Vous est-il déjà arrivé de voir un match se terminer sur un 0-0 et de ressentir… une immense bouffée d’émotion ? Pas le genre de nul fade qui endort tout le monde, non. Celui-là, c’était autre chose. Dimanche soir à Al Rayyan, la Syrie et la Palestine ont écrit une page que le football arabe n’est pas près d’oublier.
Je vais être honnête : en lançant la vidéo des célébrations, j’ai eu la gorge serrée. Des joueurs qui pleurent, qui s’enlacent, qui échangent leurs maillots comme s’ils venaient de gagner la Coupe du monde. Et pourtant, il n’y avait pas de but. Juste un point chacun. Mais ce point-là valait de l’or.
Quand le football devient plus grand que le jeu
Reprenons depuis le début. Groupe A de la Coupe Arabe 2025. Avant cette dernière journée, Syrie et Palestine sont invaincues. Un match nul suffit aux deux pour passer en quarts. Autant dire que personne n’avait envie de prendre le moindre risque. Le spectacle ? On repassera. Trois tirs cadrés au total, des expected goals ridiculeusement bas… Sur le papier, c’était moche.
Mais dans les tribunes et devant les écrans, on sentait autre chose. Une tension particulière. Pas celle de la peur de perdre, non. Celle de l’espoir immense qui reposait sur ces 22 gamins.
Deux nations, une même résilience
Parlons contexte, parce qu’on ne peut pas comprendre cette joie sans ça. La Syrie sort de quatorze années d’une guerre qui a tout détruit, y compris le football. Des stades bombardés, des joueurs exilés, des championnats interrompus pendant des mois. Pourtant, l’équipe est là, solide, invaincue en poules.
La Palestine, elle, vit sous occupation depuis des décennies. Ses joueurs viennent parfois de camps de réfugiés, traversent des check-points pour s’entraîner, jouent des matchs « à domicile » au Koweït ou en Jordanie parce que c’est trop dangereux chez eux. Atteindre les quarts de finale d’une compétition arabe ? Historique. Tout simplement.
« On ne joue pas seulement pour trois points. On joue pour montrer au monde que nous existons encore. »
– Un joueur palestinien, les larmes aux yeux, après le match
La fin de match qu’on n’oubliera jamais
90e minute. Les Palestiniens ont le ballon dans leur camp. Au lieu de le perdre bêtement, ils se le passent tranquillement. Les Syriens ? Ils ne pressent pas. Pas un tacle. Pas une contestation. On se regarde. On sourit presque. Le temps additionnel dure une éternité… et pourtant, personne ne veut que ça s’arrête.
Puis le sifflet final retentit.
Et là, c’est l’explosion.
Les joueurs se jettent dans les bras les uns des autres. Maillots échangés en quelques secondes. Des Syriens soulèvent leurs homologues palestiniens. Des embrassades interminables. Une photo commune où tout le monde sourit, les deux drapeaux mélangés. Franchement, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi pur dans un stade.
Ce que cette image dit du football arabe
Dans un monde arabe souvent divisé, cette scène est un électrochoc. Deux peuples qui souffrent, qui pourraient avoir mille raisons de se méfier, et qui choisissent la fraternité. Pas de provocation, pas de calcul. Juste l’envie de partager quelque chose de beau.
J’ai repensé à d’autres moments forts du football arabe. La qualification de la Palestine pour la Coupe d’Asie 2023 malgré tout. L’Irak qui gagne la Coupe d’Asie 2007 en pleine guerre civile. Le Maroc qui porte haut les couleurs arabes en 2022. Mais là, c’est différent. C’est une célébration commune. Un « on l’a fait ensemble ».
- Première qualification historique de la Palestine en quarts de finale de Coupe Arabe
- Retour de la Syrie à ce stade après… 1992 !
- Une génération qui refuse de baisser les bras malgré les bombes
- Une leçon d’humanité en plein milieu d’un tournoi de football
Et maintenant ? Les quarts de finale
La route ne s’arrête pas là. La Palestine affrontera le deuxième du groupe B – probablement l’Arabie saoudite ou le Maroc. La Syrie, elle, héritera du premier. Des chocs énormes en perspective. Mais quelque chose me dit que ces deux équipes jouent désormais libérées. Elles n’ont plus rien à prouver sur leur légitimité. Elles sont là. Point.
Peu importe la suite, ce 0-0 du 7 décembre 2025 restera gravé. Parce qu’il a montré que le football peut encore être un langage universel. Même quand tout le reste semble perdu.
Alors oui, il y aura d’autres buts spectaculaires dans ce tournoi. D’autres exploits individuels. Mais j’ai comme l’intuition que cette image – ces joueurs syriens et palestiniens unis sous les lumières d’Al Rayyan – sera celle qu’on retiendra le plus longtemps.
Parce que parfois, ne pas marquer, c’est marquer les esprits pour toujours.
Et vous, quelle est l’image de football qui vous a le plus marqué ces dernières années ? Celle qui vous a fait comprendre que ce sport, c’est bien plus que 90 minutes…
