Imaginez la scène : vous êtes au bord du terrain, le sifflet entre les lèvres, 80 000 personnes qui hurlent, et chaque décision peut faire basculer une saison entière. C’est exactement ce qui attend Clément Turpin mercredi soir au Santiago Bernabeu. L’arbitre français, souvent présenté comme le meilleur de nos représentants, va diriger le choc entre le Real Madrid et Manchester City. Et franchement, le timing est… osé.
Dix jours. À peine dix jours après l’énorme polémique du match Monaco-PSG où tout le monde – vraiment tout le monde – a vu un tacle dangereux qui méritait rouge. Lui non. La VAR non plus. Et pourtant, l’UEFA n’a pas hésité une seconde à lui confier l’un des matchs les plus scrutés de cette phase de Ligue des champions. Il y a de quoi se poser des questions, non ?
Clément Turpin au Bernabeu : un choix qui ne passe pas inaperçu
Quand la liste des arbitres est tombée, j’avoue avoir fait un double-take. Clément Turpin pour Real-Manchester City ? Vraiment ? Après ce qui s’est passé en Ligue 1 ? Et pourtant, c’est bien lui qui va officier ce mercredi à 21 heures pour la sixième journée de la phase de ligue.
Il faut dire que l’homme n’est pas n’importe qui. À 43 ans, il reste une référence. Souvenez-vous : c’est lui qui avait dirigé la finale 2022 au Stade de France entre le Real et Liverpool. Une partie maîtrisée de bout en bout, presque clinique. Ce soir-là, personne n’avait rien eu à redire. Ce sera d’ailleurs son 58e match en Ligue des champions. Un chiffre qui donne le vertige.
Le fantôme de Louis-II plane encore
Mais revenons à ce fameux Monaco-PSG du 29 novembre. Une dizaine de minutes de jeu, un tacle de Lamine Camara sur la cheville du gardien parisien. Images lentes, ralenti, tout le monde voit la dangerosité. Sauf que sur le terrain, carton jaune. Et la VAR qui ne bouge pas. Le genre d’erreur qui reste en travers de la gorge.
Le gardien en question avait d’ailleurs lâché après le match que sa carrière aurait pu s’arrêter là. Son entraîneur, pas connu pour mâcher ses mots, avait balancé une phrase lourde de sens : « Pourquoi l’arbitre n’est pas allé voir les images ? Posez la question à la personne qui a décidé ça. » Ambiance.
« J’aurais voulu dire beaucoup, beaucoup, beaucoup plus… Mais je préfère dire que mon gardien a eu beaucoup de chance. »
L’entraîneur parisien, en conférence de presse
Même le directeur technique de l’arbitrage français a fini par reconnaître publiquement que c’était une erreur. Carton rouge oublié, point final. En général, ce genre de boulette coûte un demi-point sur la note interne des arbitres. Et parfois plus que ça en termes d’image.
Pas de sanction officielle… pour l’instant
Ce qui intrigue, c’est la gestion de l’après-coup. Le week-end suivant, Turpin était assistant VAR sur un match de Ligue 2. Une rotation déjà prévue, dit-on dans les couloirs. Pas une mise au placard, donc. Et maintenant, direction Madrid. L’UEFA semble dire : on passe à autre chose.
Est-ce que ça veut dire que l’erreur est déjà digérée ? Peut-être. En tout cas, sa nomination prouve une chose : en Europe, le Français reste bankable. Les instances continentales ne fonctionnent pas comme les championnats nationaux. Là-bas, on regarde le CV global, pas seulement le dernier match.
- Finale de Ligue des champions 2022 : check
- Plus de 50 matchs en C1 : check
- Réputation internationale solide : check
- Une erreur en championnat ? Ça arrive aux meilleurs.
Un match sous haute surveillance
Mercredi soir, tous les yeux seront braqués sur lui. Et pas seulement ceux des supporters. Les deux clubs, le Real comme City, ont des joueurs qui aiment aller au contact. Des attaquants rapides, des duels rugueux, des simulations parfois limite. Autant dire que la moindre décision litigieuse va être disséquée pendant des jours.
Et puis il y a Kylian Mbappé. Le Français face à un arbitre français. Ça rajoute une couche de pression inutile, ou peut-être une motivation supplémentaire ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que le moindre carton oublié ou donné trop vite va immédiatement être interprété.
J’ai l’impression qu’on va vivre un de ces matchs où l’arbitre devient presque un acteur principal. Pas par choix, mais parce que le contexte l’impose. Un peu comme Benoît Bastien lors de certains Classiques, ou Monsieur Lannoy à l’époque. Quand la tension est maximale, l’homme en noir passe au premier plan.
Pourquoi l’UEFA fait ce choix-là ?
La vraie question, c’est celle-ci. Pourquoi ne pas le protéger un peu ? Pourquoi ne pas lui donner un match moins exposé le temps que la tempête passe ? Personnellement, je pense que l’UEFA envoie un message clair : on ne cède pas à la pression médiatique nationale.
En Europe, Turpin reste dans le groupe élite. Point. Ses performances globales sur les dernières saisons pèsent plus lourd qu’une erreur – aussi grosse soit-elle – en championnat. C’est un peu brutal, mais c’est la réalité du très haut niveau arbitral.
D’ailleurs, cette saison, il avait déjà officié deux fois en C1 sans souci : Galatasaray-Liverpool et Olympiakos-PSV. Deux matchs propres. L’UEFA se dit probablement que l’épisode monégasque n’est qu’un accident de parcours.
Ce qu’il doit faire pour réussir sa soirée
S’il veut sortir de ce match la tête haute – et croyez-moi, il en a conscience – il va falloir être irréprochable. Pas juste bon, non. Ir-ré-pro-chable. Chaque tacle limite, chaque main dans la surface, chaque simulation va être regardée à la loupe.
- Utiliser la VAR sans hésiter sur les faits de jeu majeurs
- Garder la même exigence des deux côtés (c’est plus facile à dire qu’à faire au Bernabeu)
- Ne pas se laisser impressionner par l’ambiance ou les noms en face
- Rester fidèle à sa ligne directrice tout le match
Si jamais il passe au travers, par contre… là, ça risque de devenir très compliqué pour la suite de sa saison européenne. L’arbitrage, c’est aussi une question de momentum. Quand la confiance est entamée, tout devient plus dur.
Et nous, qu’est-ce qu’on doit en retenir ?
Au-delà du cas Turpin, cet épisode dit beaucoup de choses sur l’arbitrage moderne. On demande aux hommes en noir d’être des robots, mais ils restent humains. Une erreur en Ligue 1 peut faire la une pendant des jours, alors qu’en Ligue des champions, on passe vite à autre chose.
C’est peut-être injuste, mais c’est le jeu. Les meilleurs rebondissent. Les autres disparaissent doucement des radars européens. Mercredi soir, on saura dans quelle catégorie Clément Turpin se situe vraiment en cette fin d’année 2025.
Une chose est sûre : je serai devant mon écran, comme des millions de supporters, à scruter chaque décision. Pas par plaisir de critiquer, non. Juste parce que dans ce genre de match, l’arbitre fait partie intégrante du spectacle. Et parfois, il peut même le voler.
Alors, verdict ? Personnellement, je lui souhaite une grande soirée. Parce qu’un arbitre français qui brille en Ligue des champions, c’est bon pour tout le foot hexagonal. Et parce qu’après la tempête, il mérite peut-être de montrer qu’il reste l’un des tous meilleurs.
Rendez-vous mercredi au Bernabeu. Ça promet d’être… intense.
