Il est à peine sept heures du matin, ce dimanche 7 décembre. Le froid pique encore dans les rues de Créteil. Et soudain, le calme explose. Coups de feu, cris, courses effrénées. Deux jeunes s’effondrent, l’un touché par balle, l’autre tailladé. Ce n’est pas une scène de film, c’est la réalité brutale d’une énième rixe entre bandes.
Franchement, quand on habite en Île-de-France depuis quelques années, on finit presque par s’habituer à ce genre de nouvelles. Presque. Parce qu’à chaque fois, ça serre un peu le ventre. On se dit que ça pourrait arriver à n’importe qui, à n’importe quel coin de rue.
Une banale matinée qui bascule dans la violence
Tout commence près de l’arrêt de métro Créteil-Université. Un lieu qu’on emprunte tous les jours sans y penser. Là, deux groupes se font face. Les raisons ? Toujours les mêmes, paraît-il : un regard de travers, une histoire de territoire, une vengeance qui date parfois de plusieurs mois, voire années.
En quelques minutes, ça dégénère sévèrement. Une arme à feu sort. Un coup part. Un jeune s’écroule, une balle logée dans le thorax. Son pronostic vital n’est pas engagé, mais on imagine l’état de choc. Un deuxième est salement amoché : épaule déboîtée, visage en sang, une plaie profonde au talon qui laisse penser à un coup de couteau.
Ce genre de conflit dure depuis très longtemps et il est en général très violent.
Une source policière familière du dossier
Les deux quartiers qui ne se supportent plus
On parle ici des secteurs Palais et Place de l’Abbaye. Deux coins de Créteil séparés par quelques centaines de mètres à peine, mais qui vivent comme deux planètes différentes. Entre eux, une guerre silencieuse qui éclate régulièrement.
Ce n’est pas nouveau. Ceux qui suivent l’actualité locale le savent : ces tensions empoisonnent la vie des habitants depuis longtemps. Des guet-apens, des expéditions punitives, des règlements de comptes. Parfois pour un simple téléphone volé, parfois pour des histoires beaucoup plus anciennes.
Et le pire, c’est que les protagonistes rajeunissent. On voit de plus en plus de mineurs dans ces affrontements. Des gamins qui, à 15 ou 16 ans, se retrouvent déjà avec des armes blanches, parfois pire.
L’intervention rapide des forces de l’ordre
Quand les policiers arrivent sur place, les auteurs ont déjà filé. Classique. Mais cette fois, ils ne vont pas loin. Les deux blessés sont transportés à l’hôpital Henri-Mondor. Et devinez quoi ? Vers 10 heures, les enquêteurs remarquent trois individus suspects sur le parking.
L’un d’eux est rapidement identifié comme participant à la bagarre. Les trois sont interpellés sur-le-champ. Direction le commissariat de Créteil pour une garde à vue qui risque de durer.
- Trois hommes placés en garde à vue
- Enquête ouverte pour tentative d’homicide volontaire
- Renforcement immédiat de la sécurité dans les deux quartiers concernés
Une enquête qui s’annonce complexe
Le parquet de Créteil ne prend pas ça à la légère. Une enquête en flagrance est ouverte dès le lundi. On parle de tentative d’homicide, ce qui n’est pas rien. Les investigations vont devoir déterminer qui a fait quoi, qui a apporté l’arme, qui a tiré.
Et comme toujours dans ce genre d’affaires, le mur du silence risque d’être épais. Les témoins ont peur. Les familles aussi. On se serre les coudes, même quand ça tourne mal.
Moi, ce qui me frappe à chaque fois, c’est cette spirale. Un gamin se fait agresser, ses potes veulent venger, ça repart de plus belle. Et pendant ce temps, les habitants lambda rasent les murs.
Un phénomène qui dépasse Créteil
On pourrait se dire que c’est un cas isolé. Sauf que non. Regardez autour : Vitry-sur-Seine, Champigny, Alfortville… La liste est longue. Ces dernières années, les rixes entre bandes ont explosé en Île-de-France. On se bat pour un bout de trottoir, pour une réputation sur Snapchat, pour un rien qui prend des proportions démentes.
Et le plus effrayant ? L’accès aux armes. Avant, on parlait de battes et de couteaux. Aujourd’hui, les pistolets circulent beaucoup trop facilement. Un jeune qui prend une balle à 18 ans, ce n’est plus exceptionnel.
On est passé à un autre niveau de violence. C’est plus du tout la même chose qu’il y a dix ans.
Un éducateur de rue qui intervient dans le Val-de-Marne
Que font les institutions ?
On entend souvent les mêmes promesses : plus de policiers, plus de caméras, plus de moyens pour la prévention. En attendant, les renforts arrivent après les drames. La sécurité a été renforcée dans les deux secteurs, dit-on. Tant mieux, mais est-ce que ça suffira ?
Il y a aussi tout le travail de fond qui manque cruellement. Les associations de quartier, les éducateurs, les médiateurs font un boulot incroyable, mais avec des moyens ridicules. Résultat : ils courent après les jeunes au lieu de pouvoir vraiment les accompagner.
Et puis il y a l’école, le chômage, le sentiment d’abandon. Tout ça joue. Ce n’est pas une excuse, bien sûr. Mais c’est une réalité qu’on ne peut pas ignorer si on veut que ça s’arrête un jour.
Et nous, dans tout ça ?
On lit ce genre de faits divers, on secoue la tête, et on passe à autre chose. Pourtant, ça nous concerne tous. Parce que demain, ça pourrait être près de chez nous. Parce que ces gamins qui s’entretuent, ce sont aussi les enfants de la République.
Alors oui, il faut punir. Fermement. Mais il faut aussi comprendre pourquoi on en arrive là. Et surtout, agir avant que le prochain ne tombe.
Ce qui s’est passé dimanche à Créteil, ce n’est pas qu’une énième rixe. C’est un signal d’alarme de plus. Un de trop, peut-être.
En attendant les suites de l’enquête, les trois suspects sont toujours en garde à vue. Les deux blessés se remettent doucement. Et dans les quartiers, la tension reste palpable. On espère que cette fois, ça fera réfléchir. Même si, soyons honnêtes, on y croit de moins en moins.
