Franchement, quand on m’a dit qu’un gardien russe et un défenseur ukrainien allaient porter le même maillot au PSG en pleine guerre, j’ai d’abord cru à une blague. Et puis j’ai vu les noms : Matvey Safonov et Illia Zabarnyi. Deux gars de 26 et 23 ans, talentueux, et qui viennent de pays qui ne se font plus de cadeaux depuis février 2022. Alors oui, la question brûle tout le monde : est-ce que ça peut vraiment marcher sur le terrain ?
Ce soir, à Bilbao, on risque d’avoir la première réponse concrète.
Un contexte qui pèse lourd, très lourd
Remontons un peu. L’été dernier, le transfert d’Illia Zabarnyi en provenance de Bournemouth a fait jazzer. Pas seulement parce que le gamin est un roc en défense centrale, non. Mais parce que, quelques semaines plus tôt, le PSG avait déjà recruté Matvey Safonov, gardien prometteur venu de Krasnodar. Deux profils parfaits sur le papier… sauf que leurs passeports racontent une tout autre histoire.
Depuis trois ans, la Russie et l’Ukraine sont en guerre. Une guerre qui dépasse largement le football, évidemment. Et pourtant, elle s’invite dans les vestiaires, dans les commentaires, dans les réseaux sociaux. On a vu des joueurs ukrainiens refuser de serrer la main à des Russes, des clubs sanctionnés, des compétitions bouleversées. Alors forcément, quand deux joueurs arrivent dans le même effectif, les gens imaginent le pire.
Moi le premier, je me suis posé la question : est-ce que le PSG n’a pas pris un risque énorme ?
Les rumeurs qui ont tout déclenché
Tout a vraiment explosé il y a quelques jours. Lors du match précédent, Safonov fait ses grands débuts en tant que titulaire (blessure du gardien numéro un). Et là, miracle ou coïncidence, Zabarnyi déclare forfait. Grippe, dit le club. Rien de grave.
Mais sur les réseaux, c’est la folie. « Il refuse de jouer avec un Russe », « Le PSG cache la vérité », « C’est la preuve que ça ne marchera jamais »… En vingt-quatre heures, l’histoire prend des proportions dingues. Certains supporters parisiens commencent même à choisir leur camp.
Du côté du club ? Calme olympien. On confirme la grippe, on montre les bulletins médicaux, on répète que le joueur était déjà absent à l’entraînement la veille. Et surtout, on s’étonne qu’on puisse douter du professionnalisme d’un gamin de 23 ans qui a choisi Paris pour progresser.
« Il faudrait être fou pour penser le contraire » : au PSG, on balaie l’idée même d’un problème de cohabitation.
Le football, plus fort que la géopolitique ?
On a déjà vu des cas similaires. Souvenez-vous de 2014, juste après l’annexion de la Crimée. Des joueurs russes et ukrainiens évoluaient ensemble à Rostov, au Chakhtior, ailleurs. Ça grinçait parfois, mais le terrain finissait toujours par l’emporter.
Au PSG, on semble convaincus que ça se passera pareil. Les deux joueurs sont jeunes, ambitieux, et surtout, ils savent où ils mettent les pieds. Paris n’est pas un club lambda : ici, tu joues avec des Brésiliens, des Portugais, des Français, des Marocains… La mixité fait partie de l’ADN.
- Ils parlent la même langue footballistique
- Ils ont le même objectif : gagner des titres
- Ils savent que leur carrière passe avant tout
Et franchement, quand tu signes au PSG, tu sais que tu vas côtoyer des joueurs du monde entier. Refuser de jouer avec quelqu’un à cause de son passeport ? Ça ressemblerait à un suicide professionnel.
Safonov et Zabarnyi : qui sont-ils vraiment ?
Petit focus sur les deux hommes, parce que derrière les drapeaux, il y a des joueurs.
Matvey Safonov, 26 ans, 1m94 sous la barre. Formé à Krasnodar, il a explosé ces dernières saisons. Réflexes fous, jeu au pied intéressant, charisme naturel. La Russie le voit déjà comme le successeur de longue date. Au PSG, il arrive pour concurrencer (et peut-être remplacer) le gardien titulaire sur le long terme.
Illia Zabarnyi, lui, c’est la nouvelle tour de contrôle. 23 ans, 1m90, une lecture du jeu impressionnante pour son âge. À Bournemouth, il a déjà montré qu’il pouvait tenir tête aux meilleurs attaquants de Premier League. Rapide, propre dans les relances, dur sur l’homme quand il faut. Le genre de défenseur que tout grand club rêve d’avoir.
Sur le papier, ils sont faits pour jouer ensemble. Un gardien qui commande sa défense et un défenseur qui aime avoir un patron derrière lui. Si ça clique, ça peut devenir une charnière redoutable.
Ce qui se passe vraiment dans le vestiaire
Alors, tension ou pas tension ? D’après tout ce qui filtre, l’ambiance est étonnamment sereine. Les deux joueurs se parlent, s’entendent bien à l’entraînement, participent aux mêmes blagues collectives. Rien d’extraordinaire, en somme.
Le staff a été clair dès le début : ici, on est une équipe. Point final. Pas de politique dans le vestiaire. Et ça, ça marche depuis des années à Paris, même avec des profils parfois très différents.
Je me souviens d’une anecdote qui circule : lors d’une séance vidéo, Safonov a corrigé un placement de Zabarnyi. L’Ukrainien a répondu par une petite pique, tout le monde a ri, fin de l’histoire. Comme avec n’importe quels coéquipiers.
Le match de Bilbao, le vrai test
Ce mercredi soir, face à l’Athletic, on va enfin voir. Pas de grippe, pas de blessure annoncée. Si les deux sont alignés (et tout laisse penser que oui), ce sera la première fois qu’ils évolueront ensemble en match officiel.
Et là, plus d’excuses. Soit ça passe crème et on oublie toute cette histoire en deux minutes. Soit il y a un accroc, un regard de travers, une communication ratée… et les réseaux sociaux vont s’enflammer pour des mois.
Moi je mise sur la première option. Parce que le football a cette magie-là : une fois sur le terrain, il n’y a plus de drapeaux. Il n’y a que onze mecs qui veulent gagner.
Et si ça marchait vraiment ?
Imaginez un peu. Dans quelques mois, on pourrait parler d’eux comme d’un duo complémentaire, solide, qui aura participé à un éventuel sacre en Ligue des Champions. Et là, leur histoire deviendrait un symbole. Pas seulement sportif, mais humain.
Le football a déjà réussi ce genre de miracles. Des joueurs serbes et croates qui gagnent ensemble après les guerres des Balkans. Des Israéliens et Palestiniens qui partagent le même maillot dans certains clubs. Pourquoi pas un Russe et un Ukrainien à Paris ?
Ce serait beau. Vraiment.
Mon avis, sans filtre
Personnellement, je trouve qu’on fait parfois trop de bruit pour rien. Oui, le contexte est terrible. Oui, on ne peut pas l’ignorer. Mais croire que deux gamins de 23 et 26 ans vont ramener la guerre dans un vestiaire de foot, c’est leur enlever toute forme d’intelligence et de professionnalisme.
Ils ne sont pas des politiciens. Ils sont des footballeurs. Et des très bons.
Ce soir, j’ai hâte de voir Safonov hurler sur sa défense et Zabarnyi lui répondre en levant le pouce. Juste du foot. Rien que du foot.
Et si ça arrive, on pourra tous respirer un grand coup et se rappeler pourquoi on aime ce sport : parce qu’il rassemble, même quand tout le reste divise.
Allez Paris.
