Imaginez la scène : une salle des fêtes remplie de bénévoles fatigués mais heureux, des sourires un peu gênés, des applaudissements polis. On remet des chèques, pas énormes, mais qui font chaud au cœur. C’est exactement ce qui s’est passé un lundi de décembre à Évry-Courcouronnes, dans l’Essonne. Et franchement, ça m’a touché.
Parce que derrière les 1000 € remis à chaque association, il y a des femmes et des hommes qui se battent tous les jours pour que leurs quartiers respirent un peu mieux. Et 1000 €, on va être honnête, ça ne va pas révolutionner la vie d’un quartier. Mais ça veut dire quelque chose d’important : on vous voit, on vous entend, on est là.
Un petit chèque pour un grand message
Le département de l’Essonne a lancé cette année un dispositif baptisé « En Essonne, nos quartiers ont des projets ». Sur 167 dossiers déposés, 41 ont été retenus. Tous concernent au moins un des 47 quartiers prioritaires de la politique de la ville (les fameux QPV) que compte le territoire.
1000 € par projet, ça fait un peu plus de 41 000 € au total. Dit comme ça, ça semble dérisoire quand on sait que près de 180 000 personnes vivent dans ces quartiers. Ça représente environ 22 centimes par habitant. Oui, vous avez bien lu. 22 centimes.
Mais avant de crier au scandale (et croyez-moi, certains ne s’en sont pas privés), il faut comprendre ce que ce geste veut dire. Ce n’est pas une solution miracle. C’est un signal. Un signal que la collectivité locale n’oublie pas ceux qui sont sur le terrain, ceux qui font vivre les quartiers quand tout le monde les regarde de loin.
Des projets qui touchent à tout
Ce qui m’a marqué en découvrant la liste des lauréats, c’est la diversité des initiatives soutenues. On est loin du saupoudrage sans âme. Il y a de vraies idées, portées par des gens qui connaissent leur quartier comme leur poche.
Prenez les ateliers de prévention contre le cyberharcèlement. Aujourd’hui, un ado peut se faire détruire la vie en quelques clics. Des associations proposent des interventions dans les collèges, des discussions sans jugement, des outils concrets. 1000 €, ça paie quelques séances, des flyers, un peu de matériel. Ce n’est pas grand-chose, mais ça peut éviter qu’un gamin sombre.
Il y a aussi tout ce qui tourne autour de la santé de proximité. Des actions pour parler nutrition, dépistage, accès aux soins dans des zones où aller chez le médecin relève parfois du parcours du combattant. J’ai en tête ce projet qui organise des marches santé dans le quartier. Simple, efficace, humain.
Le sport comme bouclier contre les rixes
En Essonne, on ne va pas se mentir, les rixes entre quartiers font régulièrement la une. C’est violent, c’est triste, et ça touche des gamins de plus en plus jeunes. Plusieurs projets retenus ciblent directement ce fléau.
Un club de base-ball à Savigny-sur-Orge, par exemple, développe un programme de prévention dans les écoles primaires. Leur idée ? Utiliser le sport pour apprendre le respect des règles, le travail en équipe, la gestion de la frustration. Le responsable le disait lui-même : « 1000 €, ce n’est pas assez pour tout faire, mais ça nous aide à nous sentir accompagnés ».
« On développe ça avec plusieurs partenaires dans les écoles du quartier. On se sent soutenus, même si 1000 €, ce n’est pas suffisant pour un gros projet comme le nôtre. »
– Un responsable d’un club sportif local
Et il a raison. Mais parfois, le simple fait d’être reconnu, d’avoir un petit coup de pouce officiel, ça donne de l’énergie pour continuer à frapper aux portes et chercher d’autres financements.
Cafés associatifs, lieux de vie, lien social
Parmi les projets, il y a aussi ces cafés associatifs qui ouvrent leurs portes aux jeunes. Un endroit où poser son sac après les cours, jouer à des jeux de société, discuter avec un adulte qui écoute vraiment. Dans certains quartiers, ces lieux sont des oasis.
1000 €, ça permet d’acheter des tables, des chaises d’occasion, du café, des jeux. Ça ne paie pas le loyer, mais ça aide à démarrer. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour que l’idée prenne corps.
Un geste symbolique… mais est-ce suffisant ?
Évidemment, tout le monde n’a pas applaudi sans réserve. Certains élus d’opposition ont pointé du doigt le caractère dérisoire de l’enveloppe globale. Et ils n’ont pas complètement tort.
« L’enveloppe est symbolique par rapport aux besoins des 180 000 habitants des QPV et des associations qui font un boulot énorme sur le terrain. »
C’est vrai. Quand on voit les budgets consacrés à d’autres postes, on peut se poser des questions. Mais il y a une chose qu’on oublie souvent dans ces débats : les petites associations, celles qui n’ont pas de salarié, pas de bureau chic, elles vivent parfois avec trois fois rien. Pour elles, 1000 €, c’est déjà énorme.
Un bénévole me confiait l’autre jour : « Pour nous, c’est énorme. Ça veut dire qu’on existe aux yeux de la collectivité. Et ça, ça n’a pas de prix. »
Pourquoi ce dispositif arrive maintenant ?
Il y a une vraie volonté politique de remettre les quartiers au centre. On entend souvent dire que la culture, la musique, l’énergie créative viennent des quartiers populaires. Et c’est vrai. Mais pour que cette énergie reste positive, il faut des soupapes, des lieux, des gens qui encadrent.
Le président délégué en charge de la politique de la ville l’a dit clairement : « Il faut qu’on soit fiers de nos QPV ». C’est une phrase qui peut sembler bateau. Mais dans le contexte actuel, elle prend tout son sens.
Ce dispositif, c’est une première édition. Peut-être que l’an prochain, l’enveloppe sera plus conséquente. Peut-être que d’autres collectivités vont s’en inspirer. En attendant, 41 associations ont un peu d’oxygène. Et dans le monde associatif, c’est déjà beaucoup.
Et nous, on peut faire quoi ?
Franchement, ça m’a fait réfléchir. On passe notre temps à critiquer les institutions, à dire qu’elles ne font rien. Mais quand elles font un pas, même petit, on trouve ça insuffisant. Je ne dis pas qu’il ne faut pas être exigeant. Bien au contraire.
Mais parfois, il faut aussi savoir saluer les initiatives. Et surtout, se demander ce qu’on fait, nous, à notre échelle. On connaît tous une association près de chez soi qui galère. Un coup de main, un don, une heure de bénévolat, ça compte aussi.
- Aller boire un café dans un café associatif du quartier
- Proposer ses compétences (compta, com, bricolage…)
- Parler des projets autour de soi
- Faire un petit don, même 10 €
- Relayer les actions sur les réseaux
Parce qu’au final, les quartiers ne changeront pas seulement avec des chèques de 1000 €. Ils changeront avec nous tous.
Et vous, vous en pensez quoi ? Est-ce que 1000 €, c’est déjà beaucoup ou franchement pas assez ? Dites-le moi en commentaire, j’ai vraiment envie de savoir.
(Article basé sur des faits récents dans le département de l’Essonne – décembre 2025)
