Vous souvenez-vous de cette phrase qu’on entend à chaque campagne municipale : « Le PSG sans le Parc, ce n’est plus le PSG » ? Moi oui. Et pourtant, il y a quelques jours, un candidat sérieux vient de faire vaciller cette certitude vieille comme le foot parisien.
Imaginez la scène : on est en décembre 2025, la campagne pour les municipales 2026 bat déjà son plein, et soudain, celui qui fut le bras droit d’Anne Hidalgo pendant des années sort l’artillerie lourde. Emmanuel Grégoire propose carrément de vendre le Parc des Princes au PSG. Oui, vous avez bien lu. Vendre. Le mot tabou est prononcé.
Un virage à 180° qui change tout
Reprenons depuis le début, parce que cette histoire mérite qu’on prenne le temps de la digérer. Pendant des années, la position de la mairie était claire comme de l’eau de roche : jamais, ô grand jamais, le Parc des Princes ne sera vendu. Point final. Anne Hidalgo l’avait répété à l’envi, les écologistes applaudissaient, une partie de la gauche aussi. Le stade appartient aux Parisiens, un point c’est tout.
Et puis arrive Emmanuel Grégoire. L’ancien premier adjoint, celui qui négociait pourtant avec le club quand les discussions ont capoté en 2021, change complètement de ligne. Il ne se contente pas de parler d’agrandissement ou de bail longue durée. Non, il pose la vente sur la table. Et il assume.
« Donc oui, maire, la vente est une option que je proposerai au Conseil de Paris »
Emmanuel Grégoire
Cette phrase, lâchée calmement dans une interview, a fait l’effet d’un pétard mouillé dans une bibliothèque. D’un seul coup, tout le paysage politique parisien tremble.
Les conditions : pas question de brader le bijou
Mais attention, on ne parle pas d’une vente à l’arrache. Grégoire n’est pas né de la dernière pluie. Il avance avec un paquet de garanties qui pèsent lourd.
- En cas de faillite du club ou d’arrêt d’activité, le Parc doit redevenir obligatoirement un stade de foot en plein air. Pas de centre commercial géant ou de tour de bureaux.
- La Ville garde un droit de préemption absolu si les Qataris décident un jour de revendre.
- Interdiction totale de naming. Le Parc des Princes restera le Parc des Princes. Pas de « Qatar Airways Arena » ou je ne sais quelle horreur marketing.
- Une clause d’inaliénabilité partielle : l’âme du lieu est protégée.
En gros, on vend le stade, mais on ne vend pas l’âme de Paris. C’est malin. C’est même très malin. Parce que ça répond à la fois aux exigences du PSG (propriété = possibilité d’emprunter massivement pour agrandir) et aux angoisses des supporters et des Parisiens attachés au symbole.
Un projet bien plus grand qu’un simple stade
Mais le plus intéressant, c’est que Grégoire ne s’arrête pas à la vente. Il dessine tout un quartier nouveau autour de la Porte de Saint-Cloud. Et là, franchement, ça commence à devenir excitant.
On parle de couvrir une partie du périphérique – un vieux rêve parisien – pour créer un immense jardin suspendu qui relierait le Parc au Bois de Boulogne. On parle d’un vrai projet urbain, écologique, économique. Un truc qui ferait du 16e arrondissement sud un endroit où on a envie de vivre, pas juste de passer en voiture.
Et pour le PSG ? Un espace commercial séparé, avec bail longue durée, où le club pourrait enfin développer ses revenus hors billetterie. Il a même parlé d’un musée du PSG. Un vrai, un grand, un beau. Le genre de truc qui fait rêver les supporters et qui rapporte gros.
« Je rêve notamment d’un musée du PSG sur le site ! »
Franchement, qui dirait non à ça ? Moi pas.
Le contexte : pourquoi maintenant ?
Parce qu’il faut être honnête : le PSG a les moyens de partir. Et ils le font savoir. Poissy, Massy, deux sites déjà retenus pour un éventuel nouveau stade de 90 000 places. Moderne, avec toiture rétractable, parkings géants, tout le confort que le Parc, malgré sa magie, ne pourra jamais offrir dans sa configuration actuelle.
Et là, la menace devient crédible. Perdre le PSG, pour Paris, ce serait plus qu’un drame sportif. Ce serait une humiliation. Un peu comme si le Real quittait le Bernabeu ou Manchester United Old Trafford. Impensable.
Grégoire le sait. Il l’a dit lui-même : « Le PSG à Poissy ? Ça n’existe pas. » Et il a raison. Le PSG, c’est Paris intra-muros ou ce n’est pas le PSG.
Un dossier ultra-politique
Évidemment, tout ça va se jouer au Conseil de Paris. Et là, ça va être sport. Les écologistes risquent de hurler. Une partie de la gauche aussi. Vendre un équipement public à un État étranger ? Même avec des clauses en béton, ça passe mal dans certains cercles.
Mais en face, il y a la réalité. Le PSG rapporte énormément à la ville, en image, en tourisme, en recettes indirectes. Et puis il y a les sondages : les Parisiens aiment leur club. Vraiment. Perdre le PSG serait un boulet politique énorme pour n’importe quel maire.
Du coup, Grégoire joue un coup de poker. Il se pose en pragmatique, en homme de compromis, face à une Anne Hidalgo perçue comme rigide sur ce dossier. Et en passant, il met ses adversaires dans une position délicate : qui osera dire qu’il préfère voir le PSG partir à Poissy plutôt que de trouver un accord raisonnable ?
Et les supporters dans tout ça ?
J’ai discuté avec plusieurs ultras et supporters lambda ces derniers jours. Les avis sont partagés, mais une chose revient tout le temps : tant que le PSG reste au Parc et que l’ambiance reste la même, la propriété importe peu.
Beaucoup disent même : « Si ça permet d’avoir enfin un stade moderne, avec plus de places, un toit, et qu’on garde le nom et l’âme, pourquoi pas ? » Le naming interdit et la clause de retour à un stade de foot en cas de pépin rassurent énormément.
Après, il y a les puristes. Ceux pour qui le Parc doit rester public, point. Mais ils sont minoritaires. La plupart veulent surtout que le club reste à Paris. Coûte que coûte.
Ce que ça dit de la campagne 2026
Ce coup de Grégoire, c’est plus qu’une proposition technique. C’est une stratégie électorale brillante. En un seul coup, il :
- Se distingue d’Anne Hidalgo sans la renier complètement
- Se pose en sauveur du PSG parisien
- Met ses adversaires (notamment à droite et chez les écologistes) en porte-à-faux
- Parle à l’électorat populaire et aux supporters, souvent oubliés dans les campagnes parisiennes
C’est du très haut niveau. Et ça risque de peser lourd dans les mois qui viennent.
Et maintenant ?
La balle est dans le camp du PSG. Les Qataris vont-ils saisir la main tendue ? Ou vont-ils continuer à jouer la menace du départ pour obtenir encore plus ?
Une chose est sûre : le dossier Parc des Princes vient de reprendre vie. Et avec lui, toute la campagne municipale parisienne. Parce qu’au fond, cette histoire dépasse largement le foot. Elle parle de ce que Paris veut être demain : une ville qui garde ses joyaux ou une ville qui sait évoluer avec son temps.
Personnellements, je pense que Grégoire a raison sur un point : on ne peut pas laisser partir le PSG. Pas comme ça. Pas sans avoir tout tenté. Et sa proposition, aussi clivante soit-elle, a au moins le mérite d’ouvrir le débat.
2026 s’annonce passionnant. Et le Parc des Princes, plus que jamais, est au cœur de tout.
(Article mis à jour le 9 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
