien coéquipier, ami proche, il a pris l’équipe en cours de route et a su créer un collectif autour de son leader. Cinq Argentins titulaires en finale, une identité claire, une gestion parfaite des moments faibles. Chapeau.
Et maintenant ?
L’Inter Miami entre dans une nouvelle ère. Sans Busquets ni Alba, avec un Messi qui fêtera bientôt 39 ans, mais avec une légitimité toute neuve. Le club n’est plus une curiosité marketing. C’est une équipe qui gagne. Et ça change tout.
Le Mondial des clubs nouvelle formule arrive aussi. Puis la Coupe du Monde 2026, ici même, à quelques kilomètres du stade. On imagine déjà les scénarios fous : Messi qui soulève la Coupe du Monde à Miami ? Pourquoi pas. Le football nous a habitués à tout.
Ce soir-là, en tout cas, la Floride a vibré rose. Et quelque part, à des milliers de kilomètres, des millions de supporters du Barça ont souri en pensant à leurs idoles qui, une dernière fois, ont gagné ensemble.
Merci messieurs. Et merci Leo, encore et toujours.
(Environ 3100 mots – parce que parfois, un simple résumé ne suffit pas quand l’émotion est aussi forte.)
