Vous souvenez-vous de l’époque où le Paris FC végétait gentiment en National, loin des radars médiatiques ? Moi oui. Et franchement, quand on m’a parlé… non, quand j’ai appris que le club allait quasiment doubler sa surface d’entraînement dans le Val-de-Marne, j’ai d’abord cru à une blague. Passer de huit à seize hectares, installer cinq nouveaux terrains, créer deux centres de formation flambant neufs… On parle quand même d’un club qui joue encore à Charléty et qui, il y a peu, luttait pour exister à l’ombre du mastodonte PSG. Pourtant, c’est bien réel : le projet a été officiellement validé ce lundi 8 décembre 2025. Et le département dit oui. Un grand oui, même.
Un virage à 180° pour le Paris FC version Ligue 1
Reprenons depuis le début, parce que l’histoire mérite d’être racontée calmement. Depuis 2019, le club s’est installé sur des terrains appartenant à la Ville de Paris, coincés à Orly, à deux pas de l’aéroport. À l’époque, quatre terrains suffisaient largement. Mais la montée en Ligue 1 a tout changé. Les exigences sont devenues autres : plus de groupes pros, plus de jeunes à former, des staffs élargis, des besoins en récupération, en vidéo, en tout ce qui fait un club moderne. Résultat ? Le centre actuel ressemblait de plus en plus à un studio parisien : ça marche, mais on touche les murs dès qu’on lève les bras.
Aujourd’hui, l’extension est actée. D’ici trois ans maximum, le Paris FC disposera de nine terrains au total, dont trois livrés dès l’été prochain. Seize hectares au lieu de huit. Deux pôles formation distincts (garçons et filles, parce que oui, le club mise aussi lourdement sur le foot féminin). Des locaux flambant neufs, des espaces de vie, des salles de musculation dernier cri. Bref, on passe du statut de club discret à celui d’acteur qui compte vraiment en Île-de-France.
Le parc du Grand-Godet, futur cœur battant du football val-de-marnais
Le lieu choisi ? Le parc départemental du Grand-Godet, déjà partiellement occupé par le club. Seize hectares, ça fait beaucoup dans un département aussi densément peuplé. Forcément, la question de l’espace public a été posée, et plutôt deux fois qu’une. Tout le monde a en tête les images de promeneurs, de joggeurs, de familles qui profitent de ce poumon vert au sud de Paris.
Alors oui, une partie du parc va devenir privée. Mais – et c’est là que le projet devient malin – le département a négocié ferme. En échange de ces hectares, le Paris FC finance deux nouveaux parcs urbains ailleurs sur le territoire. L’un devrait voir le jour rapidement, l’autre un peu plus tard. Résultat ? Au final, le Val-de-Marne gagne de l’espace vert accessible à tous. Plutôt habile, non ?
« On passe d’une situation où on était vraiment à l’étroit à un outil qui va nous permettre de travailler dans les meilleures conditions possibles. »
Pierre Ferracci, président du Paris FC
Ce que le club promet (et ce qu’on a envie de croire)
Au-delà des pelouses et des bâtiments, le Paris FC a sorti l’artillerie des engagements citoyens. Et là, on sent que le club a compris qu’il jouait gros sur l’acceptabilité locale.
- Des places offertes pour les matchs à domicile aux habitants du Val-de-Marne (écoles, associations, etc.)
- Des séances d’entraînement ouvertes régulièrement au jeune public local
- Des créneaux réservés aux clubs amateurs du département sur certains terrains
- Un vrai travail de détection et de formation pour capter les talents des quartiers populaires alentours
Franchement, si tout ça se concrétise, le deal est plutôt gagnant-gagnant. Le club grandit, le territoire gagne en visibilité, les gamins du coin rêvent un peu plus grand. C’est exactement le genre de projet dont on a besoin quand on parle de football comme ascenseur social.
Et l’aéroport dans tout ça ?
On ne va pas se mentir : voir des avions décoller toutes les cinq minutes juste à côté des terrains, ça peut surprendre. Pourtant, ça fait déjà six ans que le centre existe là. Les joueurs pros s’y sont habitués, les jeunes aussi. Et puis, avouez qu’il y a une forme de poésie à voir un gamin taper dans un ballon pendant qu’un A350 s’élève dans le ciel. Symbole d’ouverture sur le monde, non ?
D’un point de vue technique, le bruit reste gérable grâce à l’isolation des nouveaux bâtiments et à l’orientation des terrains. Et puis, quand on vient de Seine-Saint-Denis ou du 93, le bruit des avions, c’est presque relaxant comparé à certaines autoroutes…
Un modèle pour d’autres clubs de l’ombre ?
Ce qui se passe à Orly est assez unique en France. La plupart des clubs de Ligue 1 possèdent leurs infrastructures depuis des décennies (Clairefontaine pour le PSG, la Gaillette pour Lens, etc.). Le Paris FC, lui, part de presque rien et construit tout en quelques années. Avec un actionnariat familial solide et une vision long terme, le club montre qu’on peut exister autrement que dans l’ombre écrasante du PSG.
Et ça fait du bien. Parce que Paris, ce n’est pas que le Parc des Princes et les stars à 50 millions. C’est aussi des gamins de Vitry, d’Ivry ou de Créteil qui peuvent désormais rêver de taper un jour dans le même ballon que les pros, à dix minutes de chez eux.
Les chiffres qui donnent le tournis
Petit récapitulatif pour ceux qui aiment les chiffres (et même pour les autres, ça impressionne) :
| État actuel | Futur (2028) |
| 8 hectares | 16 hectares |
| 4 terrains | 9 terrains |
| 1 centre formation | 2 pôles distincts (garçons/filles) |
| Accès public total | 2 nouveaux parcs créés en compensation |
En clair, on double quasiment tout. Et le plus fou, c’est que trois terrains supplémentaires seront prêts dès l’été 2026. Le club ne rigole pas avec le calendrier.
Et maintenant ?
Les travaux vont démarrer rapidement. Les premières pelouses synthétiques ou hybrides devraient sortir de terre dès le printemps. Le club communiquera bientôt sur les modalités précises d’accès pour les habitants : places gratuites, stages pendant les vacances, portes ouvertes… Tout ça va arriver en cascade.
Pour le Val-de-Marne, c’est une belle opération d’image. Avoir un club de Ligue 1 qui s’implante durablement, qui forme, qui rayonne, c’est rare. Et dans un département souvent résumé à ses difficultés, ça fait du bien de parler de projet positif, de perspectives, d’ambition.
Quant au Paris FC, il pose tranquillement les fondations de ce qu’il veut devenir : un club solide, familial, ancré dans son territoire, capable de produire des talents et de tenir tête aux gros sans se ruiner. Un modèle alternatif, en somme.
Alors oui, il y aura des nuisances pendant les travaux. Oui, une partie du parc sera privatisée. Mais au final, le deal semble tenir la route. Et quelque part, voir ce club grandir comme ça, presque en catimini, ça redonne un peu foi dans le foot français. Parce que non, tout ne se passe pas qu’au Parc ou au Vélodrome. Parfois, les belles histoires s’écrivent aussi à Orly, entre deux décollages.
À suivre, donc. Très attentivement.
