Imaginez : dans moins de six mois, l’équipe de France va poser ses valises outre-Atlantique pour défendre son statut de vice-championne du monde. Mais avant même de penser à Kylian Mbappé qui dribble ou à Antoine Griezmann qui lève les bras, il y a une question qui obsède déjà tout le staff : où vont dormir, s’entraîner et vivre les Bleus pendant près de deux mois ? Parce que oui, dans une Coupe du Monde à 48 équipes, avec des matches potentiellement jusqu’à la mi-juillet, le camp de base, c’est presque plus important que le premier adversaire.
Et là, en ce moment même, Didier Deschamps est en train de trancher. Valise à la main, il sillonne la côte Est des États-Unis, bloc-notes sous le bras, pour visiter ce qui pourrait devenir la maison des Bleus en 2026.
Le trio final : Boston, New Jersey ou… Chicago ?
Quand le tirage au sort a placé la France dans le groupe I avec des déplacements à New York/New Jersey, Philadelphie et Boston, tout le monde s’est dit : logique, le camp de base sera dans le Nord-Est. Deux options sortaient clairement du lot : Boston et le New Jersey. Et puis, patatras, une troisième ville est venue se glisser dans la conversation : Chicago. Oui, Chicago, cette ville qui n’accueille pourtant aucun match des Bleus en phase de groupes.
Alors pourquoi diable penser à Chicago ? Tout simplement parce que, parfois, le meilleur endroit pour préparer une compétition n’est pas forcément là où on joue.
Boston, le choix du cœur (et de la raison ?)
Disons-le franchement : jusqu’à il y a quelques jours, Boston tenait clairement la corde. Et on comprend pourquoi.
- Climat plus frais en juin (2-3 °C de moins qu’à New York, ça compte quand tu t’entraînes deux fois par jour)
- Aéroport à quinze minutes du centre-ville (contre presque une heure pour Newark ou JFK)
- Circulation bien plus fluide que dans la région new-yorkaise
- Un match de poule joué directement à Boston (le 26 juin contre la Norvège)
- Cadre de vie agréable, universités prestigieuses, ambiance presque européenne par moments
Le staff avait même déjà repéré un hôtel en plein centre-ville qui coche quasiment toutes les cases… sauf une : il ne figure pas dans le catalogue officiel des camps de base validés par la FIFA. Problème ? Pas forcément insurmontable, mais ça oblige à une validation spéciale, avec des critères très stricts en matière de sécurité, de salles de presse, de zones médias, etc.
Le centre d’entraînement, lui, nécessiterait des travaux de rénovation. Mais plusieurs sources assurent que la ville de Boston et les universités locales sont prêtes à mettre la main à la poche si la France dit oui.
« Là où on passe le plus de temps, c’est à l’hôtel. »
Didier Deschamps, quelques heures après le tirage au sort
Et Deschamps, on le sait, est obsessionnel sur le confort et la récupération. Il préfère largement passer dix minutes de moins dans un bus que dix minutes de moins dans un avion.
New Jersey : l’option pratique qui s’éloigne
Il y a encore quinze jours, le New Jersey était presque à égalité avec Boston. Le centre d’entraînement des New York Red Bulls était disponible, ultra-moderne, et surtout à proximité immédiate du match d’ouverture contre le Sénégal (le 16 juin au MetLife Stadium).
Mais voilà, plusieurs éléments ont refroidi le staff :
- Trafic infernal autour de New York, surtout en semaine
- Aéroport loin du centre
- Chaleur et humidité parfois étouffantes en juin
- Des installations hôtelières un peu moins « premium » que prévues
Résultat ? L’option New Jersey, qui semblait évidente sur la carte, perd chaque jour du terrain. On murmure même dans l’entourage des Bleus que Deschamps aurait dit, mi-sérieux mi-blagueur : « Je ne veux pas que les joueurs passent leur vie dans un tunnel. »
Chicago, l’outsider qui monte en flèche
Et puis il y a Chicago. La ville qui n’était même pas dans les petits papiers il y a un mois. Et qui, pourtant, commence sérieusement à faire tourner les têtes.
Pourquoi ? Parce que quand tu regardes froidement les contraintes, Chicago répond à presque tous les souhaits du staff :
- Hôtels 5 étoiles en pagaille, tous déjà habitués à accueillir des délégations sportives de haut niveau
- Centres d’entraînement de très haut standing (notamment ceux utilisés par la MLS ou les universités)
- Climat agréable en juin, vent du lac Michigan qui rafraîchit
- Vols directs courts : 2h max vers New York, Philadelphie ou Boston
- Aucun match sur place = zéro pression médiatique locale, tranquillité absolue
- Des installations souvent déjà aux normes FIFA ou très facilement adaptables
En gros, Chicago offre ce que Clairefontaine offre en France : une bulle de calme à quelques heures d’avion des lieux de match. Et dans une Coupe du Monde où la fatigue des déplacements peut tuer une équipe (regardez l’Argentine en 2022 qui avait choisi Doha comme base unique), ce n’est pas rien.
D’après mes informations, plusieurs membres du staff poussent très fort pour cette option. L’argument massue ? La récupération. Avec des matches à 15 h ou 23 h heure locale, les horaires d’entraînement vont être décalés en permanence. Passer quarante-cinq minutes dans les bouchons pour aller s’entraîner, très peu pour Deschamps.
Le calendrier des Bleus qui complique tout
Petit rappel du programme de la France en phase de groupes :
| Date | Adversaire | Ville | Horaire local |
| 16 juin | Sénégal | New York/New Jersey | 21 h |
| 22 juin | Bolivie, Irak ou Suriname | Philadelphie | 23 h |
| 26 juin | Norvège | Boston | 21 h |
Ce qui frappe, c’est la dispersion géographique et les horaires tardifs. Deux matches à 21 h ou 23 h heure locale, ça veut dire que les joueurs vont se coucher à 3-4 h du matin heure de leur organisme. La récupération devient alors l’alpha et l’oméga de la préparation.
Et là, Chicago marque des points énormes : vols de nuit possibles après les matches, retour à la base en moins de deux heures, réveil à midi sans stress, entraînement en fin d’après-midi. Un rythme presque normal.
Ce que Deschamps veut vraiment (et ce qu’il ne veut surtout pas)
On connaît l’homme. Deschamps ne laisse rien au hasard. Son mantra depuis 2012 ? Contrôler tout ce qui est contrôlable. Et le camp de base, c’est 80 % du succès selon lui.
Ce qu’il veut :
- Un hôtel où les joueurs se sentent comme à la maison
- Un trajet hôtel → centre d’entraînement de moins de 20 minutes
- Un centre d’entraînement privé, sécurisé, avec pelouse parfaite
- Une ville où les joueurs et familles peuvent respirer
- Zéro perturbation extérieure
Ce qu’il ne veut surtout pas :
- Passer sa vie dans les embouteillages new-yorkais
- Que ses joueurs dorment mal à cause du bruit ou de la chaleur
- Prendre des risques inutiles avec des installations non validées
- Que l’équipe soit dispersée entre plusieurs hôtels
À ce petit jeu, Chicago sort clairement du lot ces derniers jours.
Et les précédents historiques ?
Petit flashback intéressant : en 2018, la France avait choisi Istra, à 1 h de Moscou, plutôt que de loger dans la capitale. Résultat ? Calme absolu et titre mondial. En 2022, même chose avec Doha comme base unique malgré des matches à Lusail ou Al Khor.
Le message est clair : Deschamps préfère une base unique, calme et fonctionnelle, même si ça implique des vols internes, plutôt qu’un camp au plus près des stades mais stressant au quotidien.
Chicago, dans cette logique, serait presque le Clairefontaine américain.
Alors, verdict final ?
À l’heure où j’écris ces lignes, début décembre 2025, rien n’est encore acté. Deschamps et son staff ne rentreront pas avant mardi soir au plus tôt. Ils visitent encore, comparent, mesurent, chronomètre en main les temps de trajet, testent les matelas (si, si), goûtent la nourriture des hôtels.
Mais une chose est sûre : la tendance s’est clairement inversée. Boston reste un très beau plan B. Le New Jersey est presque hors course. Et Chicago, la ville qui n’était même pas invitée à la fête il y a un mois, pourrait bien créer la surprise.
Personnellement, je mettrais une petite pièce sur Chicago. Pourquoi ? Parce que Deschamps a déjà prouvé qu’il était capable de prendre des décisions qui paraissent contre-intuitives au premier abord mais qui s’avèrent payantes ensuite. Et parce que, dans une compétition marathon comme celle de 2026, la fraîcheur physique et mentale vaudra de l’or.
Rendez-vous dans quelques semaines pour savoir où Mbappé, Camavinga, Saliba et les autres poseront leurs crampons. Une chose est sûre : où qu’ils aillent, ils arriveront avec l’étiquette de favoris. Et un camp de base choisi au millimètre près par un sélectionneur qui ne laisse jamais rien au hasard.
La route vers le toit du monde commence toujours… par le choix d’un bon hôtel.
