Vous est-il déjà arrivé de regarder votre enfant partir au collège le matin et de vous dire, au fond de vous, que tout peut basculer en quelques heures ? Vendredi dernier, en Haute-Savoie, c’est exactement ce qui s’est produit pour une famille de Pringy. Leur fille Nina, 14 ans, a terminé sa matinée de cours et… plus rien. Aucun message, aucun retour à la maison. Depuis, le silence.
Une disparition qui inquiète toute une région
Quand on habite une petite commune comme Pringy, on a souvent l’impression que ce genre d’histoire arrive toujours ailleurs. Pourtant, depuis dimanche, les gendarmes ont pris les choses très au sérieux et diffusé un appel à témoins officiel. Ils parlent clairement d’une fugue, ce qui change un peu la donne par rapport à un enlèvement, mais ne rend pas la situation moins angoissante pour les proches.
Ce qui frappe, c’est la rapidité avec laquelle l’information a circulé. En quelques heures, les réseaux sociaux locaux se sont embrasés. Des parents, des alentours partagent la photo de Nina, les commerçants d’Annecy scrutent chaque adolescente qui passe. On sent une vraie mobilisation citoyenne, celle qu’on espère toujours voir dans ce genre de moments.
Qui est Nina ? Le portrait d’une ado ordinaire… jusqu’à vendredi
Nina a 14 ans, elle mesure 1,60 m, cheveux châtains qui lui arrivent aux épaules, yeux marron. Rien de particulièrement remarquable au premier coup d’œil, et c’est peut-être ça le plus troublant : elle ressemble à n’importe quelle collégienne du coin.
Le jour de sa disparition, elle portait :
- Un jogging et un haut noir
- Une veste (probablement sombre)
- Un sac à main Lacoste blanc – détail qui peut vraiment aider
- Une casquette noire
- Des baskets blanches Nike
Franchement, si vous étiez dans le bus ou dans la rue vendredi après-midi entre Pringy et Annecy, vous avez peut-être croisé cette silhouette sans y prêter attention. Et aujourd’hui, ce souvenir anodin pourrait être décisif.
Pourquoi parle-t-on de fugue et pas d’enlèvement ?
Les enquêteurs semblent avoir rapidement écarté la piste criminelle. Pas de signe d’effraction, pas de dispute connue juste avant, pas de comportement suspect autour du collège. D’après les premiers éléments, Nina serait partie de son plein gré.
Mais fuguer à 14 ans, c’est malheureusement plus fréquent qu’on ne le croit. Souvent, c’est lié à des tensions familiales, à la pression scolaire, parfois à une histoire d’amour compliquée ou tout simplement à cette envie brutale de liberté qui peut saisir certains ados à cet âge-là. Ça ne veut pas dire que c’est moins grave. Au contraire.
Une fugue, ce n’est jamais anodin. Même si l’ado pense « juste » s’éloigner quelques jours, elle se retrouve très vite en situation de grande vulnérabilité.
– Une éducatrice spécialisée que j’ai croisée il y a quelques années
Dans la rue, sans argent, sans endroit où dormir, sans repérée parfois par des personnes mal intentionnées… Les risques sont réels. Et en décembre, avec le froid qui s’installe en altitude, c’est encore pire.
Annecy, la piste privilégiée par les gendarmes
Les enquêteurs pensent que Nina a pris un bus en direction d’Annecy. La ville n’est qu’à une quinzaine de kilomètres, les lignes sont fréquentes, et pour une collégienne c’est facile de s’y rendre seule.
Pourquoi Annecy ? Peut-être une amie chez qui dormir, un petit copain, ou simplement l’envie de se fondre dans la foule d’une ville plus grande. Le vieux Annecy, les bords du lac, la gare, le centre commercial Courier… Ce sont des endroits où une adolescente peut passer inaperçue plusieurs jours.
Les gendarmes demandent donc une vigilance particulière dans les transports en commun : bus Sibra, cars LIHSA, trains TER vers Annecy ou même plus loin. Chaque témoignage compte, même si vous pensez que « ce n’était probablement pas elle ».
Comment réagir si vous pensez l’avoir vue
Le numéro à retenir est simple : 0800 971 071. C’est une ligne gratuite, ouverte 24 h/24. Vous pouvez appeler même anonymement.
Et surtout, surtout : ne l’approchez pas vous-même. Une adolescente en fugue peut paniquer et fuir encore plus loin si un inconnu l’interpelle. Le mieux est de noter l’heure, le lieu, la direction qu’elle prenait, et d’appeler immédiatement.
Les fugues d’adolescents : un phénomène qu’on sous-estime
J’ai couvert plusieurs disparitions de mineurs ces dernières années, et il y a un point qui revient toujours : on croit que « ça n’arrive qu’aux autres ». Pourtant, chaque année en France, plusieurs milliers d’adolescents font une fugue. La très grande majorité revient d’elle-même au bout de quelques jours. Mais quelques-uns…
Ce qui me frappe, c’est qu’on parle peu de l’après. Même quand l’ado est retrouvée saine et sauve, il reste des séquelles. La confiance brisée avec les parents, parfois des rencontres dangereuses, des traumatismes. Une fugue, ce n’est jamais « juste » une crise d’ado.
Et puis il y a les cas, rares mais terribles, où la fugue cache quelque chose de plus grave : violences intra-familiales, harcèlement, dépression profonde. C’est pour ça que les gendarmes prennent toujours ces signalements très au sérieux, même quand tout porte à croire que l’ado va bien.
Ce que les parents peuvent faire dès maintenant
- Vérifier les derniers messages, les réseaux sociaux (même ceux qu’ils pensent que vous ne connaissez pas : Snapchat, TikTok, Discord…)
- Contacter les amis proches, même ceux dont on « n’aime pas trop la fréquentation »
- Regarder les relevés de carte bancaire ou le pass Navigo s’il y en a un
- Prévenir le collège : parfois l’ado revient discrètement le lendemain
- Et surtout, garder son calme devant les frères et sœurs : l’angoisse est contagieuse
Dans le cas de Nina, la famille doit vivre un cauchemar éveillé. Attendre, espérer, imaginer le pire à chaque sonnerie de téléphone…
Un espoir : la solidarité savoyarde
Ce qui me touche dans cette affaire, c’est de voir à quel point les gens se mobilisent. Les groupes Facebook locaux, les stories Instagram, les affiches improvisées dans les boulangeries… On sent que la Haute-Savoie se serre les coudes.
Peut-être que demain matin, une caissière du Carrefour d’Annecy reconnaîtra Nina. Ou qu’un chauffeur de bus se souviendra d’une adolescente avec un sac Lacoste blanc. Parfois, c’est un tout petit détail qui permet de retrouver quelqu’un.
En attendant, on croise les doigts. Fort.
Si vous avez la moindre information, même infime, appelez le 0800 971 071. Nina a 14 ans. Elle a toute la vie devant elle. Aidons-la à rentrer chez elle.
