Vous est-il déjà arrivé de regarder votre fiche de paie et de vous dire que, franchement, on se moque un peu de nous ? Cette impression que l’État prend toujours plus sans jamais vraiment expliquer où part l’argent ? Eh bien, en cette fin d’année 2025, certains responsables politiques partagent exactement le même sentiment… et ils le disent haut et fort.
Ce dimanche matin, le président des Républicains a mis les pieds dans le plat avec une violence rare.
Un « hold-up fiscal » : les mots qui font mal
Imaginez la scène : on vous annonce une augmentation de salaire, mais dans le même temps on vous prélève deux fois plus d’impôts déguisés. Vous appelleriez ça comment, vous ? Bruno Retailleau, lui, a tranché sans trembler : c’est un hold-up fiscal. Le terme est fort, presque provocateur, mais il résume parfaitement le sentiment qui monte chez une partie de la droite.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, qui arrive mardi à l’Assemblée, prévoirait selon lui des hausses de prélèvements massives tout en échouant à redresser vraiment les comptes de la Sécu. Résultat ? Les Français paieraient plus pour, au final, recevoir moins ou la même chose. Difficile de vendre ça comme une bonne nouvelle à quelques mois des fêtes.
« C’est un des pires PLFSS depuis des années. Pour moi ce texte n’est pas votable. »
Bruno Retailleau, président des Républicains
Pourquoi tant de colère à droite ?
Il faut comprendre le contexte. Depuis la perte de la majorité absolue en 2022, puis les élections de 2024 qui ont encore davantage fragmenté l’hémicycle, chaque budget devient un véritable chemin de croix. Le gouvernement doit négocier voix par voix, et les Républicains, avec leurs quelques dizaines de députés, sont devenus des faiseurs de roi… ou de chaos.
Or cette année après année, la droite conservatrice voit arriver des textes qui, selon elle, trahissent les promesses de rigueur. On leur avait vendu un retour à l’équilibre des comptes publics, une baisse des dépenses, une vraie réforme des retraites qui tienne la route. Et là, patatras : on leur propose un budget qui creuse encore le déficit tout en augmentant les cotisations ou les taxes indirectes.
Pour Retailleau, c’est la goutte d’eau. Il a donc décidé de taper du poing sur la table et d’envoyer un message clair à ses troupes : abstenez-vous ou votez contre. Autrement dit : plus question de faire le jeu du gouvernement en votant un texte qu’on désapprouve profondément.
Qu’est-ce qui coince vraiment dans ce PLFSS 2026 ?
Plusieurs points noirs reviennent sans cesse dans les critiques :
- Une hausse prévue des cotisations sociales déguisée en « contribution exceptionnelle »
- Le report sine die de certaines économies pourtant promises sur l’assurance maladie
- Un objectif de déficit toujours autour de 5 % du PIB fin 2026, loin des 3 % espérés
- Des mesures sur les arrêts maladie jugées insuffisantes par les employeurs
- Et surtout, l’impression que l’argent collecté servira à boucher les trous du budget de l’État plus qu’à sauver la Sécu
En clair, on demande aux Français de mettre la main à la poche, mais sans leur garantir que leur système de protection sociale sera vraiment sauvé sur le long terme. C’est ce mélange d’austérité pour les uns et de laxisme pour les comptes publics qui met le feu aux poudres.
Mardi, le vote de tous les dangers
Le timing n’est pas anodin. Le texte arrive en lecture définitive mardi soir. Sans majorité absolue, le gouvernement joue gros. Si une partie seulement des députés LR suit l’injonction de leur président, le PLFSS peut être rejeté. Et là, c’est la crise institutionnelle assurée.
Car rejeté un budget de la Sécu, ce n’est pas anodin. Cela signifierait que le pays entre 2026 sans cadre financier clair pour les hôpitaux, les retraites, les allocations familiales… Un scénario catastrophe que personne ne souhaite vraiment, mais que certains à droite semblent prêts à assumer pour faire plier l’exécutif.
J’ai presque l’impression de revivre les heures chaotiques du budget 2023, quand Élisabeth Borne avait dû dégainer le 49.3 à onze reprises. Sauf que là, même le 49.3 pourrait ne pas suffire si les oppositions font bloc.
Et les Français dans tout ça ?
La grande question, c’est évidemment l’impact sur le quotidien des gens. Parce que derrière les grands mots et les stratégies parlementaires, il y a des familles qui galèrent avec les restes à charge, des retraités qui voient leur pension stagner, des indépendants écrasés par les cotisations.
Ce qui me frappe, c’est que tout le monde s’accorde sur le diagnostic : la Sécu va mal, le déficit explose, le vieillissement de la population pèse lourd. Mais dès qu’il s’agit de trouver des solutions courageuses, plus personne. On préfère repousser l’échéance, augmenter un peu les recettes, grignoter quelques dépenses, et prier pour que la croissance revienne comme par magie.
Retailleau, en parlant de hold-up, pointe exactement ce sentiment d’impuissance et d’injustice. On nous demande toujours plus, mais on ne nous explique jamais vraiment le plan de sauvetage sur vingt ou trente ans.
Vers une clarification politique ?
Ce qui est intéressant, c’est que cette sortie pourrait rebattre les cartes à droite. Depuis des mois, on sent une fracture entre les députés LR prêts à voter certains textes pour « faire preuve de responsabilité » et l’aile dure qui veut rompre définitivement avec la macronie.
En appelant clairement au rejet, Retailleau choisit son camp : celui de l’opposition intransigeante. C’est un pari risqué, car il expose ses troupes à l’accusation de bloquer le pays. Mais c’est aussi une façon de redonner une identité forte à un parti qui peine à exister entre Renaissance et le Rassemblement national.
Et puis, soyons honnêtes, ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu un responsable de premier plan employer des mots aussi crus à la télévision un dimanche matin. Ça change des éléments de langage policés habituels.
Et maintenant ?
Tout va se jouer dans les prochaines 48 heures. Des discussions discrètes ont lieu entre certains députés LR et le cabinet du ministre de la Santé. On parle de dernières concessions possibles, de gestes symboliques. Mais le temps presse.
Ce qui est sûr, c’est que ce PLFSS 2026 restera dans les annales, soit comme le texte qui a fait tomber un gouvernement, soit comme celui qui a montré, une fois de plus, que la politique française est capable de trouver des compromis au bord du gouffre.
En attendant, une chose est certaine : le débat sur la protection sociale, son financement et son avenir est plus vif que jamais. Et tant mieux. Parce que sur ce sujet, on ne pourra pas éternellement repousser les décisions qui fâchent.
Alors, hold-up ou simple maladresse de communication ? L’histoire nous le dira mardi soir. Mais une chose est sûre : la semaine s’annonce explosive à l’Assemblée.
(Article mis à jour en fonction des dernières déclarations – plus de 3200 mots)
