Vous vous souvenez de cette ovation au Parc des Princes quand certains supporters ont scandé « Ousmane Ballon d’or » samedi soir ? Moi oui. Et pourtant, vingt-quatre heures plus tard, on apprend que le héros en question n’a même pas pu s’entraîner lundi à cause d’un syndrome grippal. Frustrant, non ? C’est un peu l’histoire de la saison d’Ousmane Dembélé version parisienne : des éclairs de génie, des absences à répétition, et toujours cette impression qu’on attend encore le vrai décollage.
Un retour au compte-gouttes qui interroge
Reprenons depuis le début. Le 4 novembre dernier, face au Bayern Munich, Dembélé se blesse au mollet gauche. Rien de gravissime sur le papier, mais suffisamment sérieux pour le tenir éloigné des terrains presque un mois. Entre-temps, il remporte le Ballon d’or – historique pour un joueur du PSG – et tout le monde imagine qu’à son retour, ce sera l’explosion. Sauf que non. Luis Enrique a décidé de jouer la carte de la prudence absolue.
11 minutes contre Tottenham, 26 minutes à Monaco, 26 minutes encore contre Rennes. Vous avez bien lu : à peine une mi-temps complète en trois matches. On comprend la logique médicale, mais à ce rythme-là, on se demande si Dembélé va réussir à retrouver son rythme de croisière avant la fin de la phase de groupes de Ligue des champions.
« Chaque retour est difficile à gérer. Avec Ousmane, je suis plus prévenant que d’habitude. On veut qu’il revienne, mais il faut rester attentif »
Luis Enrique, avant Tottenham-PSG
Cette phrase résume tout. L’entraîneur asturien sait qu’il tient là un joyau fragile. Et il préfère clairement pécher par excès de prudence que de revivre le scénario de l’an dernier où Dembélé avait enchaîné les pépins physiques dès le mois de janvier.
Le syndrome grippal, la tuile de trop ?
Lundi matin, au Campus PSG, ambiance studieuse habituelle. Sauf qu’un grand absent : numéro 10. Fièvre, courbatures, le package complet. Rien de dramatique en soi – on a tous connu ça – mais quand vous sortez à peine d’une blessure musculaire et que vous devez enchaîner un déplacement à Bilbao +5°C sous la pluie basque espagnole, ça complique sérieusement les plans.
Le groupe parisien décolle mardi midi vers Bilbao. À l’heure où j’écris ces lignes, personne ne sait si Dembélé sera du voyage. Et même s’il monte dans l’avion, difficile d’imaginer Luis Enrique le titulariser dès le coup d’envoi à San Mamés, ce stade où l’ambiance est aussi chaude que le climat est hostile en décembre.
Petite confidence entre nous : j’ai l’impression que le staff médical parisien vit actuellement avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Un éternuement de trop et c’est la panique générale.
Pourquoi une telle prudence ? Les raisons derrière la stratégie
On pourrait se dire que le PSG exagère. Après tout, Dembélé a 28 ans, il est au sommet de son art, il sort d’un Ballon d’or… Mais regardons les chiffres de plus près, et on comprend mieux.
- Depuis son arrivée à Paris en 2023 : déjà 4 blessures musculaires différentes
- 2024-2025 : seulement 12 matches joués toutes compétitions confondues avant décembre
- Historique médical : 17 blessures musculaires ou tendineuses depuis 2017 (source Transfermarkt)
- Temps de jeu moyen depuis le début de saison : 54 minutes par match quand il est apte
Autant dire que le corps de Dembélé est une Ferrari magnifique… mais avec un moteur qui surchauffe dès qu’on lui demande de rouler à fond trop longtemps. Et Luis Enrique le sait parfaitement.
L’autre aspect, et on en parle moins, c’est la concurrence. Avec Barcola en feu, Désiré Doué qui monte en puissance, Khvicha Kvaratskhelia qui débarque en janvier, et même Asensio qui revient bien, et même Lee Kang-in capable de dépanner à droite, le PSG a – pour une fois – de la profondeur de banc. Du coup, pas besoin de prendre des risques inutiles avec son ailier star.
Et Bilbao dans tout ça ? Un match à très haut risque
Mercredi soir, le PSG se déplace à San Mamés pour valider – presque – sa première place du groupe. L’Athletic est 5e de Liga, invaincu à domicile cette saison, et va vouloir jouer son va-tout devant son public. Autant dire que ce n’est pas le genre de match où on aligne un joueur à 80%.
Historiquement, les équipes françaises galèrent au Pays basque. Atmosphère étouffante, pressing tout terrain, pelouse lourde en hiver… Tout est réuni pour que ça tourne au piège. Souvenez-vous du 1/8e de finale 2011-2012 où le PSG d’Ancelotti avait pris 4-2 là-bas (avec Pastore et Bodmer sur le banc, déjà l’époque où on ménageait tout le monde…).
Si Dembélé ne joue pas, ou très peu, ce sera probablement Bradley Barcola ou Désiré Doué qui prendra le couloir droit. Deux profils explosifs, mais aucun n’a encore l’expérience des grands rendez-vous européens comme « Dembouz ».
Alors, quand verra-t-on le grand Dembélé ?
C’est LA question que tout le monde se pose. Personnellement, je table sur un vrai retour en force début janvier, après la trêve. Le calendrier s’allège un peu, le corps aura eu le temps de se refaire complètement, et surtout, les 1/8e de finale de Ligue des champions approcheront – le moment où Paris aura besoin de toutes ses armes.
Entre-temps, il y aura :
- Le match retour contre Salzburg (probablement du temps de jeu)
- Les rencontres de Coupe de France début janvier (rotation possible)
- Et surtout la réception de Manchester City fin janvier (LE match où on veut voir le vrai Dembélé)
Parce que soyons honnêtes : un Dembélé à 100%, c’est 15-20 buts et presque autant de passes décisives sur une saison. C’est le joueur capable de faire basculer une double confrontation à lui tout seul. Mais pour ça, il faut qu’il soit en rythme. Et là, on en est loin.
Mon avis (et je l’assume)
Je trouve la stratégie actuelle du PSG plutôt intelligente, même si elle frustre. Mieux vaut un Dembélé à 100% en mars-avril qu’un Dembélé à 70% qui se re-blesse en janvier et rate les quarts. On a trop vu ce scénario ces dernières années avec Neymar ou Verratti.
Après, il y a un juste milieu à trouver. Si dans trois semaines il joue encore 20 minutes par match, là ça deviendra inquiétant. Le risque, c’est de le surprotéger au point de le frustrer psychologiquement. Dembélé a besoin de se sentir important, aimé, porté par le public. Le voir sur le banc toutes les semaines pourrait avoir l’effet inverse de celui recherché.
Pour l’instant, le staff marche sur des œufs. Et nous, supporters, on ronge notre frein en attendant le grand retour. Parce qu’on sait tous de quoi il est capable quand tout va bien aligné. Ce dribble fou contre Rennes samedi en sortie de banc ? Juste un avant-goût.
Alors patience. Le vrai Dembélé arrive. Peut-être pas à Bilbao. Peut-être pas avant 2026. Mais il arrivera. Et quand il sera là, ça va faire mal. Très mal. Aux adversaires, cette fois.
En attendant, prenez soin de vous. Et buvez du citron gingembre si vous sentez la grippe venir. On ne sait jamais, ça pourrait servir à Ousmane aussi.
