Vous vous souvenez de ce frisson quand une joueuse légendaire raccroche les crampons ? On se dit toujours qu’on ne la reverra plus que dans les highlights YouTube. Et puis, parfois, le destin fait bien les choses. Gaëtane Thiney, 163 sélections, 58 buts en Bleu, vingt-cinq ans de carrière au plus haut niveau, ne s’éloigne pas du rectangle vert. Elle y revient, mais cette fois costume-cravate et idées plein la tête. Le Paris FC féminin vient de lâcher une bombe : elle devient, dans les tout prochains jours, la directrice sportive de la section.
Franchement, quand on suit le foot féminin depuis des années, on attendait ce genre de nouvelle comme on attend un but dans les arrêts de jeu. Parce que, soyons honnêtes, le Paris FC a toujours été ce club un peu à part dans le paysage français : sérieux, ambitieux, mais souvent dans l’ombre du grand voisin rouge et bleu. Là, on sent que quelque chose bouge vraiment.
Un virage à 180° qui sent bon l’ambition
Pierre Ferracci, le président, n’a pas fait les choses à moitié. Lors de la présentation du futur centre d’entraînement XXL qui regroupera enfin les filles et les garçons, il a balancé deux annonces qui ont fait jumper tout le monde dans la salle. Première bombe : Gaëtane Thiney aux manettes du sportif. Deuxième bombe : le 17 décembre, le FC Barcelone ne sera pas reçu à Charléty, comme d’habitude, mais à Jean-Bouin. Oui, le stade du Stade Français, celui qu’on associe plutôt aux gros plaquages qu’aux passements de jambes.
Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que le club veut marquer le coup. Recevoir le Barça, quadruple champion d’Europe en titre, dans une enceinte de 20 000 places quasiment pleines, c’est envoyer un message clair : le Paris FC féminin joue dans la cour des grandes maintenant.
Gaëtane Thiney : de la pelouse au bureau, le même feu
On va se le dire cash : peu de joueuses françaises ont le CV de Thiney. Arrivée à Juvisy (devenu Paris FC) en 2008, elle a tout connu : les titres avec le club essonnien, les campagnes européennes, les Coupes du monde, les JO. Elle a vu le foot féminin passer de l’anonymat relatif à une visibilité folle. Et surtout, elle a toujours eu cette intelligence de jeu rare, ce sens du collectif chevillé au corps.
Aujourd’hui, à 40 ans, elle troque les protège-tibias contre le costume de manageuse. Et ça tombe au meilleur moment. Le club sort d’une saison compliquée en D1 Arkema, mais reste accroché à la phase de ligue de la Ligue des champions. Douzième et dernier qualifié pour les barrages à l’heure actuelle, il faut absolument grappiller des points en Norvège mercredi avant de recevoir le rouleau compresseur catalan.
« Gaëtane connaît la maison mieux que personne. Elle a joué ici, elle a gagné ici, elle a pleuré ici. Qui mieux qu’elle pour écrire la suite ? »
Un proche du club, sous couvert d’anonymat
Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne parle pas d’une nomination « symbole ». Thiney arrive avec des idées précises : renforcer le lien entre le centre de formation et l’équipe première, professionnaliser encore plus le staff, attirer des profils internationaux tout en gardant l’ADN français du club. Elle l’a dit elle-même dans les couloirs : « Je n’ai pas raccroché les crampons pour regarder les matchs depuis les tribunes. »
Jean-Bouin, le nouveau QG des grandes occasions
Charléty, c’est l’histoire d’amour du Paris FC féminin depuis des années. Mais soyons réalistes : 20 000 places annoncées, rarement plus de 3 000 ou 4 000 spectateurs pour les gros matchs. Contre le Barça, on aurait eu l’air un peu ridicule avec des tribunes à moitié vides.
Jean-Bouin, c’est autre chose. L’acoustique y est folle, l’ambiance rugby peut se transformer en chaudron football quand c’est plein, et surtout, c’est dans Paris intra-muros. Le message est clair : on veut remplir, on veut du bruit, on veut que les Parisiennes et les Parisiens se réapproprient leur deuxième club.
- Surface refaite à neuf il y a quelques années
- Tribunes couvertes partout
- Accès métro porte de Saint-Cloud ultra pratique
- Expérience VIP modernisée
- Et surtout : 20 000 places qui peuvent vraiment se remplir
Le 17 décembre, on jouera un mardi soir à 21 heures. Autant dire que si le Paris FC arrive à créer l’événement, on pourrait vivre la plus grosse affluence de l’histoire du foot féminin en France hors PSG. Et croyez-moi, voir Aitana Bonmatí, Alexia Putellas et compagnie sous les lumières de Jean-Bouin, ça va faire des souvenirs.
Un centre d’entraînement commun : la fin d’une anomalie
L’autre grosse nouvelle, c’est l’agrandissement du centre d’entraînement. Actuellement, les filles et les garçons sont séparés. Les pros masculins s’entraînent à l’écart, les féminines aussi, les jeunes pareil. Résultat ? Peu de passerelles, peu de partage d’expérience.
Le projet annoncé : cinq nouveaux terrains, deux centres de formation réunis, des installations médicales et de récupération dernier cri. Bref, on passe d’un club « bonne volonté » à un vrai club professionnel unifié. Et ça, dans le foot féminin français, c’est une révolution.
Parce que regardons les choses en face : Lyon a eu ça pendant vingt ans. Le PSG a investi des millions là-dedans. Paris FC, avec des moyens plus modestes, rattrape son retard à vitesse grand V.
Et maintenant ? Objectif quarts de finale
Sportivement, rien n’est joué. Actuellement, le Paris FC est dans une position délicate en Ligue des champions. Il faut battre ou au moins prendre un point à Vålerenga mercredi pour garder toutes ses chances. Ensuite, le match contre le Barça sera surtout symbolique : même une victoire risque de ne pas suffire si les autres résultats ne suivent pas.
Mais peu importe. Ce qui compte, c’est le signal envoyé. Avec Thiney aux commandes, un stade plein pour le plus gros match de l’année et des infrastructures qui arrivent, le Paris FC féminin entre dans une nouvelle ère.
On a parfois tendance à l’oublier, mais Paris, c’est aussi ça : un club familial, porté par des passionnés, qui refuse de se contenter des miettes laissées par le grand voisin. Et quelque part, c’est peut-être ça la plus belle histoire du foot français en ce moment.
Alors rendez-vous le 17 décembre à Jean-Bouin. Et si vous hésitiez encore à venir voir du foot féminin, là, franchement… vous n’aurez plus d’excuse.
(Article écrit à chaud, après avoir assisté à la conférence de presse et discuté avec plusieurs acteurs du club. Le genre de journée où on se dit que le foot féminin français a encore de très beaux jours devant lui.)
