Vous est-il déjà arrivé de voir un match basculer en une fraction de seconde ? Un geste impulsif, un éclair rouge, et soudain toute une équipe se retrouve amputée d’un élément clé pendant des semaines. C’est exactement ce qui s’est passé il y a quelques jours avec Lucas Hernandez. Un coup de coude un peu trop franc, une expulsion indiscutable, et voilà le défenseur parisien condamné à regarder les trois prochaines rencontres de Ligue des Champions depuis les tribunes.
Franchement, quand on suit le PSG depuis des années, on sait que ce genre de scénario n’est jamais anodin. Surtout pas en pleine phase de ligue, où chaque point compte comme jamais.
Un geste qui coûte extrêmement cher
Reprenons depuis le début. Fin de match tendue face à Tottenham. Le score est serré, les nerfs sont à vif. Lucas entre en jeu pour stabiliser une défense déjà malmenée. Et puis, dans un duel aérien, son coude vient percuter le visage de Xavi Simons. L’intention ? Difficile à prouver à 100 %, mais l’arbitre n’hésite pas une seconde : carton rouge direct.
Ce n’est pas la première fois. On se souvient tous de ce quart de finale de Coupe du monde des clubs contre le Bayern où, treize minutes après son entrée, il avait déjà écopé d’un rouge pour un geste similaire sur Raphaël Guerreiro. Deux expulsions en quelques mois, pour des faits presque identiques. À ce niveau, on ne peut plus parler de simple maladresse.
« Ce n’est pas la première fois, c’est bizarre parce que ce n’est pas normal, il faut en parler et savoir que c’est dangereux. Il faut savoir se contrôler. »
Luis Enrique, juste après le match
La phrase est lourde de sens. Luis Enrique ne crie pas, ne s’énerve pas en public, mais ceux qui le connaissent savent lire entre les lignes : il est profondément agacé. Et il a raison.
Trois matchs : le détail qui fait mal
L’UEFA n’a pas fait dans la demi-mesure. Trois rencontres de suspension ferme en compétition européenne. Concrètement, ça donne ça :
- Le déplacement périlleux à Bilbao, où l’ambiance est toujours bouillante
- La réception de Newcastle, qui joue sa survie dans cette phase de ligue
- Le voyage à Lisbonne face au Sporting, rarement un cadeau
Autrement dit, Lucas ne pourra remettre un pied sur une pelouse de C1 qu’en phase finale, au mieux en février pour des huitièmes. En attendant, le PSG va devoir bricoler.
Qui pour remplacer le champion du monde ?
On va être honnête : trouver un remplaçant naturel à Lucas Hernandez, ce n’est pas simple. Le Français apporte une lecture du jeu au-dessus de la moyenne, une agressivité positive et surtout cette capacité à jouer à gauche dans une défense à quatre ou en piston quand le système bascule.
Les options existent, bien sûr. On pense immédiatement à :
- Lucas Beraldo, le jeune Brésilien qui monte en puissance mais manque encore d’expérience sur la scène européenne
- Willian Pacho, solide mais parfois trop prudent
- Nuno Mendes replié en défense centrale, solution déjà testée mais qui affaiblit le couloir gauche
- Ou même un retour de Presnel Kimpembe, si jamais il retrouve enfin la pleine forme
Aucune de ces solutions n’est idéale. Et c’est là que l’absence de Lucas pèse le plus lourd.
Un historique qui commence à peser
Allons plus loin. Ce n’est pas juste un match ou deux. C’est un pattern qui se répète. Depuis son arrivée au PSG, Lucas Hernandez a montré une tendance à flirter avec la limite. Des cartons bêtes en Ligue 1, des interventions toujours très (trop ?) engagées, et maintenant deux expulsions en compétition internationale pour des coups de coude.
À 29 ans, champion du monde, vainqueur de tout ou presque, on est en droit d’attendre autre chose. Le talent est indéniable, la mentalité aussi. Mais il y a clairement un travail à faire sur la gestion émotionnelle.
J’ai discuté avec d’anciens défenseurs centraux qui ont joué à ce niveau. Beaucoup disent la même chose : « Quand tu joues défenseur axial dans un grand club, tu es constamment provoqué. Ton rôle, c’est de ne jamais tomber dans le panneau. » Lucas, lui, tombe encore trop souvent.
Les conséquences sportives immédiates
Regardons le calendrier. Le PSG est actuellement dans une position plutôt confortable dans sa poule, mais rien n’est acquis. Bilbao à domicile, ça peut être piégeux. Newcastle joue le tout pour le tout. Et le Sporting, chez lui, reste une équipe capable de renverser n’importe qui.
Sans Lucas, la charnière centrale perd en sérénité. Marquinhos va devoir encore plus se transformer en patron, et son partenaire du moment (Pacho ou Beraldo) va être sous pression maximale.
Et puis il y a la gestion des efforts. Avec un effectif déjà touché par les blessures et les doutes physiques de certains cadres, chaque absence forcée complique la rotation.
Ce que ça dit du PSG version Luis Enrique
Depuis l’arrivée de l’Espagnol, on parle beaucoup de discipline tactique, de pressing haut, d’intensité. Mais il y a aussi cette exigence mentale. Luis Enrique ne tolère pas les écarts. On l’a vu avec certains joueurs mis sur la touche pour des raisons extra-sportives ou des baisses de régime.
Cette fois, il n’a pas le choix : c’est l’UEFA qui prive le coach de son soldat. Mais on imagine sans mal les discussions en privé. Le message est clair : au PSG, on ne peut plus se permettre ce genre de « coup de sang ».
Le football de haut niveau, aujourd’hui, ne pardonne plus les erreurs individuelles grossières.
Et c’est peut-être là l’aspect le plus intéressant. Ce rouge de Lucas Hernandez, au-delà de la sanction, agit comme un révélateur. Le PSG veut jouer les premiers rôles en Europe ? Il doit atteindre un niveau de maturité collective et individuelle irréprochable.
Et maintenant ?
Lucas va purger ses trois matchs. Il pourra jouer en Ligue 1 et en Coupe de France, ce qui est déjà une bonne nouvelle pour maintenir le rythme. Mais les regards seront braqués sur lui à son retour en C1.
On attendra de voir s’il a tiré les leçons. S’il a travaillé sur cet aspect de son jeu. Parce qu’en phase finale, face aux meilleurs, il n’y aura plus de joker.
En attendant, le PSG va devoir prouver qu’il est plus qu’une somme d’individualités. Que même privé d’un titulaire indiscutable, il reste capable de performer au plus haut niveau européen.
Le football, parfois, c’est aussi ça : transformer une sanction individuelle en défi collectif. Rendez-vous dans quelques semaines pour voir si Paris a su relever le gant.
(Article mis à jour le 8 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
