Vous est-il déjà arrivé de vous dire que la réalité dépasse parfois la fiction la plus folle ?
Mercredi 3 décembre, dans une brigade de recherche du Morbihan, un gendarme en activité se retrouve menotté, soupçonné de viol. Rien que ça, c’est déjà énorme. Mais ce qui va suivre va transformer cette affaire en véritable scénario de film à suspense : l’homme parvient à s’évader. Et il faudra attendre le lendemain pour le retrouver, à une trentaine de kilomètres de là. Franchement, on se croirait dans un épisode de série policière… sauf que c’est bien réel.
Une évasion qui laisse tout le monde pantois
L’histoire commence donc dans les locaux de la brigade de Lorient. Le militaire, affecté à la compagnie de Pontivy, est entendu dans le cadre d’une enquête pour viol. Les détails sur les faits reprochés restent confidentiels – l’instruction est en cours et la présomption d’innocence s’applique –, mais l’affaire est suffisamment grave pour justifier une garde à vue.
Pendant un moment d’inattention ou grâce à une faille qu’on imagine mal dans un bâtiment de gendarmerie, le suspect disparaît. Pas d’effraction spectaculaire, pas de prise d’otage, juste… plus personne. Les collègues réalisent l’évasion, déclenchent immédiatement un avis de recherche et déploient un dispositif impressionnant dans tout le secteur.
Je vous avoue que, quand j’ai appris ça, ma première réaction a été : « Sérieusement ? Dans une brigade ? » On a beau savoir que l’erreur est humaine, on imaginez la stupeur des gendarmes présents ce jour-là.
Retrouvé 24 heures plus tard, sans opposer de résistance
Le lendemain, jeudi 4 décembre, vers Baud, à une trentaine de kilomètres de Lorient, les forces de l’ordre mettent enfin la main sur le fugitif. Selon les éléments recueillis, il se laisse interpeller sans la moindre résistance. Épuisé ? Résigné ? On ne sait pas encore.
Il est immédiatement replacé en garde à vue, cette fois pour deux chefs distincts : les faits initiaux de viol, et désormais l’évasion elle-même. Parce que oui, s’évader lorsqu’on est déjà privé de liberté, c’est un délit à part entière.
« L’évasion d’une personne placée en garde à vue est passible de trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende ; la peine peut monter à cinq ans si violence ou effraction. »
Article 434-27 du Code pénal
Autant dire que la facture judiciaire risque d’être très lourde.
Mis en examen pour viol et évasion : la double peine
Vendredi, présentation devant une juge d’instruction. Résultat : mise en examen sur les deux tableaux. Une information judiciaire est ouverte pour l’évasion, tandis que l’enquête sur les faits de viol suit son cours.
À ce stade, plusieurs questions brûlent les lèvres :
- Comment un gendarme, qui connaît parfaitement les procédures et les locaux, a-t-il pu passer entre les mailles du filet ?
- Y a-t-il eu complicité interne ou simplement une faille humaine ?
- Quelle sera la sanction disciplinaire au sein de la gendarmerie nationale ?
- Et surtout, quel impact sur la confiance du public envers les forces de l’ordre ?
Des questions légitimes. Parce que, soyons honnêtes, quand c’est un représentant de l’autorité qui commet l’irréparable puis s’enfuit, le choc est décuplé.
Les évasions de garde à vue : plus rares qu’on ne le pense… mais pas impossibles
Contrairement à ce qu’on voit dans les films, les évasions spectaculaires style Prison Break sont extrêmement rares en France. La plupart du temps, elles se produisent lors de transferts ou à l’hôpital. Mais dans les locaux mêmes d’une brigade ou d’un commissariat ? C’est exceptionnel.
Ces dernières années, on se souvient de quelques cas marquants :
- 2023 à Créteil : un homme soupçonné de tentative de meurtre s’évade par la fenêtre du commissariat.
- 2019 à Lyon : un individu profite d’un moment d’inattention pour fausser compagnie à ses gardiens.
- Plus ancien, l’affaire Rédoine Faïd, mais là on était déjà en prison, pas en garde à vue.
Mais un gendarme qui s’évade d’une brigade de gendarmerie… c’est du jamais-vu, ou presque.
L’impact sur l’institution gendarmerie
Au-delà du fait divers, cette affaire pose un problème de confiance. La gendarmerie nationale, déjà ébranlée ces dernières années par plusieurs scandales (violences, affaires internes), se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs pour de mauvaises raisons.
On imagine sans mal l’enquête administrative qui va suivre. Suspension immédiate, inspection générale de la gendarmerie saisie, audit des procédures de garde à vue dans la brigade concernée… Tout l’arsenal va être déployé.
Et puis il y a la dimension humaine. Les collègues du mis en cause doivent être sonnés. Travailler aux côtés de quelqu’un, lui faire confiance au quotidien, et apprendre ça… Ce n’est pas anodin.
Et maintenant ?
L’instruction va durer des mois, voire des années. Entre les expertises, les auditions, les confrontations, le chemin est encore long. Le suspect, lui, risque fort de rester en détention provisoire le temps que la justice fasse toute la lumière.
Ce qui est sûr, c’est que cette histoire va laisser des traces. Dans le Morbihan, en Bretagne, mais aussi dans toute la gendarmerie nationale. Parce que quand celui qui est censé protéger devient celui qui fuit, c’est tout l’édifice qui vacille un instant.
Je ne vais pas vous mentir : en écrivant ces lignes, j’ai encore du mal à réaliser. On a beau couvrir des faits divers depuis des années, certains continuent de nous surprendre. Et celui-ci, franchement, il fait partie du lot.
Affaire à suivre, évidemment. Dès qu’il y aura du nouveau, je vous tiens au courant.
