Il y a des passions qui vous attrapent sans prévenir. Un jour vous regardez un match, le lendemain vous vous surprenez à rêver de sulky et de casaques couleur pétrole. C’est exactement ce qui est arrivé à Maxime Lestienne. À 33 ans, l’attaquant belge évolue sous le soleil de Singapour, mais son cœur bat surtout au rythme des sabots sur la cendrée de Vincennes.
Franchement, quand on pense footballeur expatrié, on imagine plutôt soirées rooftop, contrats juteux et stories Instagram sur des plages paradisiaques. Lui, il passe ses rares moments libres à décrypter les programmes, à échanger des messages vocaux à 3 h du matin avec son entraîneur et à vibrer pour un cheval nommé Liberty Pat. C’est presque touchant, non ?
Quand le gazon laisse place à la cendrée
Tout a commencé comme pour beaucoup : un grand-père qui ne ratait jamais une émission hippique. À l’époque, le petit Maxime, du haut de ses 10 ans, trouvait ça interminable. Puis les années ont passé, les premiers salaires aussi, et l’idée a germé : « Et si j’avais mes propres couleurs ? »
Mais entre rêver et passer à l’acte, il y a un monde. Surtout quand on vit à 12 000 kilomètres des hippodromes. Maxime a tenté, hésité, abandonné l’idée plusieurs fois. Jusqu’au jour où un message anodin sur les réseaux sociaux a tout changé.
Le déclic grâce aux réseaux sociaux
Un simple follow qui change une vie. Gabriel Gelormini, driver talentueux et personnage solaire du trot, remarque que le footballeur belge aime ses publications. Un message privé, quelques échanges, et voilà Maxime mis en relation avec Hugo Carot. En quelques semaines, le rêve prend forme. Hugo et Jérémy Levy deviennent bien plus que des conseillers : des amis précieux qui guident ses premiers pas dans ce milieu si particulier.
« Au début j’avais peur de déranger, avoue-t-il. Mais ils m’ont accueilli comme si c’était normal qu’un footballeur belge débarque dans leur univers. »
Cette simplicité, cette absence de barrières, c’est peut-être ce qui rend le monde du trot si attachant. Ici, un attaquant de première division peut discuter pendant des heures avec un entraîneur de province sans que personne ne trouve ça étrange.
Liberty Pat, plus qu’un cheval : un membre de la famille
Et puis il y a eu cette rencontre. Décembre dernier, Maxime pose enfin ses valises à Grosbois pour quelques jours. Visite du centre d’entraînement, découverte de ce village dans la forêt où vivent les meilleurs trotteurs du monde. Et surtout, la première caresse à Liberty Pat.
Il raconte encore l’émotion dans la voix : les yeux du cheval, la chaleur de son encolure, cette sensation inexplicable quand l’animal vous regarde comme s’il vous reconnaissait déjà. Quelques jours plus tard, le 11 décembre 2024, Liberty Pat s’imposait à Vincennes. Maxime, bloqué à Singapour par ses obligations, regardait la course en différé. Quand la ligne d’arrivée a été franchise, il a pleuré. Vraiment.
Depuis, chaque course est un événement. Mercredi 10 décembre, le cheval remet le couvert dans le Quinté. Éric Raffin aux commandes, une distance qui lui convient parfaitement, et un entourage confiant. Même si Maxime sera sur un terrain de foot au moment du départ, il a déjà prévu son rituel : portable en mode avion jusqu’à la fin du match, puis visionnage immédiat de la course.
Charley Mottier, l’entraîneur qui a tout changé
Avant Liberty Pat, il y avait eu d’autres chevaux, d’autres expériences. Mais c’est avec Charley Mottier que tout a pris une autre dimension. Maxime avait entendu une interview du jeune entraîneur, séduit par sa passion et sa façon de parler des chevaux comme de partenaires, pas seulement comme des athlètes.
Un message un peu fou, presque culotté : « Bonjour Charley, j’adore votre vision, est-ce qu’on pourrait discuter ? » Réponse quasi immédiate. Le feeling passe tout de suite. Quelques semaines plus tard, Charley propose Liberty Pat. Le reste appartient désormais à l’histoire.
- Communication quotidienne malgré les 7 heures de décalage horaire
- Confiance totale dans les choix d’entraînement
- Une relation basée sur la transparence et le respect du cheval avant tout
Dans un monde où beaucoup de propriétaires ne voient leurs chevaux que le jour des grandes victoires, Maxime et Charley ont choisi une autre voie : celle de la proximité, même à distance.
Le retour aux sources qui se précise
Mais tout ça, c’est pour bientôt du passé. Car Maxime Lestienne prépare activement son retour en Belgique. Fin de l’aventure asiatique en vue, et surtout : la possibilité de vivre enfin sa passion au quotidien.
Imaginez : se lever à l’aube pour aller voir ses chevaux à l’entraînement, passer ses matinées à Grosbois, déjeuner avec les lads et les drivers, respirer l’odeur de la paille et du cuir. Pour lui, c’est le vrai luxe. Plus que n’importe quel contrat exotique.
« J’ai hâte de pouvoir être là tous les jours. Voir évoluer les chevaux, discuter avec l’équipe, vivre les courses en direct… C’est mon rêve depuis toujours. »
Et quand on lui demande s’il craint que le foot finisse par passer au second plan, il rit : « Non, jamais. Mais les courses, c’est quelque chose de différent. Le foot, c’est mon métier. Les chevaux, c’est ma passion. Les deux cohabitent parfaitement. »
Une passion qui coûte cher… mais qui rapporte tant
Évidemment, être propriétaire n’est pas donné. Entre les pensions, les engagements, les soins vétérinaires, les déplacements, la note grimpe vite. Mais Maxime l’assume totalement.
Il préfère largement investir dans ses chevaux que dans une énième voiture de luxe. D’ailleurs, il le dit sans filtre : « Une victoire à Vincennes, ça n’a pas de prix. Quand Liberty Pat a gagné, j’étais plus heureux que pour n’importe quel but de ma carrière. »
Et il n’est pas seul. De plus en plus de sportifs de haut niveau se laissent séduire par le trot. Parce qu’ici, pas de dopage médiatique permanent, pas de pression constante. Juste la beauté brute d’un cheval qui donne tout pour vous.
Et demain ?
Quand on lui parle d’avenir, Maxime voit grand. Plus de chevaux, évidemment. Peut-être une écurie à son nom un jour ? Il sourit : « Pourquoi pas. Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, je savoure chaque course, chaque échange, chaque petit moment. »
Mercredi, tous les regards seront tournés vers Vincennes. Un footballeur belge, quelque part à Singapour, retiendra son souffle devant son écran. Et quelque part en région parisienne, une jument nommée Liberty Pat portera bien plus que des couleurs : elle portera les rêves d’un homme qui a su écouter sa passion.
Parce qu’au fond, c’est peut-être ça la vraie victoire : oser vivre pleinement ce qui nous fait vibrer, qu’importe si ça semble incongru aux yeux des autres.
Et vous, quelle est la passion un peu folle que vous rêvez de vivre à fond ?
