Imaginez un peu la scène : à quelques semaines d’une grande compétition continentale, l’équipe nationale d’un pays cinq fois championne d’Afrique se retrouve avec deux sélectionneurs et deux listes différentes. C’est exactement ce qui arrive au Cameroun en cette fin d’année 2025, et franchement, on se croirait dans un feuilleton à suspense plutôt que dans la préparation sereine d’une Coupe d’Afrique des Nations. Le protagoniste de cette histoire rocambolesque ? Marc Brys, cet entraîneur belge qui refuse de lâcher l’affaire malgré les tentatives pour le mettre sur la touche.
Je ne sais pas vous, mais moi, suivre le football africain réserve parfois des surprises qui dépassent l’imagination. Cette fois, c’est une bataille institutionnelle qui menace de plonger les Lions Indomptables dans la tourmente juste avant le tournoi au Maroc. Et le plus fou, c’est que tout repose sur une question de paperasse et de pouvoir.
Un conflit qui n’en finit pas au sommet du football camerounais
Tout a commencé il y a plusieurs mois, quand les relations entre le président de la fédération et le sélectionneur nommé par l’État se sont détériorées. Ce n’est pas nouveau, le football camerounais a souvent été le théâtre de luttes de pouvoir. Mais là, on atteint des sommets. Fin novembre, une annonce tombe : Marc Brys n’est plus l’entraîneur. Un successeur est même désigné rapidement, avec sa propre liste publiée début décembre.
Seulement voilà, le Belge ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, tant qu’aucun document officiel signé au plus haut niveau ne valide ce changement, il reste bel et bien le patron de l’équipe. Et pour appuyer ses dires, il a décidé de passer à l’action en dévoilant sa propre sélection, comme si de rien n’était. On nage en pleine ambiguïté juridique, et ça risque de durer.
Ce qui frappe, c’est la détermination de Brys. À 63 ans, l’ancien technicien de clubs belges ne se laisse pas impressionner. Il explique calmement que dans l’administration camerounaise, les choses fonctionnent d’une certaine manière depuis des décennies. Sans signature présidentielle, rien n’est officiel. Point final.
Deux listes, deux visions du football
Le plus intéressant dans tout ça, ce sont les différences flagrantes entre les deux sélections. D’un côté, la liste officielle publiée début décembre écarte certains cadres historiques. De l’autre, Marc Brys remet au centre du projet des joueurs expérimentés et charismatiques, ceux qui ont porté l’équipe lors des grandes épopées passées.
Prenez les gardiens, par exemple. Brys rappelle un portier de classe mondiale, celui qui brille dans un club turc après avoir connu les sommets européens. Absent de l’autre liste, il retrouve sa place naturelle. Même chose en attaque avec le capitaine historique, buteur prolifique qui continue de marquer où qu’il aille. Pour Brys, exclure ces éléments sous prétexte de caractère fort relève d’une erreur stratégique majeure.
Tant qu’il n’y a pas une note signée de la Présidence de la République nommant un nouveau sélectionneur, aux yeux de l’État, je reste en poste. Cela ne se discute pas.
Marc Brys, en substance lors d’une intervention récente
Cette citation résume bien la position du Belge. Il ne s’agit pas seulement de football, mais d’une question de légitimité institutionnelle. Et entre nous, on peut comprendre son point de vue : comment préparer une compétition aussi importante dans de telles conditions ?
La liste dévoilée par Marc Brys : retour des cadres
Passons en revue cette sélection qui fait tant parler. Brys a choisi 26 joueurs, avec un mélange intéressant entre expérience et jeunesse. En gardien, on retrouve le trio attendu par beaucoup de supporters.
- Gardiens : Un titulaire indiscutable à Trabzonspor, accompagné de gardiens solides évoluant en Afrique et en Europe de l’Est.
- Défenseurs : Des profils variés, du latéral prometteur à Wolverhampton jusqu’aux centraux expérimentés à Beijing ou Moscou, en passant par le Rennais Mahamadou Nagida.
- Milieux : La pépite de Brighton Carlos Baleba côtoie des relayeurs combatifs comme Martin Hongla ou Ivan Neyou.
- Attaquants : C’est là que les choix font débat. Retour en force du capitaine Vincent Aboubakar, de Choupo-Moting, de Bryan Mbeumo ou encore de Georges-Kévin Nkoudou.
On sent une volonté claire de s’appuyer sur des joueurs qui connaissent la pression de la CAN. Des éléments qui ont déjà gagné ou atteint les sommets avec les Lions. L’aspect peut-être le plus intéressant, c’est cette idée de leadership naturel que Brys veut préserver.
Car oui, certains de ces joueurs ont du caractère. Ils osent dire les choses, défendre leurs idées. Et selon Brys, c’est précisément ce qui manque parfois aux équipes modernes : des personnalités fortes capables de transcender les individualités sur le terrain.
Les absences qui interrogent dans l’autre sélection
À l’inverse, la liste publiée début décembre a surpris par certaines absences. Pas de grand gardien reconnu mondialement, pas de capitaine historique en attaque. Des choix qui ont immédiatement fait réagir les observateurs et les supporters.
Comment expliquer cela ? Certains y voient une volonté de rajeunissement à marche forcée. D’autres, une forme de règlement de comptes personnel. Brys, lui, n’hésite pas à pointer du doigt ce qu’il considère comme des décisions influencées par des considérations extra-sportives.
Comment peut-on aller disputer un tel tournoi sans un gardien de niveau mondial, ou sans certains leaders ? Parce que ce sont des joueurs qui ont du caractère, qui tiennent tête quand il le faut.
Ces mots sont lourds de sens. Ils mettent en lumière une fracture profonde entre deux visions : l’une purement sportive et institutionnelle, l’autre peut-être plus personnelle. Et au milieu de tout ça, les joueurs, qui doivent composer avec cette incertitude.
Un précédent dangereux pour le football camerounais
Ce n’est pas la première fois que le Cameroun connaît des turbulences en sélection. On se souvient des grandes époques, des sacres mémorables, mais aussi des conflits internes qui ont parfois coûté cher. La CAN reste une compétition impitoyable où la moindre faiblesse peut être fatale.
Au-delà du cas personnel de Brys, c’est toute la gouvernance du football camerounais qui est remise en question. Qui décide vraiment ? La fédération ? Le ministère ? Le chef de l’État ? Ces interrogations reviennent régulièrement et freinent parfois le développement du sport roi dans le pays.
J’ai suivi plusieurs éditions de la CAN, et je peux vous dire une chose : les équipes qui brillent sont celles qui arrivent soudées, avec un projet clair. Là, le risque est grand de voir les Lions arriver au Maroc avec des doutes plein la tête. Et face à des nations comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Maroc, hôte et favori, ça ne pardonne pas.
Que va-t-il se passer maintenant ?
La question que tout le monde se pose : quelle liste sera finalement retenue ? Les instances continentales exigent une sélection officielle dans les délais. Le temps presse, et une clarification s’impose rapidement.
Plusieurs scénarios sont possibles. Une intervention au plus haut niveau pour trancher définitivement. Une conciliation entre les parties. Ou pire, une bataille juridique qui s’étirerait jusqu’au début de la compétition. Aucun de ces scénarios n’est satisfaisant pour les supporters qui ne demandent qu’une chose : voir leur équipe compétitive.
En attendant, Marc Brys continue de préparer son groupe mentalement. Il communique, explique ses choix, défend sa vision. Une attitude qui force le respect, même si elle agace certains. Car au fond, son seul objectif reste la performance sportive.
Les joueurs au cœur de la tempête
Et les principaux concernés dans tout ça ? Les joueurs eux-mêmes. Imaginez être un international camerounais en ce moment. Recevoir des messages contradictoires, ne pas savoir si on fera partie du groupe final, préparer une compétition majeure dans le doute.
Certains, comme les cadres rappelés par Brys, doivent se sentir légitimés dans leur statut. D’autres, sélectionnés dans la première liste, vivent peut-être cette situation avec inquiétude. C’est toute la préparation psychologique qui est perturbée.
Le football africain a cela de particulier : il est passionnel, intense, parfois chaotique. Mais c’est aussi ce qui en fait le charme. Les grandes équipes camerounaises du passé ont souvent su transcender les difficultés internes pour briller sur le terrain. La question est de savoir si cette génération en sera capable.
Vers une résolution rapide ?
On peut l’espérer. Le Cameroun reste une grande nation du football africain, avec un palmarès impressionnant. Personne n’a intérêt à voir les Lions affaiblis par des querelles internes. Ni les supporters, ni les joueurs, ni même les dirigeants, malgré les apparences.
La CAN 2025 approche à grands pas. Le Maroc s’apprête à accueillir le continent pour une fête du football. Et les Camerounais rêvent de revoir leur équipe sur le toit de l’Afrique. Pour y arriver, il faudra d’abord régler cette crise en interne. Vite et bien.
En attendant, l’histoire continue de s’écrire. Jour après jour, déclaration après déclaration. Et quelque part, c’est aussi ça, le football africain : imprévisible, passionnant, humain avant tout. Reste à savoir comment cette page va se tourner. Une chose est sûre : on n’a pas fini d’en parler.
(Article mis à jour régulièrement en fonction des évolutions de la situation)
