Vous est-il déjà arrivé de regarder une voiture de service municipal et de vous dire qu’elle avait l’air un peu triste, toute blanche ou grise, sans personnalité ? Moi, oui. Et puis un jour, j’ai vu débarquer dans une petite ville des Yvelines un break flambant neuf… transformé en véritable affiche publicitaire ambulante. Résultat : la commune n’a rien payé. Absolument rien. L’idée m’a tellement plu que j’ai creusé le sujet.
Quand la pub locale finance la voiture du maire
Dans un contexte où chaque euro compte, certaines mairies font preuve d’une créativité impressionnante. L’une d’elles vient tout simplement de recevoir un véhicule hybride de sept places gratuitement, en échange de quelques mètres carrés de carrosserie offerts aux annonceurs du coin. Boulanger, plombier, restaurant du centre-ville… tout le monde y trouve son compte.
Le principe est enfantin : une société spécialisée prête le véhicule à la collectivité pour trois ou quatre ans. En contrepartie, elle vend les espaces publicitaires à des entreprises locales et colle les autocollants. À la fin du contrat, soit la commune rend la voiture, soit elle la rachète à un prix symbolique. Entre-temps, elle a roulé gratos.
« Il n’y a pas de petites économies », aime à répéter le maire de cette commune. Et franchement, il a raison.
Pourquoi ça marche si bien dans les petites et moyennes villes
Dans une commune de 5 000 à 10 000 habitants, la voiture municipale fait tous les jours le tour du territoire. Elle passe devant l’école, la maison de retraite, la boulangerie, le supermarché. Elle est vue des centaines de fois par jour par les habitants. Pour un artisan local, c’est de la pub ultra-ciblée, bien plus efficace qu’un flyer dans la boîte aux lettres.
Et pour la mairie, l’avantage est double :
- Elle renouvelle sa flotte sans toucher au budget d’investissement
- Elle fait travailler les commerçants du coin en leur offrant une visibilité bon marché
Un vrai cercle vertueux. J’ai même entendu un élu dire, mi-amusé mi-sérieux : « On fait du mécénat inversé ! »
Ce que dit la loi (parce que oui, il y a des règles)
Beaucoup de gens pensent que coller de la pub sur une voiture publique est interdit. Eh bien non. Le code général des collectivités territoriales autorise les partenariats dès lors qu’ils ne dénaturent pas la mission de service public et que le véhicule reste majoritairement identifiable comme appartenant à la commune (logo, couleurs, mentions « Ville de… » bien visibles).
En pratique, les agences sérieuses laissent toujours de la place pour le blason et le nom de la ville en gros. Le reste de la carrosserie devient un espace commercial. Tout le monde est content.
Combien ça coûte vraiment… ou plutôt, combien ça rapporte ?
Pour une voiture type break ou petit utilitaire, le « loyer » publicitaire couvre généralement :
- L’achat ou la location longue durée du véhicule neuf
- L’assurance tous risques
- L’entretien complet
- Le carburant ou la recharge (parfois)
- Le remplacement en cas de panne longue
En échange, la commune s’engage à faire rouler la voiture un minimum d’heures par mois et à ne pas la laisser dormir au garage. Certaines mairies vont plus loin et signent pour plusieurs véhicules d’un coup : fourgon pour les services techniques, minibus pour le centre aéré, voiture pour les élus…
Le gain ? Entre 15 000 et 40 000 € par véhicule sur trois ans, selon le modèle et la zone géographique. C’est énorme quand on sait qu’un petit budget communal d’équipement tourne souvent autour de 300 000 € par an.
Les habitants, ils en pensent quoi ?
Surprise : la plupart trouvent ça plutôt sympa. Une habitante m’a confié : « Au début, j’ai trouvé ça bizarre, mais quand j’ai vu que c’était la boulangerie du coin et le kiné chez qui je vais, j’ai trouvé ça rigolo. Et puis, si ça permet d’avoir une voiture neuve pour emmener mamie chez le médecin, tant mieux ! »
Seule petite critique récurrente : l’esthétique. Certains regrettent que la voiture ressemble à un concurrent du Tour de France. Mais globalement, l’argument économique l’emporte haut la main.
Et demain ? D’autres collectivités vont-elles suivre ?
Clairement oui. Plusieurs agences spécialisées m’ont confirmé recevoir chaque semaine des demandes de mairies de France entière. La crise énergétique et l’explosion des coûts d’entretien ont fini de convaincre les plus réticents.
On commence même à voir des expériences plus poussées :
- Minibus scolaires 100 % financés par la pub
- Camions de collecte des déchets en sponsoring
- Vélos électriques des policiers municipaux avec logos d’entreprises
Franchement, on n’est pas loin du moment où voir une voiture municipale immaculée paraîtra… suspect !
Mon avis (parce qu’on me le demande souvent)
Personnellement, je trouve l’idée brillante. Dans un pays où l’on critique souvent la dépense publique, voilà une solution pragmatique, sans augmentation d’impôts, qui fait bosser l’économie locale. Bien sûr, il faut que ça reste mesuré et que l’identité visuelle de la commune reste lisible. Mais quand c’est bien fait, c’est gagnant-gagnant-gagnant : la mairie, les entreprises, les habitants.
Et vous, dans votre ville, vous seriez plutôt « oui à la pub si c’est gratuit » ou « non, une mairie doit rester neutre » ? Dites-moi en commentaire, j’ai vraiment envie de savoir !
En attendant, si vous croisez un jour une voiture pleine de pub avec écrit « Commune de… » dessus, souriez : c’est probablement l’argent de vos impôts qui vient de faire une économie maligne.
Et quelque part, c’est plutôt rassurant.
