Imaginez-vous au bord de la piste, oreille collée au vibreur, quand soudain deux bolides se battent roue contre roue et que l’un d’eux met deux roues hors des limites autorisées. Votre cœur s’arrête. Pénalité ou pas pénalité ? C’est exactement ce qui s’est passé ce dimanche à Abu Dhabi, et franchement, on en parle encore des heures après.
Lando Norris, leader du championnat avec une avance fragile, se retrouve derrière Yuki Tsunoda après son arrêt au stand. Le Japonais, coéquipier de Max Verstappen, n’a clairement pas l’intention de lui faire de cadeau. Et là, au 23e tour, Norris tente le tout pour le tout : il plonge à l’intérieur, freine tard… et sort largement de la piste pour prendre l’avantage. On se dit tous : « Ça y est, 5 secondes de pénalité, le titre va peut-être basculer. » Eh bien non.
Une décision qui fait déjà débat dans le paddock
Les commissaires ont tranché : pas de sanction pour le Britannique. À la place, c’est Tsunoda qui récolte cinq secondes pour avoir changé deux fois de trajectoire en défense. Oui, vous avez bien lu. Le défenseur écope, l’attaquant passe entre les gouttes. On a vu des décisions plus simples à comprendre dans l’histoire récente de la Formule 1, croyez-moi.
Alors évidemment, les réseaux s’enflamment. D’un côté, certains hurlent à l’injustice : « Norris a clairement gagné un avantage en sortant de la piste ! » De l’autre, on entend : « Tsunoda a zigzagué, c’est interdit par le règlement, point final. » Personnellement, je trouve que la vérité se situe quelque part au milieu, mais une chose est sûre : cette décision pèse lourd dans la course au titre.
Revenons sur l’action minute par minute
Tour 23. Norris sort des stands en pneus mediums, Tsunoda est juste devant en pneus durs usés. Le Japonais ferme la porte à l’intérieur du virage 6, Norris reste à l’extérieur, garde pleins gaz… et met les quatre roues bien au-delà de la ligne blanche. À la télé, le ralenti est accablant : il n’y a même pas débat, il est hors piste.
Mais ce que les images montrent moins, c’est que Tsunoda a effectivement bougé deux fois : un premier mouvement vers l’intérieur, puis un second pour se rabattre sur la trajectoire de Norris. Les directeurs de course ont jugé que c’était ce double changement de ligne qui forçait Norris à sortir large. Résultat ? Le dépassement est considéré comme légal.
« Nous avons examiné les données télémétriques et les vidéos embarquées. Le pilote de la voiture 22 (Tsunoda) a effectué deux mouvements successifs, ce qui est contraire à l’article concernant la défense. »
Communiqué officiel des commissaires sportifs
Pourquoi cette règle des limites de piste pose encore problème
On le sait, depuis 2021 et surtout 2023, la FIA serre la vis sur les limites de piste. L’idée est simple : empêcher les pilotes de gagner du temps en coupant les virages. Mais à Abu Dhabi, le secteur 3 avec ses longues courbes rapides rend la règle particulièrement délicate à appliquer. Quand tu attaques à fond, il suffit d’un rien pour mettre une roue dehors.
Le hic ? Le règlement dit clairement que tout dépassement effectué en sortant entièrement des limites doit être rendu. Sauf que là, Norris n’a jamais rendu la position. Les commissaires ont estimé qu’il n’avait pas le choix à cause de la défense de Tsunoda. Un précédent dangereux ? Peut-être. On risque de revoir ce genre d’argument dans les prochaines courses si personne ne clarifie la règle.
- Avant 2025 : dépassement hors piste = obligation de rendre la place
- Maintenant : si le défenseur bouge deux fois, l’attaquant peut garder la position même hors piste
- Conséquence : les pilotes vont peut-être commencer à provoquer l’adversaire pour le forcer à l’erreur
L’impact direct sur la lutte pour le titre mondial
À ce moment de la course, les trois prétendants au titre sont dans un mouchoir de poche. Seize points seulement séparent le premier du troisième avant le départ. Norris leader, Piastri à quelques unités, Verstappen en embuscade avec l’obligation de monter sur le podium pour garder une chance.
Cette non-pénalité change tout. Sans ces cinq secondes potentielles, Norris conserve une position clé qui peut lui rapporter gros en fin de course. À l’inverse, les cinq secondes infligées à Tsunoda le font plonger dans le classement et retirent un bouclier précieux à Verstappen. Stratégiquement, c’est un coup dur pour l’équipe autrichienne.
Et puis il y a l’aspect psychologique. Norris, souvent critiqué pour manquer de killer instinct en fin de saison, montre qu’il sait aller chercher la position coûte que coûte. Quitte à jouer avec le règlement. Est-ce le signe qu’il a enfin franchi un cap mental ? On le saura dans quelques heures.
Tsunoda, le grand perdant du jour ?
Il faut le dire franchement : le pilote japonais n’a pas démérité. Il a tenu tête à une McLaren bien plus rapide en pneus neufs, a défendu comme un lion, et se retrouve pénalisé pour ça. Cinq secondes, c’est énorme quand on se bat dans le peloton. Il perd plusieurs positions et, surtout, il ne peut plus jouer les trouble-fêtes pour son leader.
Dans le garage, on imagine la frustration. Tsunoda a déjà prouvé plusieurs fois cette saison qu’il était prêt à tout pour aider Verstappen. À Las Vegas, à Austin, il avait parfaitement rempli son rôle. Aujourd’hui, il se fait sanctionner alors qu’il appliquait les consignes à la lettre. Dur à avaler.
Ce que ça dit de l’évolution du règlement en F1
Depuis l’arrivée de la nouvelle direction de course, on assiste à une forme de tolérance plus grande sur certains incidents. L’idée ? Laisser les pilotes se battre, éviter les pénalités à la pelle qui tuent le spectacle. On l’a vu à plusieurs reprises cette année : tant que personne ne met en danger l’autre, on laisse couler.
Mais là, on touche à une ligne rouge. Autoriser un dépassement obtenu hors piste parce que le défenseur a bougé deux fois, c’est ouvrir une boite de Pandore. Demain, n’importe quel pilote pourra sortir large en prétextant que l’autre l’a poussé dehors. Il va falloir que la FIA clarifie ça rapidement, sinon on court droit vers des fins de saison encore plus chaotiques.
Et maintenant, qui va remporter ce championnat historique ?
À l’heure où j’écris ces lignes, la course est toujours en cours. Piastri mène, Norris est solide en troisième position, Verstappen pointe à la cinquième place et doit absolument remonter. Chaque tour compte. Chaque position vaut de l’or.
Ce qui est sûr, c’est que ce Grand Prix d’Abu Dhabi 2025 entrera dans les annales. Trois pilotes en lice pour le titre mondial lors de la dernière course, ça n’était plus arrivé depuis très longtemps. Et cette polémique autour du dépassement Norris-Tsunoda ajoute une dose de suspense supplémentaire.
Peu importe qui soulèvera le trophée ce soir, une chose est certaine : on vient d’assister à un tournant de la saison. Un de ces moments dont on se souviendra dans dix ans, quand on parlera de la grande bataille de 2025. Et quelque part, c’est aussi ça qu’on aime dans ce sport : son imprévisibilité, ses controverses, ses passions.
Alors oui, Norris a échappé à la pénalité. Oui, ça fait débat. Mais au fond, c’est peut-être simplement la Formule 1 dans toute sa splendeur : un mélange explosif de vitesse, de stratégie et de décisions qui font basculer des destins. Rendez-vous dans quelques heures pour savoir qui sera sacré champion. Je crois que je vais garder mon casque sur les oreilles encore un moment…
